>>Exposition virtuelle "Le général Vo Nguyên Giap et l'ATK de Thai Nguyên"
>>Exposition en ligne sur le général Vo Nguyên Giap
>>Un concours met en lumière la vie et la carrière du général Vo Nguyên Giap
>>Le monument au général Vo Nguyên Giap sur l'archipel de Truong Sa
Vo Nguyên Giáp a activement participé aux activités journalistiques, écrivant de nombreux articles importants et stratégiques. |
Photo : Archives/CVN |
Si le Président Hô Chi Minh est considéré comme le "père" de la presse révolutionnaire vietnamienne et Truong Chinh (secrétaire général du Parti de 1941 à 1956, et en 1986) comme le "frère aîné", le général Vo Nguyên Giáp (25 août 1911 - 4 octobre 2013), avec sa plume de combattant stratégique, est également connu comme étant l’un de ses piliers.
Il est en effet insolite : à la fois général et journaliste. Il écrivait des articles de presse dès l’adolescence, à l’âge de 16 ans, et jusqu’à son dernier souffle. Un vrai professionnel qui a, au cours de sa vie, assumé presque tous les postes du métier : président de l’Association des journalistes, rédacteur en chef, rédacteur, reporter, secrétaire de rédaction, maquettiste, correcteur, agent d’imprimerie et... livreur de journaux !
"Un maître du journalisme"
De son vivant, le journaliste Đô Phuong, ancien directeur général de l’Agence Vietnamienne d’Information, a estimé : "Le général Vo Nguyên Giáp, un excellent élève du Président Hô Chi Minh, était non seulement un militaire hors pair mais aussi un maître de la presse révolutionnaire vietnamienne".
Grâce à ses contributions importantes, Vo Nguyên Giáp s’est vu décerner en 1991 la "Médaille pour la cause de la presse vietnamienne" par l’Association des journalistes vietnamiens. À cette occasion, il a écrit un article retraçant ses 15 ans de journaliste avant la Révolution d’Août en 1945, publié en août 1991 dans la revue Nhà báo và Công luận (Journaliste et Opinion publique). Le général a partagé : "Le journalisme est un art passionnant. Après que je suis passé aux opérations militaires, j’ai découvert que réaliser un numéro de journal était comme organiser un combat coordonné…".
En effet, d’après lui, c’est un "travail pressant" pour bien saisir les exigences, la psychologie diverse et souvent changeante des lecteurs ainsi que les aspirations profondes du peuple afin de savoir quoi faire. "Le journalisme est un travail ardu qui coûte beaucoup d’efforts, mais le journaliste est compensé lorsqu’il sait faire rayonner son journal auprès d’un grand nombre de lecteurs", a-t-il écrit.
Le général Vo Nguyên Giáp (centre) visitant le stand des publications de l’Agence Vietnamienne d’Information lors de la Fête printanière de la presse 2000, le 28 janvier. |
Photo : Nguyên Dân/VNA/CVN |
Lors d’une rencontre avec des journalistes, le général a insisté : "La presse est une force puissante qui peut transformer les gens. Elle doit participer activement au travail idéologique, à l’édification du Parti, à la formation des cadres et à la diffusion de nouvelles connaissances auprès du peuple, afin de construire un Vietnam héroïque et prospère".
Selon ses dires, Vo Nguyên Giáp a quitté en 1925, à l’âge de 14 ans, son village natal à Quang Binh pour aller faire ses études au Lycée d’élite Quôc hoc - Huê, le berceau du mouvement étudiant patriotique dans la région Centre, où les élèves échangeaient des poèmes sur ce thème. Hai Triêu, un théoricien pionnier de la presse révolutionnaire vietnamienne, lui a fait lire Le Procès de la colonisation française, le journal anticolonialiste Le Paria et Việt Nam Hồn (Âme du Vietnam) - au service des Vietnamiens résidant à l’étranger, tous de Hô Chi Minh.
