En Nouvelle-Calédonie, la bonne santé des récifs coralliens

Alors que l'UNESCO s'inquiète de l’état de santé de la Grande barrière d’Australie, le récif corallien de Nouvelle-Calédonie, lui-aussi inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, demeure un joyau naturel bien préservé.

La barrière de corail de Nouvelle-Calédonie, l’une des plus vastes au monde.
Photo : AFP/VNA/CVN

«Sur les zones inscrites au patrimoine mondial en 2008, les récifs se portent globalement bien et les poissons affichent une forme éblouissante», assure Mylène Aïfa, présidente du comité de gestion de la Zone côtière ouest.

Elle chapeaute l’une des six structures mises en place en Nouvelle-Calédonie pour veiller à la conservation des sites de la Grande terre et des îles Loyauté, soit 15.743 km2 et 60% des lagons inscrits en juillet 2008 à l’UNESCO.

Recelant plus de 300 espèces de coraux, 1.600 espèces de poissons ou encore des dizaines d’espèces d’oiseaux et de mammifères marins, les récifs coralliens calédoniens figurent parmi les plus riches et les plus diversifiés du monde.

«Ils abritent beaucoup d’espèces emblématiques comme les baleines à bosse, les dugongs - troisième population mondiale après l'Australie -, les tortues, les requins ou encore le Napoléon (poisson), ce qui constitue d’ailleurs un des critères d’inscription à l’UNESCO», a expliqué François Devincq, expert en gestion des ressources marines.

Récemment, dans le cadre du programme REMMOA (Recensement des mammifères marins et autre mégafaune pélagique par observation aérienne), trois avions bimoteurs ont survolé pendant deux mois la zone économique exclusive de l’archipel.

Invasions «localisées» d’étoiles de mer

Confirmant l’opulence de l’écosystème, les scientifiques de cette mission ont souligné les taux d’observation élevés de grands cachalots, de globicéphales, de dugongs, de tortues Luth et d’oiseaux marins tels que les frégates, les fous ou les pétrels.

Le récif corallien du lagon de Nouvelle-Calédonie.

Jamais rencontrés jusqu’alors dans cette zone, des rorquals communs et des dauphins de Fraser ont aussi été aperçus.

«Par rapport à ce qui se passe sur d’autres récifs de la planète, je suis assez optimiste», confie Fanny Houlbrecque, chargée de recherche à l’IRD de Nouméa (Institut de recherche pour le développement).

Altération fréquente des coraux, le phénomène de blanchissement, imputable au réchauffement de la température de l’océan, est par exemple peu présent.

«L’une des explications est peut-être qu’en Nouvelle-Calédonie, comme les variations de températures sont assez grandes de 22° à 28°, les coraux sont devenus plus résistants», avance-t-elle.

De même, les invasions d’acanthasters, une étoile de mer dévoreuse de corail, «restent très localisées», selon une étude publiée en 2012, qui recommandait toutefois la mise en place «très rapide d’un suivi des populations».

«Il n’y a rien en particulier qui pourrait justifier que le comité des biens de l’UNESCO nous inscrive sur la liste du +patrimoine en péril+», a estimé François Devincq.

La menace de cette sanction pèse en revanche sur la Grande barrière de corail d’Australie, à 3.000 km à l’est de la Nouvelle-Calédonie, en raison de dégradations - rejets de pesticides, déchets de dragage, développement minier - qui inquiètent l’UNESCO.

Au même titre que les feux de forêt, les eaux usées ou les dépotoirs, ces fléaux sont également présents sur le Caillou, mais les sites classés à l’UNESCO ont volontairement été délimités à distance des régions urbaines ou minières.

Seule la zone du Grand lagon sud fait exception. Ses zones tampons se situent en effet en lisière de l’usine chimique de traitement de nickel du groupe Vale et elles ont subi plusieurs graves incidents.

En mai 2014, 100.000 litres de solution acide se sont par exemple accidentellement déversés dans une rivière qui se jette dans le lagon tandis qu’ont été recensés des échouages d’oiseaux marins provoqués par la luminosité permanente sur le site industriel.

AFP/VNA/CVN

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