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Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic lors d'un meeting de campagne le 21 avril à Belgrade. |
"J'espère que ces élections apporteront de réels changements", a déclaré Damir Urosevic, un médecin de 41 ans, après avoir voté à Belgrade dès l'ouverture de son bureau de vote à 05H00 GMT. Jelica Nikolic, 68 ans, et son époux Radomir, 71 ans, deux retraités, viennent de voter, plus par devoir que par conviction : "Nous avons trop souvent des élections".
Le Premier ministre a appelé l'électorat à tourner le dos aux "années noires" et voter pour un avenir européen, jeudi, au terme de sa campagne. "Le choix, c'est d'un côté le passé, c'est de refaire de la Serbie un lépreux en Europe. Ou alors c'est de voter pour l'avenir", a dit M. Vucic dont le Parti progressiste (SNS) est crédité dans les sondages d'environ 50% des voix.
Homme fort du pays depuis quatre ans, chef du gouvernement depuis deux, il a convoqué ces élections anticipées pour affermir son contrôle sur le pouvoir et poursuivre sans pression les négociations d'adhésion avec l'UE, réellement entamées fin 2015. Une des grandes questions du scrutin est le score des deux listes d'extrême droite, créditées ensemble de 10 à 15% des suffrages. Les regards se portent notamment sur les Radicaux (SRS, extrême droite) de Vojislav Seselj, 61 ans, qui prône une alliance avec la Russie et devrait faire son retour parmi les 250 députés.
Tout juste acquitté par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Seselj, incarnant l'ultranationalisme serbe des guerres balkaniques des années 1990, a mené une campagne pour prendre date. Une victoire est hors de portée mais une économie fragile, un chômage fort, un niveau de vie bas, des inquiétudes nées de privatisations imposées par les Occidentaux, sont susceptibles d'effriter la popularité de M. Vucic et d'attirer à lui les mécontents.
Il a prédit "une polarisation entre ceux qui sont pour l'UE et ceux qui penchent pour l'intégration avec la Russie". "À l'exception du SRS, tous les partis significatifs sont pour la première option", a-t-il relevé.
"La Russie ne nous a jamais bombardés"
"La Serbie ne sera en sécurité que si elle s'aligne sur Moscou qui nous a toujours aidés et ne nous a jamais bombardés", a poursuivi Seselj, faisant allusion aux frappes de l'Otan pour mettre fin à la guerre au Kosovo (1998-1999), dont Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance.
Le Premier ministre serbe a appelé l'électorat à tourner le dos aux "années noires" et voter pour un avenir européen |
À l'inverse, la Russie a encore remporté des points dans l'opinion en s'opposant à l'admission à l'Unesco du Kosovo, considéré par les Serbes comme leur berceau historique, ou en mettant son veto à une résolution de l'ONU qualifiant de génocide le massacre de Srebrenica, commis par des Serbes de Bosnie en 1995. Conscient que cette corde slavophile faisait vibrer une large partie des 6,7 millions d'électeurs serbes, Aleksandar Vucic prend soin de ménager la chèvre et le chou, l'Europe et la Russie.
Son programme "est d'aller vers l'Europe, pas de mettre en danger notre relation avec (les Russes) ou de leur imposer des sanctions (...)" et de rester "neutre militairement", a répété en fin de campagne Aleksandar Vucic, qui fut longtemps un faucon ultra-nationaliste, ancien ministre de Slobodan Milosevic, avant un virage subit vers le centre en 2008.
Le reste de l'opposition, proeuropéenne mais éclatée, ne semble pas susceptible de gêner Aleksandar Vucic pour ces troisièmes législatives depuis 2012. L'un de ces partis pourrait être choisi par Vucic pour une coalition, rôle aujourd'hui dévolu au Parti socialiste de Ivica Dacic. Aleksandar Vucic a exclu de s'allier à M. Seselj, qui fut, avant sa mue centriste, son mentor politique.
Le scrutin sera clos à 18H00 GMT et des résultats sont attendus dans la soirée.
AFP/VNA/CVN