En 1927 est survenue une grande grève étudiante pour protester contre la répression des activités patriotiques de la Direction de l’éducation française, partie du Lycée d’élite Quôc hoc - Huê. Un certain nombre de ses élèves, dont Vo Nguyên Giáp, ont alors été expulsés de l’école... Le jeune homme a donc eu l’idée d’écrire un article critique en français. Celui-ci, intitulé À bas le tyran du lycée, a été envoyé à L’Annam, un journal publié à Saigon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville) et présidé par l’avocat patriotique Phan Van Truong, qui osait s’opposer publiquement aux colonialistes français. En le lisant, le rédacteur en chef Phan Van Truong s’est exclamé : "Une nouvelle plume voit le jour ici mais déjà elle possède un style aussi perçant que celui de Nguyên Ái Quôc (Président Hô Chi Minh) à Paris !". L’article, paru en juin 1927, a fait beaucoup de bruit à Huê et dans de nombreux autres endroits du pays. C’est ainsi qu’est née la carrière journalistique de Vo Nguyên Giáp.
Un rédacteur inlassable
Expulsé de son école à l’âge de 16 ans, Giáp a travaillé à la Maison d’édition Quan Hai Tùng Thu fondée par Ðào Duy Anh (un des plus importants lexicologues et historiens du Vietnam contemporain) puis au journal Tiêng Dân (La Voix du peuple) du patriotique Huynh Thúc Kháng comme journaliste professionnel. Son premier article y a été publié le 28 septembre 1929, sous le pseudonyme de Vân Đình, titré Vũ trụ và tiến hóa (Univers et évolution). Analysant la situation avec lucidité et sérieux, il est devenu par la suite rédacteur principal, responsable de la rubrique Thế giới thời đàm (Le monde en débat) avec 27 articles publiés dans 36 numéros, tous signés sous son nom de plume.
En 1930, à la suite du mouvement révolutionnaire patriotique Xô Viêt Nghê Tinh (série de soulèvements, de grèves et de manifestations en 1930 et 1931 par des paysans, ouvriers et intellectuels vietnamiens contre le régime colonial français, le mandarinat et les propriétaires), Vo Nguyên Giáp a été emprisonné pendant plus d’un an avant d’être expulsé de Huê. Il est alors allé à Hanoï pour faire ses études en droit et a obtenu sa licence en 1937. Sur place, parallèlement à ses études, il enseignait à l’école privée Thang Long et faisait du journalisme au service de la cause de la Révolution.
À cette époque-là, il existait plusieurs journaux publiés sous la direction du Parti comme Rassemblement, En Avant, Notre Voix en français, et Thê giới (Le monde), Đời nay (De nos jours), Tin tức (Nouvelles), Ngày mới (Nouveau jour)… en vietnamien, ce qui encourageait davantage le jeune patriotique dans sa carrière de journalisme même s’il n’avait presque pas d’émoluments.
Vo Nguyên Giáp, co-fondateur du journal "Le Travail" publié en 1937. |
Photo : TN/CVN |
Vo Nguyên Giáp a collaboré avec Nguyên Thê Ruc, membre du Parti communiste français et étudiant à l’Université communiste des travailleurs de l’Est de l’Internationale communiste, pour donner naissance au journal Le Travail. Celui-ci, en langue française, dont Vo Nguyên Giáp était à la fois rédacteur en chef et rédacteur principal, a publié 30 numéros du 16 septembre 1936 au 16 avril 1937 avant d’être fermé.
Un journaliste de terrain
Dans un article publié au journal Quân đôi nhân dân (Armée populaire), le général de division Hông Cu s’est exprimé sur la passion de Vo Nguyên Giáp : "À cette époque-là, M. Giáp travaillait avec beaucoup d’enthousiasme, bien que sa santé ne soit pas très bonne. Une fois, à la nouvelle d’une grande grève des mineurs à Câm Pha (province de Quang Yên, aujourd’hui celle de Quang Ninh, au Nord), il a parcouru 200 km à vélo de Hanoï à cette zone minière pour couvrir l’événement. Le mouvement a éclaté le 13 novembre 1936 d’abord à Câm Pha, réunissant plus de 10.000 mineurs. Après une semaine, il s’est propagé dans toute la région avec plus de 50.000 participants, obligeant les autorités coloniales françaises à y mobiliser des légionnaires. M. Giáp a réalisé une série d’articles de dénonciation publiés dans plusieurs numéros consécutifs du +Travail+. Ces textes ont attiré l’attention du public dans le pays et aussi en France, créant un soutien à la lutte des mineurs contre le régime d’exploitation coloniale".
Le 24 avril 1937, lors de la première conférence de la presse tonkinoise à Hanoï, Vo Nguyên Giáp a été élu président du Comité de la presse tonkinoise.
