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Tuân a choisi de vivre à fond sa vie de médecin-serviteur du peuple. |
Photo : DT/CVN |
À l'hôpital du district montagneux de Minh Hoa (province de Quang Binh, Centre), le médecin Duong Minh Tuân est surnommé "le jeune homme aux longues jambes", en référence au personnage de médecin Ahn Jong-won dans la série sud-coréenne à succès Hospital Playlist. Tous deux sont en effet nés dans un milieu favorisé mais tous deux n’ont bien souvent pas un sou en poche, parce qu’ils le dépensent pour aider les pauvres.
Le jour où il a décidé de partir travailler comme médecin volontaire dans le district frontalier de Minh Hoa, laissant derrière lui la vie aisée d'un fils issu d’une famille riche à Hanoï, renonçant aussi à la possibilité d'étudier à l'étranger, Tuân se souvient d’avoir dit à sa mère : "Je veux vivre une vie pleine de compassion, comme mon père l’avait fait avant moi".
De la même manière, le jour où il a décidé de participer à la lutte contre la pandémie à Hô Chi Minh-Ville, Tuân a réconforté sa mère avec un sourire sur les lèvres : "Au paradis, papa me protégera. Mais quoi qu'il arrive, c'est mon devoir en tant que médecin".
Au nom de son père
Cela fait un an et demi que Tuân est arrivé à l'Hôpital général du district de Minh Hoa, et tout le monde est déjà habitué au fait que les patients sans moyen financier pour couvrir les frais de leurs opérations sont référés au médecin Tuân. Le jeune homme essayera en effet par tous les moyens - en utilisant ses réseaux, l’aide de sa mère ou même avec son propre salaire -, pour essayer de sauver des vies.
Bien des personnes lui ont fait remarquer qu’il passait à côté de la belle vie à Hanoi, essayant en quelque sorte de lui faire regretter son choix de vie. Mais Tuân reste droit dans ses bottes : "Je me souviens du jour des funérailles de mon père, le cortège funèbre était très long. Parmi les personnes qui venaient lui dire adieu, se trouvaient les gens qu’il avait aidés mais aussi tous ceux qui l’avaient trahi mais qui avaient quand même reçu son aide. Tout le monde pleurait sa disparition. Je veux juste vivre la vie telle que l’a vécu mon père, alors je ne regretterai rien".
Le père de Tuân est décédé d'une crise cardiaque le 6e jour du Nouvel An lunaire en 2015, un jour avant l'anniversaire de la mère de Tuân et quelques mois seulement avant que celui-ci n'obtienne son diplôme de la Faculté de médecine de Hanoï. Six ans après le décès de son père, il n'y a pas un mois sans que Tuân ne le mentionne sur sa page Facebook.
De son vivant, le père de Tuân était un entrepreneur à succès qui consacrait toujours 50 % de ses bénéfices chaque année à aider les personnes se trouvant dans la difficulté. À l’époque où beaucoup de gens choisissent l'argent comme raison de vivre, il a appris à son fils à "utiliser sa vie pour aimer".
En raison du conseil de son père, Tuân a décidé de répondre au programme du ministère de la Santé d’envoi de jeunes médecins dans les zones reculées, frontalières et insulaires.
Des expériences de travail enrichissantes
En suivant toujours l’exemple de son père, Tuân se contente de vivre le plus simplement possible. Habitant un modeste studio de seulement 15m² à côté de la frontière Vietnam - Laos, il traite jour après jour des patients pauvres issus des minorités ethniques. Ce choix détonne, alors qu’il aurait pu, comme son frère, partir étudier à l’étranger, ou rester confortablement installé dans la capitale vietnamienne.
Laissant de côté les doutes et les questionnements, Tuân affirme chaque jour un peu plus son choix : "Si mon père était en vie, je sais qu’il me soutiendrait. Mon père m'a éduqué pour être une personne sensible, il m'avait appris à prendre l'amour comme raison de vivre. Si le monde entier choisit d'être réaliste et terre-à-terre, laissez-moi être romantique et faire des choses bizarres !"
Quatre mois après être entré au district de Minh Hoa, Tuân a envoyé un texto à un proche : "Mon amour s'est déjà brisé, parce que mon amoureuse n'accepte pas mon choix, et elle ne peut pas m’attendre non plus". Malgré la perte de la personne aimée, Tuân a choisi de vivre à fond sa vie de médecin-serviteur du peuple, avec de nombreuses expériences qu'un "enfant riche" de la capitale n'aurait jamais pu imaginer.
Médecin pneumologue, Tuân se retrouve dans son petit hôpital à réaliser de très nombreuses interventions, y compris même des accouchements de femmes enceintes.
Malgré son savoir et sa bonne volonté, les difficultés sont bien réelles : "Personne n’est parfaite. On ne peut pas toujours tout bien faire. C’est d’ailleurs pour cela que les médecins sont formés dans de différentes spécialités, pour s'entraider dans les cas complexes". Quand il lui arrive de rencontrer des difficultés, il consulte souvent ses collègues : "Le savoir est un vaste trésor qui ne s’épuise pas. Donc ça ne me dérange pas quand je dois demander aux autres, je ne cache pas ma faiblesse. J'ai confiance en mes connaissances mais pas au point de penser que je sais tout. L’important, c’est de faire au mieux pour le patient", souligne le jeune médecin.
