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Le remdesivir est l'un des médicaments testés dans des essais cliniques sur les malades du COVID-19. |
Un résumé des résultats de l'essai clinique a été publié par erreur, avant d'être retiré, sur le site de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a rapporté le Financial Times. "Nous regrettons que l'OMS ait publié prématurément des informations concernant l'étude", a réagi Gilead Sciences, dans un courriel. "Les chercheurs de cette étude n'ont pas donné leur permission pour la publication des résultats".
Outre la forme, la biotech américaine fustige le fond, en faisant valoir que l'échantillon était trop faible pour en tirer des résultats utiles. "Nous estimons que le résumé inclut des représentations inappropriées de l'étude. C'est important à souligner parce que l'essai a été arrêté assez tôt, en raison d'un faible taux de participation, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions significatives du point de vue statistique", s'est fendu le laboratoire.
"Par conséquent, les résultats de l'essai sont peu concluants, même si des tendances dans les données suggèrent que remdesivir a un côté bénéfique tout particulièrement pour les malades pris en main tôt", conclut Gilead Sciences, dont l'action a été malmenée à Wall Street à la parution de l'article de presse.
La pandémie de COVID-19 a déjà fait plus de 180.000 morts dans le monde depuis son apparition en Chine en décembre. Elle a mis à genou l'économie mondiale.
L'intérêt pour l'antiviral remdesivir, qui avait échoué au traitement d'Ebola, est élevé parce qu'il n'existe actuellement aucun traitement approuvé ni vaccin pour le COVID-19, qui attaque les poumons, voire d'autres organes dans des cas extrêmement graves. De nombreux essais, dont des plus grands, sont en cours, ainsi que sur d'autres médicaments. Cette étude n'est donc pas la fin de la route pour le remdesivir.
Effets secondaires
L'essai chinois a montré que "le remdesivir (...) n'améliore pas l'état des malades et ne réduit pas la présence de l'agent pathogène dans le système sanguin", affirme le FT, citant le document publié sur le site de l'OMS.
L'OMS a indiqué au site spécialisé Stat que l'étude avait été publiée par erreur sur le site avant d'avoir été évaluée par un comité de lecture.
237 malades ont participé à l'étude, réalisée selon la méthode la plus rigoureuse, un essai dit "randomisé", avec un groupe de patients traités (158) et un groupe témoin (79 malades traités selon les standards de soins mais sans le médicament dont on cherche à connaître l'efficacité). Gilead visait au moins 400 personnes.
Les chercheurs sont en outre parvenus à la conclusion que le traitement de Gilead Sciences pouvait avoir des effets secondaires "importants", de sorte qu'ils ont interrompu assez vite le traitement pour 18 malades.
Outre la Chine, le remdesivir est également testé dans des essais cliniques aux États-Unis et en Europe. Chercheurs et laboratoires tentent en priorité de "repositionner" des médicaments existants au lieu d'en développer de nouveaux, pour voir s'ils peuvent agir contre le COVID-19. Deux grandes approches sont testées : des antiviraux pour combattre directement le virus et des médicaments agissant sur le système immunitaire, pour contrôler la réaction inflammatoire de l'organisme.
En Europe, l'essai Discovery, lancé le 22 mars dans sept pays, vise à tester quatre traitements potentiels : l'antiviral remdesivir, l'association lopinavir/ritonavir, ces anti-rétroviraux combinés avec l'interferon beta et l'hydroxychloroquine, dérivé de l'antipaludéen chloroquine, tandis que d'autres patients recevront un placebo.
Pour l'hydroxychloroquine, largement utilisée en urgence dans de multiples pays et promue en combinaison avec l'antibiotique azithromycine par le médecin français Didier Raoult, les études publiées jusqu'à présent ne sont pas concluantes, voire indiquent un effet négatif sur les patients; mais elles ne sont pas des études "randomisées", les plus rigoureuses. Un panel d'experts du gouvernement américain a déconseillé cette semaine explicitement cette bithérapie à base d'hydroxychloroquine.
AFP/VNA/CVN