Style concis exigé
Selon les recherches du Pr. associé-Dr. Hà Huy Phuong (Académie de journalisme et de communication), en mai 1940, Vo Nguyên Giáp et Pham Van Đông (devenu ultérieurement Premier ministre de la République démocratique du Vietnam de 1955 à 1976, puis président du Conseil des ministres du Vietnam unifié de 1976 à 1987) ont été envoyés par le Comité du Parti du Nord au Yunnan (Chine) pour mener des activités révolutionnaires aux côtés du leader Nguyên Ái Quôc, qui était aussi un grand journaliste. Là, Vo Nguyên Giáp a été chargé par le Parti communiste indochinois et Nguyên Ái Quôc de préparer les forces armées pour la prochaine insurrection générale.
Journaux publiés pendant la période de révolution dirigés et rédigés par Vo Nguyên Giáp. |
Photo : QĐND/CVN |
Après son 8e plénum en 1941, le Comité central du Parti a créé le Viêt Minh (Front pour l’indépendance du Vietnam). Nguyên Ái Quôc a dirigé la création du journal Việt Nam độc lập (Le Vietnam indépendant) et chargé Vo Nguyên Giáp d’écrire un certain nombre d’articles importants. Celui-ci a avoué "avoir appris beaucoup de Hô Chi Minh à propos du métier de journalisme".
Nguyên Ái Quôc était un homme très exigeant dans l’écriture, demandant que les articles devaient être courts, au style concis mais compréhensible aux lecteurs. Ainsi, le premier texte qu’il commandait à Vo Nguyên Giáp avait une longueur limitée à seulement 100 mots. Il s’agissait de Chị em phụ nữ phải đoàn kết lại ! (Les femmes, unissez-vous !), publié dans le numéro 112 du Việt Nam độc lập du 1er décembre 1941.
Un érudit haut placé
Juste après la naissance de la Brigade de libération de propagande du Vietnam (actuelle Armée populaire du Vietnam), le 22 décembre 1944, Vo Nguyên Giáp a créé le journal manuscrit Tiếng súng reo (La détonation du fusil).
En 1945, il est devenu rédacteur en chef du Nước Nam mới (Le Vietnam nouveau), dirigeant directement la rédaction des cinq premiers numéros, du 20 juin au 5 août 1945. Il a aussi créé Quân giải phóng (Armée de libération) de l’Armée de libération du Vietnam. Le numéro un, sorti le 5 août 1945, a publié un article important du commandant en chef Vo Nguyên Giáp, signé Trí Dung, analysant un certain nombre de batailles pour faire en sorte que "chaque combat soit une victoire à la fois politique et militaire".
Après le succès de la Révolution d’Août 1945, Vo Nguyên Giáp s’est vu confier par le Parti et l’Oncle Hô (Hô Chi Minh) de nombreuses nouvelles missions. Bien que très occupé, il participait toujours activement aux activités journalistiques, écrivant de nombreux articles importants et stratégiques.
Le général Vo Nguyên Giáp (gauche) et l’ancien secrétaire américain à la Défense, Robert Mc Namara, devant la presse, en marge d’un séminaire vietnamo-américain tenu le 23 juin 1997 à Hanoï. |
Photo : Trân Tuân/VNA/CVN |
Lors de la campagne de Điên Biên Phu en 1954, le général accordait une grande importance aux activités de propagande et de communication. Au moment où le journal Quân đôi nhân dân (Armée populaire) implantait sa rédaction de front dans la forêt de Muong Phang, à proximité de son QG, le commandant en chef dirigeait régulièrement son activité et écrivait, sous le pseudonyme de Chính Nghia, des éditoriaux et commentaires au ton tranchant sur 33 numéros du journal publié sur le front.
Tout au long des guerres de résistance et de protection de la Patrie ou des années de l’édification du pays, que ce soit en qualité de haut dirigeant du Parti, de l’État et de l’Armée ou de retraité, le journaliste - général Vo Nguyên Giáp ne s’est jamais arrêté d’écrire. Ses articles ont contribué à enrichir le trésor théorique et pratique de l’art militaire vietnamien ainsi que de nombreux autres domaines de la vie sociale.
Nombreux sont les journalistes vietnamiens et étrangers qui garderont en mémoire l’image familière, l’esprit éclairé et l’intelligence vive de ce général hors pair lors de ses interviews accordées aux agences de presse occidentales telles que Reuter, UPI, AFP…
Nguyên Van Minh/QĐND/CVN