En matière de chant d'oiseau, les gènes font la différence

Pour faire avancer le débat entre l'inné et l'acquis, la ruse est parfois de mise. Des chercheurs ont organisé des échanges de nids pour voir si des oisillons réagissaient au chant de leurs parents adoptifs ou à celui de leur espèce. Verdict : ce sont les gènes qui priment.

Un Gobemouche noir photographié à Oland, en mai en Suède.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les scientifiques ont travaillé sur deux espèces voisines de passereaux migrateurs que l'on trouve en Europe.

D'un côté le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), petit oiseau noir et blanc insectivore. De l'autre le Gobemouche à collier (Ficedula albicollis) qui lui ressemble beaucoup mais que l'on peut reconnaître à son collier blanc au niveau du cou.

Leurs chants, produits uniquement par les mâles, diffèrent sur plusieurs plans (fréquence, tempo, son, notes).

L'équipe menée par David Wheatcroft, du Département écologie et génétique de l'Université d'Uppsala (Suède), a installé des œufs de Gobemouche noir dans onze nids de Gobemouche à collier. Et vice-versa.

Au final, les chercheurs ont obtenu la naissance de 51 Gobemouches noirs et de 58 Gobemouches à collier, éduqués par l'espèce voisine.

Une fois éclos, les oisillons ont été testés, à l'âge de douze jours, pour voir à quel chant ils étaient sensibles. Ils ont été isolés de tout bruit et on leur a fait écouter des enregistrements de chants de leur espèce et d'autres espèces.

Le résultat est net : "les Gobemouches noirs et les Gobemouches à collier sont plus actifs - réclamant plus souvent de la nourriture, remuant - lorsqu'ils entendent le chant de leur propre espèce plutôt que celui d'une autre espèce", déclare David Wheatcroft.

"Cela montre que dès leur plus jeune âge, les oisillons sont capables de distinguer le chant de leur propre espèce de ceux d'espèces très voisines", relève-t-il.

Cette capacité reste inchangée même si l'oisillon a été complètement éduqué par des parents d'une autre espèce. "Cela atteste que cette faculté ne dépend pas des premières expériences ou de l'apprentissage, impliquant que quelque chose d'+inné+ permet aux oisillons de faire la différence", poursuit le chercheur.

Cette compétence à reconnaître les chants de sa propre espèce "devrait aider les jeunes oiseaux à les apprendre correctement ensuite". Et donc "aider à ce que les accouplements entre mâles et femelles se fassent bien au sein de la même espèce", dit-il.

Les croisements entre Gobemouche noir et Gobemouche à collier donnent des oiseaux stériles.

Publiée lundi 12 juin dans Nature Ecology and Evolution, cette étude est "la première à démontrer que la capacité à distinguer les chants d'oiseaux dépend des différences génétiques entre espèces", selon David Wheatcroft.

AFP/VNA/CVN

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