Quelle est votre appréciation de la gestion et de la consommation d'énergie dans les immeubles au Vietnam par rapport aux autres pays d'Asie du Sud-est ?
Yoshitaka Ushio : Cela est variable, comme dans chaque pays, du type de bâtiment. Je considère qu'en Asie du Sud-Est, et plus généralement en Asie, les économies sont possibles par de simples mesures de gestion. Ces dernières ne sont pas coûteuses à mettre en œuvre, l'important est d'employer des équipements de hautes technologies et d'efficience élevée. Je peux prendre en exemple le système de pompe à chaleur intelligente (smart technologie heatpump). Avec de telles mesures, on peut réaliser des économies de près de 20% de la consommation, sous réserve des caractéristiques propres à chaque immeuble bien sûr.
Quelles sont pour vous les meilleures solutions technologiques actuellement applicables au Vietnam ?
Yoshitaka Ushio : J'ai visité il y a peu l'hôtel Sheraton de Hanoi ainsi que plusieurs autres hôtels de Hô Chi Minh-Ville, et il m'est apparu que le plus important est de pouvoir contrôler la consommation d'énergie dans les logements et immeubles, ce qui implique le contrôle de l'éclairage, de la température ainsi que des équipements tels que climatiseurs, ballon d'eau chaude... En outre, j'ai constaté qu'au Vietnam, les petites et moyennes entreprises sont nombreuses, ce qui permet d'envisager l'application de mesures permettant d'économiser entre 10% et 20% d'énergie.
Faut-il sanctionner les propriétaires d'immeubles non conformes aux mesures d'économie d'énergie définies par le gouvernement ?
Yoshitaka Ushio : Il me semble... Au Japon, les infractions à la législation sur les économies d'énergie sont sanctionnées d'amendes mais celles-ci ne sont pas élevées puisque le maximum est de l'équivalent de 250 millions de dôngs. C'est le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie qui se charge de l'application des sanctions.
Nombre d'entreprises investissent actuellement dans le secteur des énergies du Vietnam. Quelles seraient les recettes de leur succès ?
Yoshitaka Ushio : Au Japon, les acteurs du secteur bénéficient du soutien du gouvernement, et cela est très important, non pas seulement au Japon, mais aussi en Thaïlande, en Chine ou en Indonésie... Les entreprises, comme la société japonaise ESCO qui désormais est très connue dans le monde entier, se voient accorder une aide financière du gouvernement. Et de fait, compte tenu de la nature de l'investissement, une assistance publique est très importante pour leur pérennité en début de projet. Certaines entreprises japonaises peuvent ainsi voir financer jusqu'à 70% de leur budget suivant diverses modalités : prêts à faible taux d'intérêt, assistance technologique, etc.
De quel pays est le modèle d'économies d'énergies appliqué par le Vietnam ?
Huynh Kim Tuoc : Actuellement, le Vietnam a majoritairement pour référence les modèles thaïlandais et japonais. En tant que conseiller technique lors de l'élaboration de la loi et des politiques en matière de consommation d'énergie, notre centre a considéré qu'il y a des similarités dans les manières de pratique avec le Japon, la Thaïlande, les États-Unis et la Chine.
Que pensez-vous de la Loi sur les économies d'énergie du Vietnam. Est-elle conforme aux réalités vietnamiennes, le cas échéant, à la pratique internationale, ou faut-il envisager un amendement ?
Huynh Kim Tuoc : Par rapport à la législation des autres pays, la Loi sur les économies d'énergie du Vietnam a un champ d'application plus large, en raison des caractéristiques de notre pays, par exemple, les mesures concernant le secteur agricole ne figurent pas dans les législations des autres pays. De manière générale, ses dispositions sont complètes, il reste toutefois à améliorer ses textes d'application pour une meilleure effectivité de ce texte.
La question des économies d'énergie dans nombre de pays est une problématique développée depuis longtemps. Au Vietnam, elle est encore récente, ce qui doit nous conduire à étudier davantage les solutions mises en œuvre dans le monde. Cela signifie qu'améliorer la situation actuelle sur ce point relève, par nature, du moyen terme.
Le Japon souhaite parvenir au plancher zéro de consommation d'énergies traditionnelles entre 2020 et 2030. Où en sera le Vietnam ?
Huynh Kim Tuoc : Actuellement, dans le monde, bon nombre d'ouvrages sont à ce plancher zéro, mais aussi des agglomérations telles que villes et villages, ne consommant aucune énergie autre que celles renouvelables, c'est-à-dire naturelles. Pour cela, ils ont dû résoudre beaucoup de problèmes en terme de vision, d'aménagement foncier et urbain, de diversification des moyens de transport, d'application de l'énergie solaire, mais aussi d'équipements de haute efficience - en terme de rendement par exemple, ainsi que de matériaux de construction isolants et respectueux de l'environnement.
Propos recueillis par Truong Giang/CVN