Dresseurs canins à Hô Chi Minh-Ville

Le métier de dresseur canin exige de la patience et un certain courage. Bien plus qu’un métier c’est une passion, comme en témoignent des professionnels rencontrés à Hô Chi Minh-Ville.

Le Centre d'entraînement des chiens de garde et de défense professionnels PDS est situé dans le 12e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. À peine le jour pointe-t-il que les pensionnaires à quatre pattes font entendre une joyeuse cacophonie. Sur un vaste terrain, une centaine de cages en acier sont juxtaposées, abritant chacune un gros chien : rottweiler, berger allemand, dogue du Tibet, berger de Phu Quôc…

Le métier de dresseur canin exige de la patience et un certain courage.
Photo : CTV/CVN

«Certains sont nouveaux donc un peu sauvage. Faites attention! Une petite inadvertance suffit pour être mordu», prévient Phan Thanh Long, directeur du centre PDS.

Le centre abrite 650 chiens dont les deux tiers pour des «formations» à court terme. Sa mission principale est de former des chiens pour la police. Le centre dispose d'un contingent de dresseurs qualifiés, pour la plupart d’ex-soldats.

Dangereux mais passionnant

Pour pouvoir exercer ce métier, il est important avant tout d’aimer les chiens, de savoir faire preuve de patience, de sang-froid, d’avoir une bonne condition physique et de l'autorité. La patience est importante car il est souvent nécessaire de répéter un exercice des centaines de fois avant qu’il soit parfaitement intégré par le chien.

«C'est un métier à risque certes mais passionnant. Les aboiements des chiens me sont tellement familiers que je veux les entendre chaque jour», confie Hô Sy Nam, 29 ans. Vêtu d'une tenue épaisse de couleur verte, d’un sac de protection, Sy Nam va à la rencontre de ses recrues à quatre pattes. «Je vais jouer le rôle du méchant pour inciter le chien à attaquer», explique-t-il. Selon lui, le centre permet aux chiens de se doter d’un vrai caractère de chien de garde et de défense, de savoir obéissance, courage, combativité et résistance.

À l'ordre «attaque!», un Rottweiler s'élance sur Sy Nam. Le chien saisi dans sa puissante mâchoire la manche et ne la lâche qu'à l'ordre «stop!». Quelques éraflures apparaissent sur les bras du dresseur. «J’en reçois quotidiennement. Les premiers temps, les morsures m’ont obsédé, j’en cauchemardais même la nuit. Mais ça va maintenant», avoue Sy Nam.

École pour chiens de compagnie

Pour Nguyên Ba Si, 25 ans, originaire de la province de Nghê An (Centre), le métier de dresseur de chiens ne manque pas de dangers mais aussi d'attraits. «Au début, faute d'expériences, j'ai été mordu plusieurs fois. Parfois j’ai dû être hospitalisé d'urgence», raconte-t-il. Un jour, Ba Si a joué le rôle d’un voleur escaladant un mur pour prendre la fuite.

Après leur formation, les chiens se sont dotés d’un vrai caractère de chien de garde et de défense, de savoir obéissance, courage, combativité, résistance.
Photo : Công Diên/ VNA/CVN

À peine arrivé au pied du mur qu’un Rottweiler de 50 kg lui a sauté dessus. Il s’est déchaîné sur le pauvre dresseur qui a eu toutes les peines du monde pour le faire lâcher prise. «Un moment de peur que je ne peux oublier. Pendant longtemps, j’ai été anxieux face à un chien, à tel point que j'ai voulu abandonner ce métier», avoue-t-il. Mais, le temps a fait son œuvre. Le dresseur a repris confiance en lui et et la passion est revenue.

Avec un brin d'orgueil, Nguyên Dinh Hoàng, 23 ans, montre son ventre barré de cicatrices. «Ce sont des +traces d'honneur+ du métier. C'est normal d’avoir de telles blessures. Un jour, un dogue du Tibet m’a mordu à une dizaine de reprises. J'ai dû subir 36 points de suture, se souvient-il. Ce métier est dur. Mais, je comprends bien le caractère des bêtes et je suis content de vivre à leurs côtés».

Toujours à Hô Chi Minh-Ville, le Centre d'entraînement des chiens Vu Hung, dans l'arrondissement de Tân Phu, se charge de la formation de chiots. Il ne s’agit pas là de former des chiens de défense mais plutôt de les éduquer de manière globale. Une cinquantaine de bêtes, de races différentes, comme dogue du Tibet, fox-terrier, berger d'Alaska, chihuahua, berger de Phu Quôc…, qui sont amenés à «l'école» chaque matin. «D'ordinaire, nous devons quitter le centre à 05h30 pour aller chercher les +élèves+ à leur domicile. Il faut ensuite leur donner à manger avant la classe qui commence à 07h30», confie Minh, un entraîneur, qui ajoute que chacun d'eux prend en charge cinq chiens par cours.

Un cours de formation dure quatre mois, divisé en deux étapes : exercices élémentaires et exercices de réaction.

À la première, les chiens apprennent à répondre à des ordres de base tels que «assis!», «couché!», «debout!», «salut!»… «Les chiens sont intelligents et remuants. Certains sont têtus. Mais dans l'ensemble, ils comprennent vite», selon Minh. Chaque leçon de 30 minutes est suivie d'une récréation de 30 minutes, lors de laquelle les chiens sont laissés en liberté.

Après avoir appris les bases, ils sont confrontés à des exercices plus difficiles : franchissement d’obstacles, attaque, gardiennage...

Rokky, un malamute de l’Alaska, est le meilleur élève de Minh. À peine l’ordre «attaque!» est-il lancé qu’il s’élance vers la personne désignée par son maître, l'attaque énergiquement en grognant. «Après quatre mois d'entraînement, Rokky va sortir de l'école. Il est bon pour le service !», dit avec fierté Minh.

Nghia Dàn/CVN

 

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