Au contact des plus pauvres
Tuân aime plus que jamais faire du bien autour de lui. |
Au sein de son hôpital, Tuân a vu certaines familles si pauvres qu’elles ne pouvaient même pas acquérir un cercueil pour enterrer leur mort.
À Minh Hoa - Quang Binh, le salaire et l’allocation spéciale de Tuân lui font gagner péniblement 10 millions de dông par mois. Et ce salaire, il le garde pour des occasions spéciales, comme aider des patients en situation de détresse. De quoi vit-il dans ce cas ? "Après les heures de travail, je traduis des documents en anglais pour un collègue à Hanoï et utilise cet argent pour la vie quotidienne", partage-t-il.
C’est pour cela que les patients les plus pauvres sont souvent guidés vers le médecin Tuân… Mais ayant lui-même des revenus modestes, Tuân ne peut pas aider tous ceux qui en ont besoin. Alors, dans bon nombre de cas, il enverra un texto à sa mère, sa grande complice, ou appellera la générosité de ses followers sur Facebook qui sont près de 100.000 aujourd’hui.
Grâce à l’aide de sa communauté, Tuân a déjà fait des miracles, comme par exemple réussir à payer une chirurgie cardiaque à l’enfant d’une mère célibataire, ou prendre en charge l’achat d’un cercueil - Tuân se souvient d’ailleurs être allé personnellement jusqu’au village de la famille pour leur remettre l’argent.
Durant ses premiers temps à l'hôpital Minh Hoa, de nombreuses personnes doutaient de la capacité d’un jeune homme de la capitale à s’adapter au contexte difficile d’un hôpital dans une zone très pauvre. Mais aujourd’hui, personne à Minh Hoa ne voit plus Tuân comme un "médecin venu de la grande ville".
Malgré sa rupture amoureuse, la distance avec sa famille et les conditions de vie difficiles, Tuân aime plus que jamais faire du bien autour de lui. Il trouve d’ailleurs sa force dans les relations avec les patients. Parmi ses coups de cœur, il y a cette femme ethnique qui refusait l’intervention chirurgicale parce que sa communauté le lui déconseillait. Seul Tuân put la convaincre de finalement partir à Hanoï pour réaliser cette opération… Et, en effet, le collègue de Hanoï informera un peu plus tard Tuân que deux heures plus tard, il n’était plus possible de la sauver ! Après cela, raconte-t-il, "je suis devenu son fils adoptif ".
Garder une énergie positive
Chaque jour, Tuân doit travailler pendant 12 heures dans une combinaison de protection inconfortable. |
Il y a quelques semaines, le jeune médecin est parti relever un nouveau défi : participer à la lutte contre l’épidémie de COVID-19 dans le Sud du pays.
Le jour du départ de Tuân pour Hô Chi Minh-Ville, de nombreuses personnes à l'hôpital de Minh Hoa l'ont pris dans leurs bras, certains ont même pleuré, et lui ont dit de revenir sain et sauf. Apprenant que Tuân était parti dans le Sud pour combattre l'épidémie, certains patients de Minh Hoa se sont même cotisés pour lui envoyer 5 millions de dông sur son compte avec le message : "La lutte anti-épidémique est dure, il faut bien manger, n'oublie pas d’utiliser cet argent pour acheter des aliments".
L'hôpital où Tuân soutient ses collègues dans le combat anti-COVID-19 se trouve dans l’arrondissement 10 de Hô Chi Minh Ville. Chaque jour, il doit travailler pendant 12 heures dans une combinaison de protection inconfortable. Mais Tuân ne change pas et reste toujours heureux et plein d'énergie : "Le travail est pénible mais je prends quand même du poids car il y a tellement de gens qui m’envoient de la nourriture pour me soutenir !".
Alors que de nombreux personnels de santé ont été infectés par le virus et qu’un certain nombre en est même décédé, Tuân avoue ses craintes de contracter à son tour la maladie : "Le moment qui me fait le plus peur, c’est quand je reçois chaque semaine le test PCR. Mais après cela, j’ai tellement de travail que j’en oublie cette peur. Peu importe à quel point je suis fatigué en fin de journée, je veux à chaque fois prendre le temps d’écrire un mot optimiste sur ma page Facebook, rien que pour ma mère qui me lit tous les jours".
Souhaitons à Tuân et à tous ses collègues du Sud du pays qui se battent chaque joue pour venir en aide aux populations que la situation s’améliore rapidement, Tuân pourra ainsi revenir auprès des "siens", les nécessiteux de Minh Hoa.
*Article publié dans le cadre de la mise en œuvre de l'arrêté gouvernemental 84/NQ-CP daté du 29 mai 2020 sur les mesures mises en œuvre pour pallier aux difficultés dans la production et les affaires commerciales, doper le déblocage des investissements publics et assurer la sécurité sociale dans le contexte de la pandémie de COVID-19.