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Un réfugié syrien et ses enfants, le 20 avril à Myrsini, en Grèce. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Nouveaux habitants de cette station balnéaire, le LM Village, marquée par la crise économique grecque, ils s'estiment chanceux.
Wis Najjar revient d'Idomeni, tout au Nord du pays, où 10.000 migrants campent dans des condition sordides en attendant une hypothétique ouverture de la frontière macédonienne, close depuis fin février.
"J'y ai passé deux semaines sous la tente, dans l'eau". Six cents kilomètres plus bas, il trouve que "tout ici est très agréable. Les gens d'ici nous aident, même s'ils sont dans le besoin eux-mêmes", remarque ce technicien d'Alep, âgé de 53 ans.
Le LM Village appartient en partie à la municipalité de Kyllini, à quelque 280 kilomètres à l'ouest d'Athènes, dirigée par Nampil Morant, un médecin d'Alep. Il y vit depuis 25 ans,et c'est le premier naturalisé d'origine syrienne élu en Grèce.
"C'est le moins que je pouvais faire pour les réfugiés syriens", remarque le maire de 53 ans, élu en 2014 après trois mandats de conseiller municipal.
"Chaque jour, on voyait les conditions de vie terribles (à Idomeni), la pluie, la boue et le froid. Je ne pouvais pas rester impartial, pas quand il y a une installation fermée depuis six ans et qui peut offrir un abri temporaire", explique-t-il.
Pour l'instant, chacun des petits appartements du complexe abrite deux familles avec enfants, dont la plus jeune est née il y a quelques jours à l'hôpital de la ville.
"Ils ont dit, il y a un autre camp et si vous voulez y aller, vous pouvez. On a eu de la chance", estime Tarek Al-Felo, 42 ans, de Damas, qui a été approché le mois dernier par des officiels grecs dans le port du Pirée, après passé deux semaines dans cet autre camp improvisé, presque aussi difficile que celui d'Idomeni.
"L'Allemagne n'est pas le paradis"
Un camp de réfugiés à la frontière gréco-macédonienne près du village grec d'Idomeni, le 19 avril. |
"Ce camp est mieux que les autres. Et les gens ici sont gentils. Le maire vient tous les jours et s'informe sur les gens", remarque Tarek, un ex-restaurateur de Damas, dont la famille partage désormais un appartement avec une autre famille syrienne rencontrée en Turquie, sur la route de l'exode.
Sur les 341 personnes hébergées à LM Village, 210 sont des enfants, dont plus de la moitié des bébés et des tout-petits. Il y a aussi 57 femmes, certaines enceintes. Le village de vacances dispose d'un terrain de basket, d'une grande aire de jeux, et une bibliothèque est prévue, assure le superviseur du camp Giorgos Angelopoulos. Deux bus municipaux vont aussi être mis à disposition des réfugiés pour qu'ils puissent aller en ville.
M. Angelopoulos fait sa tournée dans le village, les réfugiés sortent de chez eux pour lui demander des bricoles, comme de la poudre à laver, et les enfants accourent pour l'embrasser. Des médecins locaux viennent trois fois par semaine et la Croix-Rouge apporte régulièrement des dons.
Il se souvient "de réactions négatives, au début... Mais elles ont disparu quand il est devenu évident que ces gens sont pacifiques ... et surtout quand ils ont vu les enfants...". Actuellement, il recense les professions des réfugiés pour essayer de leur trouver un travail localement.
Adeb Ferzat, un pharmacien de 40 ans, veut aller en Allemagne où son fils de 15 ans est en formation au Bayern Munich. "Un avocat en Allemagne nous aide". Il reconnaît qu'il serait difficile de tenir une pharmacie sans parler la langue du pays, mais ajoute aussitôt : "Je sais aussi faire des vêtements".
Tarek Al-Felo a pour sa part déposé une demande de relocalisation dans un autre pays de l'UE, procédure qui ne lui permet pas de choisir sa destination. Contrairement à beaucoup de réfugiés, il n'espère pas particulièrement l'Allemagne: "C'est peut-être le rêve des réfugiés, mais par pour moi. Je veux un endroit sûr, et l'Allemagne n'est pas le paradis".
AFP/VNA/CVN