En Bulgarie, l'air irrespirable inquiète en pleine pandémie de COVID-19

Alors que l'hiver arrive, les Bulgares s'inquiètent de l'incidence de la pollution sur la maladie COVID-19 et Bruxelles sanctionne le gouvernement, lui reprochant de ne rien faire pour leur permettre de mieux respirer.

>>La planète toujours vers un réchauffement de 3°C, malgré la pandémie

Une importante pollution stagne au-dessus de Sofia, le 27 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si le confinement a amélioré la qualité de l'air en Europe, Sofia, une des cités les plus polluées au monde, a retrouvé dès la baisse du mercure son épais "smog", qui plonge dans la grisaille cette capitale entourée de montagnes.
"Vue d'en haut, la ville ressemble à un lac grisâtre de saletés, c'est à contre-cœur que nous retournons" dans la capitale après des escapades le weekend, témoigne Gueorgui Pavlov, un informaticien de 39 ans.
Dans les rues de Sofia, il redouble de précautions. "Avant même le Covid, je m'étais procuré un masque à filtre renforcé, rien que pour promener le chien en hiver", confie-t-il.
Ina Hristova, jeune chercheuse en biologie de 28 ans, est tout aussi vigilante et prend soin de se couvrir le visage, pour se protéger "non seulement du COVID, mais aussi de toutes les saletés dans l'air".
Elle a déposé une gaze sur la poussette de son enfant, qu'elle balade dans un jardin du centre situé... à 4 km de chez elle, dans sa quête d'une atmosphère "plus respirable".
Charbon, bois et pneus 
Ces derniers jours, des cartes en violet témoignant du niveau élevé de particules fines ont envahi les réseaux sociaux, assorties de commentaires amers sur la gouvernance et la qualité de vie dans ce pays que quittent chaque année des dizaines de milliers de Bulgares.
Dans les classements de fin novembre, Sofia faisait figure de championne mondiale de la pollution, selon le site suisse IQAir mesurant la qualité de l'air.

À plusieurs reprises ces derniers temps, la concentration de particules fines PM 10 (inférieures à 10 millimètres) en 24 heures a dépassé de très loin la norme de 50 microgrammes/m3 fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon des données officielles.

Un épais brouillard du à la pollution recouvre Sofia au matin le 27 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

La semaine dernière, la Commission européenne a d'ailleurs rappelé à l'ordre la Bulgarie et va saisir la justice pour non respect "systématique" de ces valeurs limites. Le gouvernement "n'a pas véritablement commencé à mettre en œuvre des mesures sur le terrain", a taclé Bruxelles.
Les coupables pourtant sont connus : la poussière issue du chauffage au charbon ou au bois, mais aussi à base de pneus, de vieux meubles ou de plastique brûlés dans les quartiers pauvres, sans oublier les gaz d'échappement d'un parc automobile vieillissant.
Sofia n'est pas la seule affectée par ce fléau. "Dans ma ville natale du nord, en pleine montagne, toutes les cheminées fument et propagent une odeur insupportable qui vous coupe le souffle. C'est un problème qui se pose à l'échelle nationale", estime Ina Hristova.
Mortalité record 
Mais cet hiver, la pollution se combine avec le coronavirus, et les deux ne font pas bon ménage, selon plusieurs études récentes.
"Il n'y a pas un seul organe du corps qui ne soit pas affecté par la pollution aux particules fines" et celle-ci agit "en synergie" avec le COVID-19, explique à l'AFP le pneumologue Alexandar Simidtchiev.
Ces minuscules poussières, dès qu'elles pénètrent dans le système respiratoire, attaquent les poumons et le cœur, pouvant ainsi aggraver l'effet du virus. Elles contribueraient aussi à faciliter son entrée dans les cellules, détaille le médecin.
Il note une "corrélation entre la carte de la pollution de l'air en Europe et les points chauds de la maladie COVID-19".
Le nombre de décès liés à la pandémie a atteint un niveau inédit la semaine dernière en Bulgarie, avec 983 morts entre le 1er et le 7 décembre, pour près de sept millions d'habitants.
Initialement réticent aux restrictions, le gouvernement conservateur contesté de Boïko Borissov s'est enfin décidé à fermer les restaurants, les écoles et les centres commerciaux pour soulager les hôpitaux débordés.
Une pollution chronique, le manque de pneumologues, un grand nombre de fumeurs et une population de plus en plus âgée : le COVID-19 a mis en lumière les carences du système, provoquant un "cocktail explosif" pour le pays le plus pauvre de l'UE, conclut le professeur.

AFP/VNA/CVN

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