>>Hollande fait ses adieux au gouvernement, soucieux d'assurer la"transmission"
Le président français élu Emmanuel Macron. |
La passation de pouvoir aura lieu dimanche 14 mai entre François Hollande et Emmanuel Macron, qui doit ensuite annoncer le nom de son Premier ministre.
Pour gouverner, le jeune centriste pro-européen a besoin d'une majorité claire à l'Assemblée : les députés doivent en effet voter la confiance au nouveau Premier ministre et au gouvernement formé dans la foulée des élections.
Au lieu des 577 noms attendus, le parti du président ne va finalement présenter dans l'après-midi qu'"environ 450 noms dont on est certain", a annoncé le président de la commission d'investiture de l'organisation, Jean-Paul Delevoye. L'afflux de candidatures après la victoire de M. Macron a en effet compliqué le choix des candidats, qui doit répondre à la double promesse du renouvellement et de pluralisme politique.
À droite et à gauche, dans les partis traditionnels, le trouble est palpable et l'hésitation manifeste, entre tentation du ralliement et quête de revanche à l'élection des 11 et 18 juin. "Le jeune président et les vieux partis", titrait cette semaine le quotidien régional La Voix du Nord, à la manière d'une fable, pour résumer le choc de deux mondes qui s'affrontent depuis dimanche 6 mai.
D'un côté, un élu de 39 ans, sans attache partisane, sans expérience électorale et sans parti structuré, de l'autre, d'anciennes structures déboussolées et rejetées par l'électorat, mais qui ont façonné le paysage politique français de ces 40 dernières années et jouissent encore d'attaches locales fortes.
La bataille des législatives apparaît dès lors comme essentielle pour le quinquennat. "Tout va dépendre des législatives et si Emmanuel Macron parvient à avoir une majorité cohérente à l'Assemblée nationale et cela, ce n'est pas du tout garanti", a souligné pour l'AFP le politologue Luc Rouban.
Au sein du Parti socialiste (PS) qui s'est effondré à 6,36% des voix, le risque d'implosion guette : deux mouvements pour "reconstruire la gauche" ont été lancés simultanément mercredi 10 mai et certains militants qui défendent une orientation social-libérale semblent tentés par un ralliement à Emmanuel Macron.
Parmi eux, l'ancien Premier ministre Manuel Valls a postulé pour devenir "candidat de la majorité présidentielle".
"Petits débauchages"
Avant même le premier tour de la présidentielle, il avait appelé à voter Macron en revenant sur son engagement de soutenir le candidat de son parti. On doit savoir dans la journée si sa candidature, qui suscite des réticences dans le camp Macron, est finalement retenue.
À droite, l'effet Macron provoque aussi des secousses. Le secrétaire général adjoint du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, a accusé le nouveau président de vouloir "détruire" son parti, mais aussi le PS en essayant de faire "des petits débauchages". "Nous, il ne nous détruira pas. Parce qu'on a une colonne vertébrale, des convictions, des valeurs", a clamé ce député. "Il n'y a pas de candidat aux législatives des Républicains qui ait cédé à ces appels du pied", a affirmé jeudi 11 mai le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer.
En coulisses, cependant, les tractations vont bon train entre l'entourage de M. Macron et la frange la plus modérée de la droite qui voit sa victoire d'un bon oeil. Le nouveau président, désireux d'élargir sa base, souhaite adresser un signe à son électorat en intégrant au gouvernement des personnalités de droite. Et les noms de certains élus de ce bord, comme celui du maire du Havre (Nord-Ouest) Edouard Philippe, circulent comme choix possible pour prendre la tête de son gouvernement.
En attendant, le parti a validé, sans vote, leur programme amendé pour les législatives, revenant sur quelques dispositions du projet de leur candidat à la présidentielle François Fillon. Une idée générale : améliorer le pouvoir d'achat des Français, en proposant notamment une baisse d'impôts.
L'extrême droite qui comptait devenir "le premier parti d'opposition" après son score historique au second tour de la présidentielle se voit quant à elle affaiblie par la décision de son étoile montante, Marion Maréchal-Le Pen, de se mettre en retrait de la vie politique. L'élue de 27 ans avait exprimé à de nombreuses reprises son envie de préserver sa vie familiale, de se lancer dans le privé et sa lassitude quant aux relations compliquées avec sa tante Marine Le Pen.
AFP/VNA/CVN