En Chine, la pollution de l’air se combat aussi dans les voitures

Permettre aux automobilistes chinois de respirer un air plus pur à l’intérieur des véhicules qu’à l’extérieur : c’est l’argument de vente avancé par certains constructeurs, dans un pays confronté à une sévère pollution atmosphérique.

Quand le salon automobile de Pékin a ouvert ses portes au public, la capitale était nimbée d’un smog brunâtre. Un tableau familier dans les métropoles chinoises, où l’explosion du trafic routier n’aide guère à la qualité de l’air, déjà mise à mal par les usines et centrales à charbon.

Des Chinois portent des masques filtrants pour se protéger de la pollution, le 26 février à la place Tiananmen, à Pékin.

Les constructeurs chinois et étrangers vantaient déjà leur technologie pour réduire les émissions nocives des moteurs. Mais c’est maintenant avec les purificateurs d’air à l’intérieur même de l’habitacle qu’ils veulent séduire les acheteurs.

Volvo Cars, le suédois racheté par le chinois Geely, a ainsi lancé à l’automne une campagne publicitaire où il se targue d’offrir de «l’air propre» grâce à ses équipements filtrant particules, pollens et résidus d’ozone.

«À l’intérieur d’une Volvo, on respire comme si on était en Scandinavie, et dès qu’on ouvre la portière, on retrouve l’air de Pékin», avait même affirmé Li Shufu, président de Geely.

«Filtration intelligente»

De son côté, le japonais Nissan propose depuis 2010 le système de filtration «Forest Air» sur sa gamme premium Infiniti.

«C’est crucial aux yeux des consommateurs, surtout en ces jours de brouillard polluant», a souligné Fan Zhuang, responsable de ventes de la marque au salon de Pékin.

Des visiteurs regardent l’intérieur d’une Volvo au salon de l’auto à Pékin, le 20 avril

Il met aussi en avant un autre «avantage» : alors que les fumeurs invétérés sont légion en Chine, y compris au volant, «Forest Air» permettrait de faire disparaître «en cinq minutes» volutes de fumée et odeurs de cigarette.

Le constructeur français PSA Peugeot Citroën n’est pas en reste : son modèle C4 Elysée dispose déjà, en option, d’un purificateur d’air et il prévoit que ses véhicules «puissent être équipés en série» à partir de 2016, selon Patrick André, chargé de cette thématique à la direction recherches et développement du groupe.

Cela concernera d’abord la gamme premium DS, puis les autres modèles «selon leur positionnement et selon ce que mettra en place la concurrence», a-t-il indiqué.

Si la filtration d’air dans l’habitacle existe depuis trois décennies, les sévères problèmes de pollution en Chine, premier marché automobile mondial, ont récemment encouragé à développer et à améliorer significativement ces équipements.

Dans le système de «filtration intelligente» mis au point par PSA, qui ne se déclenche qu’en zone polluée, «un ventilateur purifie l’air intérieur grâce à un filtre haut de gamme qui bloque 90% des particules les plus fines» (inférieures à 2,5 micromètres), tandis qu’un charbon actif peut y être adjoint pour «capter la pollution gazeuse», a expliqué Patrick André.

«Prise de conscience»

De leur côté, les équipementiers se montrent tout aussi soucieux de tirer leur épingle du jeu : le français Valeo a ainsi développé en Chine un système remplaçant le filtre de climatisation classique, pour lequel il dit avoir déjà un client.

Le marché chinois fait figure de terre promise : «La qualité de l’air est un enjeu général dans le pays, et les Chinois en sont de plus en plus conscients», a souligné Edouard de Pirey, responsable de Valeo en Chine.

«Beaucoup de gens ont déjà des filtres à particules à leur domicile pour protéger leurs enfants», et les applications permettant de consulter la qualité de l’air avec son smartphone y connaissent un franc succès, a-t-il insisté.

Le souci de «protéger la santé de sa famille est certainement un critère essentiel» quand il s’agit de choisir une voiture, abonde Wang Jiran, un visiteur du salon de Pékin.

Au fil des pics d’«airpocalypse», les consommateurs chinois se montrent de plus en plus inquiets et exigeants, et de l’avis général, l’industrie ne fait qu’anticiper cette tendance.

«Les consommateurs chinois sont obsédés par la sécurité. Vous pouvez doper vos ventes si vous garantissez un air plus propre et des voitures plus sûres», relève Namrita Chow, analyste du cabinet IHS Automotive.

Et même s’ils sont développés en priorité pour la Chine, ces systèmes de filtration pourraient bien finir par gagner les marchés européens, estiment des acteurs du secteur.

«La problématique existe également en Europe, comme l’a rappelé l’épisode de pollution en mars en France», et la fabrication de masse en Chine «permettra d’abaisser les coûts de production», observe ainsi Patrick André, de PSA.

AFP/VNA/CVN

 

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