«Mon fils est tellement plus détendu depuis qu’il est tous les matins dehors dans les bois!», assure la maman de Darek, 5 ans, inscrit depuis un an chez les Bergkinder (enfants de la montagne), une garderie associative dans la forêt de Potsdam (Nord-Est), près de Berlin.
Des enfants jouent dans une garderie associative dans la forêt de Potsdam (Nord-Est), près de Berlin. |
Dans un pays où la scolarité ne démarre pas avant l’âge de six ans, les jardins d’enfants sont souvent le principal mode de garde et lieu de socialisation des petits. Et parmi les nombreuses structures alternatives proposées, les «garderies en forêt» (Waldkindergarten), au nombre de 1.500 dans toute l’Allemagne, sont l’un des concepts en vogue.
Comme les autres enfants gardés dans les bois, Darek passe toutes ses matinées dehors, par tous les temps, bravant même la pluie et la neige. Il rentre déjeuner à midi dans les locaux en dur d’une garderie «classique» de Potsdam baptisée Abenteuerland (pays de l’aventure), qui a accepté une coopération en accueillant l’après-midi les enfants emmenés en forêt le matin.
La maman de Darek est ravie que son fils, qu’elle décrit comme «impulsif», puisse jouer, courir et crier à son aise au milieu des arbres.
Comme Darek, près de 30.000 enfants sont gardés dans ces structures, selon les estimations de l’association pour les jardins d’enfants naturels.
Les enfants se construisent leurs jouets
Le concept venu du Danemark, où une maman créa la première garderie en forêt en 1954, s’est aussi exporté en Corée du Sud, en Autriche, en République tchèque ou encore au Japon, d’après l’association.
Dans les bois, les enfants ne disposent pas de jouets conventionnels. C’est un choix délibéré. «Les jouets ne sont pas interdits. Nous n’en fournissons pas, mais les enfants peuvent emporter les leurs. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils en emportent rarement. Ils n’en ont pas besoin», remarque Martin Uhlig, éducateur chez les Bergkinder.
Les animateurs apportent du matériel, des cordes pour grimper dans les arbres et des vrais outils pour bricoler afin que les enfants se construisent leurs propres jouets.
Dès leur plus jeune âge, ils sont sensibilisés au respect de la nature. Ils apprennent à identifier les plantes et les animaux. «Les enfants développent un attachement particulier à la nature. Cela leur restera plus tard et ils sauront la préserver», explique Martin Uhlig.
Effet positif pour les enfants
Les parents sont convaincus que leurs enfants gardés dans les bois sont moins souvent malades que les autres. «Passer du temps dehors renforce le système immunitaire», défend Martina Pfaff, pédagogue et directrice du jardin d’enfant Abenteuerland à Potsdam.
«Il y a aussi moins d’accidents dans la forêt qu’en crèche normale», assure-t-elle, «car les enfants laissés en autonomie apprennent plus vite à être responsables».
Si les études scientifiques sont peu nombreuses sur le sujet, l’une d’elle, menée par le Docteur en sciences de l’éducation Peter Häfner en 2003, établissait un effet positif pour les enfants. Selon le chercheur, les structures en forêt développeraient l’esprit d’entraide, d’initiative, la curiosité, l’ingéniosité et permettraient aux enfants d’apprendre ensuite plus facilement à l’école.
L’inquiétude des parents se concentre pourtant sur les possibles difficultés d’adaptation à l’école primaire. «Je pense que si mon fils va dans une école traditionnelle, il aura des problèmes. Rester toute la journée assis, passif à écouter, cela ne lui conviendrait pas», confie la maman de Darek.
Selon Mme Pfaff, les enfants gardés en forêt sont souvent dirigés vers des écoles privées mettant en oeuvre des pédagogies alternatives.
«Ce n’est pas que les enfants ne sont pas adaptés aux écoles publiques normales, explique-t-elle. Mais les parents poursuivront leur démarche originale en choisissant un établissement au modèle pédagogique correspondant à leurs attentes, où les enfants sont pris en compte de façon plus individuelle, où ils ont beaucoup d’espace et la possibilité de passer du temps dehors».
AFP/VNA/CVN