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Le logo du constructeur automobile allemand Audi en mai 2019 à Neckarsulm, dans le Sud de l'Allemagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Trois anciens membres du directoire d'Audi sont accusés d'avoir "eu connaissance" des manipulations de moteurs, et d'avoir tout de même "fait en sorte que les voitures en étant pourvues" puissent "continuer à être vendues", a affirmé le parquet de Munich jeudi 6 août.
Il s'agit du dernier épisode en date du "dieselgate", vaste scandale de moteurs truqués qui a plongé le secteur automobile allemand dans une crise dont il peine à sortir.
L'affaire a éclaté en septembre 2015, lorsque Volkswagen a reconnu le trucage de 11 millions de véhicules, permettant de faire apparaître ses moteurs moins polluants pendant des tests en laboratoire que sur les routes.
Audi, propriété de Volkswagen, s'est retrouvé au cœur de l'affaire, certaines responsabilités sur les moteurs incriminés revenant directement à la marque, notamment dans la recherche et le développement.
Le parquet n'a pas nommé jeudi 6 août les quatre dirigeants visés, mais, selon le quotidien économique Handelsblatt, il s'agit notamment de deux anciens directeurs de la recherche et d'un ancien directeur des achats.
Les moteurs truqués Volkswagen. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
De son côté, Audi compte "coopérer avec les autorités", a indiqué un porte-parole, tout en rappelant que "le principe de la présomption d'innocence continue de s'appliquer".
"Audi est devenue une nouvelle entreprise depuis les révélations", a en outre assuré un porte-parole de la marque.
Affaire tentaculaire
Ces inculpations de dirigeants ne sont pas les premières ordonnées par la justice allemande : l'ancien patron d'Audi, Rupert Stadler, et l'ex-Pdg du groupe Volkswagen, Martin Winterkorn, attendent déjà un procès sur cette affaire tentaculaire.
Rupert Stadler, alors patron d'Audi, en mars 2018 au siège du constructeur automobile à Ingolstadt, en Allemagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La première audience, concernant M. Stadler, jugé pour fraude aux côtés de trois autres cadres, est prévue pour le 30 septembre.
Il sera le premier haut responsable du groupe à répondre en Allemagne devant la justice, dans le cadre d'un procès qui devrait durer au moins jusqu'en décembre 2022.
L'actuel Pdg du groupe, Herbert Diess, et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, avaient eux aussi été renvoyés en septembre dernier pour manipulation des marchés financiers.
Mais ils ont évité un procès, moyennant une transaction financière de neuf millions d'euros, en vertu d'un accord avec la justice.
Au-delà des poursuites contre certains responsables du groupe, Volkswagen a déjà soldé une grande partie du volet pénal et civil en Allemagne.
30 milliards d'euros
Audi a réglé en 2018 une amende de 800 millions d'euros pour des "manquements" à son "devoir de surveillance" concernant l'homologation de voitures diesel.
Le groupe a de son côté accepté en avril de débourser au moins 750 millions d'euros pour indemniser 240.000 clients dans le pays.
Après une décision défavorable de la plus haute juridiction civile, le constructeur compte désormais proposer des accords à l'amiable pour solder une grande partie des 60.000 requêtes restantes dans le pays.
Mais il ne s'agit que d'une petite partie de la facture totale de l'affaire pour Volkswagen, soit plus de 30 milliards d'euros, dont une grande partie aux États-Unis, où le scandale a éclaté.
Mi-juin, un ancien responsable allemand chez Audi et Volkswagen, Axel Eiser, a d'ailleurs été arrêté en Croatie, à la demande des autorités américaines.
Il avait été inculpé en janvier 2019, aux côtés d'autres dirigeants du groupe, Richard Bauder, Stefan Knirsch et Carsten Nagel, tous responsables de la division développement des moteurs chez Audi en Allemagne.
Au civil, le dernier grand procès reste celui d'investisseurs demandant une indemnisation pour la dégringolade du cours de l'action après les révélations.
AFP/VNA/CVN