Le nombre d'entreprises japonaises au Vietnam est passé rapidement de 100 en 2005 à 1.000 en 2010. Dans le cadre du renforcement actuel de l'investissement japonais à l'étranger, le Vietnam est un candidat plein de potentiel.
La double catastrophe naturelle survenue en mars dernier au Japon a mis un terme provisoire à la croissance de son économie. Afin de relancer la production, et compte tenu de la population vieillissante et de ressources naturelles nationales moindres, mais aussi au titre d'une certaine gestion des risques, les entreprises sont encore plus tournées vers l'étranger pour investir.
Hirokazu Yamaoka, représentant en chef de l'Organisation de promotion du commerce du Japon (Jetro) au Vietnam, confirme ainsi qu'en raison des difficultés économiques dans son pays, de la hausse du yen et du manque de matières premières, l'investissement à l'étranger augmente. Selon une enquête du ministère japonais de l'Économie et de l'Industrie, 97% des entreprises du secteur de la production industrielle interrogées importent leurs matières premières de l'étranger, en majorité d'Asie. Le Vietnam possède une main-d'œuvre abondante, et ses politiques comme son environnement d'investissement sont ouverts. C'est pourquoi la plupart des entreprises souhaitent s'y implanter pour diminuer les coûts liés à l'importation de leurs matières premières.
Selon le chef du service financier chargé de l'investissement dans les secteurs de l'énergie, des ressources en eau et des infrastructures, relevant de la Banque de coopération internationale du Japon, Hideo Naito, le Vietnam est un site idéal pour les investisseurs étrangers en raison de ses jeunes ressources humaines, une forte demande de consommation, et un environnement politique stable, même si, par ailleurs, ses infrastructures sont encore insuffisantes et ses formalités administratives complexes.
Développer : les infrastructures
D'après Bùi Quang Vinh, ministre du Plan et de l'Investissement, la promotion de l'investissement par les ministères et localités sera renforcée afin d'attirer les investisseurs japonais. Les relations entre les deux pays sont celles d'un partenariat stratégique. Les deux gouvernements sont déterminés à les développer, en particulier sur le plan économique. L'investissement japonais sera un moteur du développement du Vietnam.
Il y a des groupes japonais qui ont investi au Vietnam dans des usines de montage pour exporter dans le monde entier, explique le vice-ministre de l'Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh. Le Vietnam a construit des zones industrielles comme Thang Long 1 et 2, ou Nomura Hai Phong, lesquelles ont attiré des investisseurs japonais dans le segment de l'assemblage. Le revers tient à ce qu'elles consomment d'importantes matières premières qui sont importées, ce qui grève la balance du commerce extérieur toujours déficitaire.
En 2010, l'APD japonaise accordée au Vietnam s'est élevée à 1,41 milliard de dollars, et cette année, le Japon a engagé un volume de 1,76 milliard de dollars. Les entreprises japonaises ont tendance à investir dans les pays d'Asie dont le Vietnam. Les potentiels de la coopération bilatérale sont donc importants.
Selon le professeur Ta Ngoc Tân, directeur de l'Institut de politique et d'administration nationale, c'est maintenant le bon moment de renforcer les relations bilatérales, surtout dans l'économie. Le Vietnam possède des atouts pour attirer les investisseurs japonais qui commencent à modifier leurs pratiques de l'investissement, notamment en augmentant celui dans les technologies.
Toujours selon M. Tân, le Vietnam possède de riches ressources naturelles qui ne sont pas encore exploitées. Si les deux pays coopèrent à cette fin et avec les technologies modernes japonaises, les ressources naturelles seront exploitées efficacement. Le gouvernement vietnamien doit s'intéresser au traitement de la pollution, et le Japon, qui a une riche expérience en ce domaine, peut l'assister.
Pour séduire les investisseurs japonais dans l'industrie auxiliaire et la transformation, le Vietnam doit développer des ressources humaines qualifiées en construisant des écoles professionnelles de bonne qualité, un réseau d'infrastructures moderne ainsi que former à la langue japonaise. Une coopération entre l'État et les entreprises privées des deux pays est nécessaire pour développer des zones industrielles de transformation spécialisée bénéficiant d'un réseau d'infrastructures développé.
Le président du conseil d'administration et directeur exécutif de Nikkei, Kohei Osada, estime que tous les pays en développement doivent faire face au problème d'un sous-développement de leurs infrastructures. C'est pourquoi les APD japonaises vont en priorité au Vietnam dans la construction d'infrastructures. Actuellement, les deux pays doivent régler un même problème : le manque d'électricité. Le Japon est ainsi prêt à échanger avec le Vietnam des mesures dans la recherche de nouvelles énergies renouvelables. Il s'agit là d'une coopération bilatérale potentielle.
Toujours d'après M. Osada, le Vietnam et le Japon sont deux pays asiatiques qui partagent de mêmes caractéristiques culturelles. Les entreprises renforcent leur investissement à l'étranger après le séisme de mars dernier. Le Japon s'engage dans de nombreux programmes de coopération entre les entreprises des deux pays, et nombre sont déjà en cours par l'intermédiaire de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Vietnam (VCCI).
Hà Minh/CVN