>>Ebola : inquiétude après l'évasion de malades au Liberia, pays le plus touché
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Une cinquième personne est décédée de la fièvre hémorragique au Nigéria : un médecin qui avait soigné le premier patient atteint d'Ebola dans ce pays, a annoncé le ministre de la Santé, Onyebuchi Chukwu.
Signe de l'inquiétude d'une contagion mondiale, une agence pour l'emploi de Berlin a été fermée après le malaise sur place d'une femme originaire du Nigeria, bien que l'hôpital ait indiqué soupçonner une gastro-entérite. En Espagne, un habitant de Biscaye (Nord) de retour de Sierra Leone et souffrant de fièvre a été placé en isolement, avant d'être déclaré négatif au test d'Ebola par les services de santé qui privilégient le paludisme.
Un homme tient une pancarte "Ebola dégage" à l'occasion d'une marche de sensibilisation de la population au virus Ebola, le 19 août à Abidjan en Côte d'Ivoire |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Deux cas suspects - deux hommes arrivés en Autriche du Nigeria - ont subi des tests qui se sont avérés négatifs.
L'épidémie d'Ebola, la plus grave depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976, a fait au moins 1.229 morts, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 16 août, sur 2.240 cas (confirmés, suspects ou probables) : 466 au Liberia, 394 en Guinée, 365 en Sierra Leone et quatre au Nigeria.
À Monrovia, capitale du Liberia qui compte 53 des nouveaux morts et 48 des 113 cas supplémentaires, l'inquiétude provoquée par la disparition des patients d'un centre d'isolement attaqué pendant le week-end par des habitants en colère est un peu retombée après leur localisation.
"Les 17 patients qui ont fui le centre pour malades d'Ebola ont tous été retrouvés. Ils se sont rendus à pied d'eux-mêmes à l'hôpital JFK", le principal établissement du pays, a déclaré le ministre de l'Information, Lewis Brown.
Par ailleurs, "trois médecins (libériens) qui ont reçu le médicament expérimental ZMapp réagissent au traitement", a indiqué M. Brown. Ce sérum expérimental américain a été livré à Monrovia la semaine dernière.
Le Libéria est le pays le plus touché en raison d'une conjonction d'éléments défavorables : l'épidémie sévit essentiellement dans le district de Monrovia, densément peuplé et dans les provinces avoisinantes du Nord du pays, limitrophes de la Sierra Leone et de la Guinée. Mais surtout, le pays souffre d'un manque flagrant de médecins. Selon Cyprien Fabre, responsable du bureau d'aide humanitaire de l'UE (Echo) pour l'Afrique de l'Ouest, "il y a un nombre de médecins ridicule par rapport à la population (0,1 pour 10.000 habitants), contre 2,6 en moyenne en Afrique".
Un million d'habitants en quarantaine
L'OMS, qui a décrété le 8 août une urgence de santé publique mondiale et recommandé des mesures d'exception dans les pays affectés, a discerné quelques lueurs d'espoir en Guinée, d'où est partie l'épidémie, ainsi qu'au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique.
L'entrée de l'hôpital JFK à Monrovia (Liberia) où 17 malades d'Ebola ont été accueillis, le 19 août, après l'attaque de leur centre d'isolement pendant le week-end |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a des signes encourageants dans ces deux pays", a déclaré une porte-parole de l'OMS, Fadela Chaïb.
En Guinée, elle a relevé certaines mesures "efficaces", même si l'épidémie n'est pas encore "contrôlée".
"Ce qui est encourageant au Nigeria, c'est que seulement une chaîne de transmission a été identifiée jusqu'à présent", a-t-elle souligné, en référence à la contamination par un passager venu du Liberia, saluant les "effets positifs" des mesures adoptées et de la "vigilance" des autorités.
Pour atténuer l'impact des sévères mesures de quarantaine instaurées dans les zones les plus touchées aux confins de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone, l'OMS travaille avec le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a entrepris d'acheminer de l'aide au million d'habitants concernés.
La Banque africaine de développement (BAD) a pour sa part annoncé une aide de 60 millions de dollars (45 millions d'euros) aux pays touchés. Cette aide, sous "forme d'appui budgétaire", a précisé le président de la BAD, Donald Kaberuka, "va permettre de payer le personnel de santé et d'équiper les systèmes de surveillance".
Sur le continent, les mesures de précaution se multipliaient. Le Cameroun a annoncé lundi la fermeture de toutes ses frontières avec son voisin nigérian "pendant la période d'incubation" de la maladie, estimée par les spécialistes à 21 jours.
La compagnie aérienne Gambia Bird Airlines a annoncé la suspension des liaisons avec Monrovia et Freetown du 15 au 31 août.
La compagnie équato-guinéenne Ceiba Intercontinental a annoncé avoir suspendu "jusqu'à nouvel ordre" tous ses vols vers l’Afrique de l’Ouest.
Elle desservait principalement le Ghana, le Togo, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Bénin, des pays où aucun cas d'Ebola n'a été détecté mais voisins de la Guinée Conakry, du Liberia et de la Sierra Leone.
AFP/VNA/CVN