Égypte : l'analyse du contenu des enregistreurs de vol prendra du temps

L'analyse des données des enregistreurs de vol de l'avion russe qui s'est écrasé en Égypte, procédure cruciale pour déterminer s'il a été victime d'un accident ou d'un attentat, pourrait prendre beaucoup de temps, soulignent des responsables.

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Aucun élément concluant sur la cause du crash de l'Airbus A321 russe n'ayant émergé jusqu'à présent, les autorités attendent beaucoup des deux enregistreurs de vol, ou "boîtes noires", dont l'un conserve les conversations et les autres sons audibles dans le cockpit et l'autre les paramètres de vol.

L'exploitation des enregistreurs a débuté le 3 novembre dans les locaux du ministère égyptien de l'Aviation civile, a annoncé un haut responsable de cette administration sous couvert de l'anonymat.

L'opération, complexe, risque de prendre beaucoup de temps, en fonction notamment de l'état des enregistreurs, a-t-on déclaré dans les milieux de l'enquête, et rien n'a filtré jusqu'à présent.

Photo datée du 2 novembre après le crash d'un avion russe en Égypte, le 31 octobre.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a lui aussi déclaré, dans une interview à la BBC, que "cela prendra du temps" de déterminer la cause du crash, qui a fait 224 morts. "Voyez le vol de la Pan American qui s'est écrasé en Europe, cela a pris des années avant de trouver la vérité (...) Nous ne pouvons pas simplement tirer des conclusions hâtives", a insisté le chef de l'État égyptien.

En 1988, un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan American s'était désintégré au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie quelques minutes après son décollage. Une bombe avait explosé à bord.

Le président égyptien a de nouveau rejeté, dans une interview au quotidien britannique Daily Telegraph les hypothèses selon lesquelles l'avion aurait été détruit par un missile ou par une bombe. Il s'agit de "spéculations sans fondement", a-t-il dit.

Samedi 31 novembre, l'Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet s'est écrasé dans le Sinaï un peu plus de 23 minutes après avoir décollé à l'aube de la station balnéaire de Charm el-Cheikh. Ses occupants, 217 passagers et sept membres de l'équipage, ont tous péri dans le crash, la pire catastrophe aérienne qui ait jamais frappé la Russie.

L'appareil s'est totalement disloqué en vol, comme en atteste l'extrême dispersion des débris et des corps au sol, sur plus de 100 kilomètres carrés selon certains enquêteurs.

Dans son interview à la BBC, le président Sissi a qualifié de "propagande" la revendication du groupe jihadiste État islamique (EI), qui a affirmé avoir "fait tomber" l'Airbus en représailles aux bombardements de l'aviation russe en Syrie.

Une bombe ?

Dans le désert du Sinaï, les recherches se poursuivent pour retrouver les derniers corps de victimes et d'éventuels indices.

Outre des Russes, cinq enquêteurs français sont à l'œuvre en Égypte pour le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), aux côtés d'homologues allemands du Bundesstelle für Flugunfalluntersuchung (BFU), comme le prévoit la procédure internationale pour ces deux pays piliers du consortium européen Airbus. Six experts français d'Airbus les épaulent.

Metrojet, la compagnie russe exploitant l'appareil qui appartient au transporteur Kogalymavia, a assuré le 2 novembre que seul un facteur "extérieur", dont elle n'a pas précisé la nature, pouvait expliquer le crash. Elle a ainsi rejeté la possibilité d'"une défaillance technique" ou d'"une erreur de pilotage" et a déclaré que l'avion était en "excellent état".

Selon des experts, l'appareil a dû subir un choc extrêmement soudain au point que le pilote en a instantanément perdu le contrôle.

Il est exclu que l'avion ait pu être atteint à près de 10.000 mètres d'altitude par un missile tiré de l'épaule du type de ceux dont dispose l'EI dans le Sinaï.

Restent donc deux hypothèses : un problème technique qui provoque une explosion et une dislocation immédiate de l'appareil ne laissant pas le temps au pilote de communiquer -cas rarissime selon les experts-, ou une bombe, apportée dans l'appareil par un occupant ou placée à bord par un membre du personnel au sol.

Pour les experts, même un engin explosif de petite taille est suffisant pour ouvrir une brèche dans la carlingue et disloquer ainsi l'appareil en raison de la pressurisation à haute altitude.

La chaîne de télévision CNN, citant un responsable américain anonyme, a affirmé qu'un satellite militaire américain avait détecté un "flash de chaleur" provenant de l'Airbus au moment du drame. Cela "suggère qu'un événement catastrophique - y compris peut-être une bombe - s'est produit en vol", selon cette source.


AFP/VNA/CVN

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