>>Sommet UE : le plan de relance massif sur les rails, accord pour sanctionner Ankara
>>Conjuguer les efforts pour faire face au changement climatique
Les dirigeants de l'UE réunis en sommet à Bruxelles, le 10 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Réunis à Bruxelles en sommet, les chefs d'État et de gouvernement ont aussi décidé de sanctionner la Turquie pour ses activités "agressives" en Méditerranée contre la Grèce et Chypre, deux pays membres de l'UE.
À la veille du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, les Européens ont donné leur feu vert à une baisse des émissions du continent d'"au moins 55%" d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif de 40% actuellement, afin d'arriver à la neutralité carbone en 2050.
Le sommet a adopté "une proposition ambitieuse pour un nouvel objectif climatique", s'est félicitée sur Twitter la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
"Pas de plan B" pour le climat
"Dix ans, c’est demain. Alors, mettons tout en œuvre pour réussir, maintenant, tous ensemble. Car il n’y a pas de plan B", a réagi le président français Emmanuel Macron.
Les modalités et la répartition des efforts ont été au cœur des négociations: la Pologne, très dépendante du charbon, redoute les lourdes conséquences économiques de ce verdissement et exigeait des garanties sur les aides financières qu'elle obtiendrait.
Varsovie voulait s'assurer une part des nouvelles ressources tirées de la future réforme du marché du carbone, ce que les autres États refusaient, faute de connaître le montant de ces revenus potentiels, selon des sources diplomatiques.
Face aux États-Unis et à la Chine, "l'UE ne peut pas se rater sur le climat après avoir été chef de file pendant douze ans", soulignait un diplomate pour justifier ces longues heures de pourparlers.
La Pologne avait déjà fait front commun avec la Hongrie pour bloquer le plan de relance et le budget européens.
Les dirigeants européens étaient parvenus jeudi à trouver un accord permettant à l'Europe d'emprunter solidairement pour relancer son économie, sans sacrifier le nouveau mécanisme conditionnant l'octroi de ses fonds au respect de l'État de droit (justice indépendante, politique anticorruption...).
Hostiles à ce dispositif et accusées régulièrement de saper les valeurs démocratiques, la Hongrie et la Pologne bloquaient le budget européen pour la période 2021-2027 (1.074 milliards) et le plan de relance (750 milliards d'euros), adoptés en juillet.
Pour vaincre leurs réticences, la présidence allemande de l'UE a proposé que le mécanisme soit assorti d'une déclaration "explicative", précisant notamment la possibilité de saisir la Cour de justice européenne pour examiner sa légalité avant qu'il n'entre en application, quitte à la retarder.
Un tel recours prend 18-19 mois en moyenne, selon la Cour... soit jusqu'aux prochaines élections en Hongrie. Mais une fois validé, le dispositif s'appliquera rétrospectivement à partir de janvier 2021. La déclaration a été approuvée jeudi par les Vingt-Sept.
"Nous pouvons dire, en toute modestie, que nous avons sauvé l'unité de l'Union", s'est vanté le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une conférence commune avec son homologue polonais Mateusz Morawiecki.
"Le mécanisme sera limité à des critères précis", qui excluent les questions de société (droit à l'avortement, droits LGBT) et politiques migratoires, c'est "une victoire", a lancé le Polonais.
L'hypothèse d'un plan de relance à Vingt-Cinq, qui aurait privé les deux récalcitrants d'importants fonds européens, avait été évoquée.
"C'est un signal fort, triomphant de l'égoïsme : l'État de droit s'appliquera partout", s'était félicité le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz.
AFP/VNA/CVN