>>Dopage/JO-2018 : les principaux points de la décision du CIO sur la Russie
Le président russe Vladimir Poutine s'exprimant devant les salariés d'une usine de gaz à Nijni Novgorod, le 6 décembre |
Le président russe, dont la réaction était attendue au lendemain de cette sanction sans précédent du CIO, s'exprimait en marge d'une rencontre avec les ouvriers d'une usine à Nijni Novgorod (Volga), au cours de laquelle il a annoncé sa candidature pour un quatrième mandat à l'élection présidentielle de mars 2018.
"Sans le moindre doute, nous n'allons opposer aucun blocage, nous n'empêcherons pas nos sportifs de prendre part" aux jeux Olympiques de Pyeongchang (9 au 25 février), a-t-il déclaré.
"J'ai pris note aujourd'hui de la déclaration" du président russe par la presse, a réagi le président du CIO, Thomas Bach, répétant qu'il n'avait "pas discuté de la question avec le président Poutine avant ou après la décision" prise mardi 5 décembre par l'instance à l'encontre de la Russie.
Mais pour Vladimir Poutine, qui ne veut "condamner que ceux qui sont coupables", sous-entendu uniquement les sportifs contrôlés positifs, la décision du CIO est "fabriquée et politiquement motivée".
Début novembre, le président Poutine avait ciblé directement les États-Unis, les accusant d'avoir orchestré les accusations de dopage pour nuire au déroulement de la présidentielle de mars 2018 en Russie. Plus tôt, à la mi-octobre, Vladimir Poutine avait prévenu qu'obliger les athlètes russes à évoluer sous bannière neutre constituerait une "humiliation pour la Russie".
« Manipulation organisée »
"L'important, c'est que dans les conclusions de la Commission (exécutive du CIO, ndlr), il est écrit qu'il n'y a eu aucun système gouvernemental de soutien au dopage. C'est une conclusion importante", a ajouté mercredi 6 décembre le président russe.
Selon le rapport du juriste canadien Richard McLaren, commandé par l'AMA, un dopage institutionnalisé a pourtant été mis en place en Russie avec l'implication du ministère des Sports, des autorités antidopage russes et des services secrets (FSB) entre 2011 et 2015.
Les méthodes et substances de dopage répertoriées par l'Agence mondiale antidopage. |
Les deux commissions Oswald et Schmid, mises en place par le CIO, ont confirmé ces conclusions. L'enquête de la commission Schmid a ainsi confirmé "la manipulation organisée des règles et du système antidopage en Russie, via le système d'escamotage des échantillons positifs pendant les jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi", selon le CIO.
Ce sont ces conclusions qui ont poussé le CIO à prendre "par consensus", selon son président Thomas Bach, une sanction inédite : punir tout un pays pour dopage et lui interdire l'accès à sa compétition de référence.
L'organisation olympique a aussi décidé du bannissement à vie du vice-Premier ministre russe chargé des Sports Vitali Moutko, l'homme fort du sport russe depuis près d'une décennie, accusé d'être l'un des pivots du système de dopage.
"Je n'ai jamais donné l'ordre, par exemple au ministère des Sports ou à d'autres organisations, de gagner les Jeux. Il n'y a jamais eu une telle mission", s'est défendu Vladimir Poutine.
« Pas de preuves »
"La plupart des accusations sont basées sur des faits pour lesquels il n'y a pas de preuves du tout", a encore déclaré le président russe, s'en prenant à Grigori Rodtchenkov, ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou devenu lanceur d'alerte à l'origine des révélations, dont il a mis en cause la santé mentale.
Vladimir Poutine a toutefois reconnu que son pays était "à blâmer en partie" pour la décision du Comité international olympique de bannir la Russie.
Le nombre et l'identité des athlètes russes susceptibles de participer aux jeux Olympiques ne seront connus qu'après la prochaine réunion du Comité olympique russe (ROC), prévue le 12 décembre.
"J'espère et je suis confiant dans le fait que les athlètes russes +propres+ vont saisir cette opportunité pour prendre part aux prochains Jeux d'hiver pour représenter une nouvelle génération de sportifs +propres+", a encore déclaré M. Bach, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion de deux jours de la commission exécutive du CIO qui restera historique.
La majorité des sportifs russes, tout en regrettant la décision du CIO, souhaitent participer aux Jeux de Pyeongchang. "Il faut aller aux jeux Olympiques. Refuser, c'est se rendre", a déclaré le hockeyeur médaillé olympique Ilya Kovalchuk, cité par l'agence TASS.
"M'adressant aux athlètes, je veux dire qu'ils ne doivent absolument pas désespérer et continuer à s'entraîner pour les Jeux", a de son côté déclaré la star du saut à la perche, Yelena Isinbayeva, qui a entamé une reconversion politique.
"Si j'étais à leur place, j'irais aux JO", a également déclaré la légende du patinage artistique Evgeni Plushenko, cité par TASS, se disant même "content de la décision du CIO, car elle aurait pu être pire".