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Le bateau de croisière "Danielle-Casanova", de Corsica Linea, arrive à Marseille, France, le 2 juin. |
La Méditerranée concentrait beaucoup d'attentes en raison de la relative accalmie dont bénéficie l'Europe depuis le début de l'été en matière pandémique. Et la réouverture des six principaux ports grecs le 1er août résonnait comme la sirène d'un paquebot sur le départ.
Mais la décision lundi 3 août du numéro un du secteur, le croisiériste Carnival Cruise Line, de reporter ses premiers voyages, prévus cette semaine après plusieurs mois de suspension, faute de feu vert de l'Italie, montre que tous les obstacles sont loin d'être levés.
Le même jour, l'armateur norvégien Hurtigruten a aussi suspendu toutes ses croisières d'expédition après la découverte de 44 cas de nouveau coronavirus, principalement des membres d'équipage sur un de ses navires.
Dans la foulée, la Norvège a mis en place des restrictions sur les croisières le long de ses côtes. Et après avoir déjà immobilisé ce premier bateau, le pays en a placé mardi soir un deuxième en quarantaine, en raison de la détection d'un cas chez un passager danois débarqué quelques jours plus tôt.
Tous les passagers et membres d'équipage doivent désormais être testés, selon l'Autorité sanitaire norvégienne FHI.
"C'est la fin du confort. Désormais, chacun est enfermé indéfiniment dans sa propre cabine. Le room service va être très occupé, et il reste encore 10 jours (de quarantaine)", a twitté Rune Vidar Nordum, passager du deuxième bateau.
Contacté par l'AFP, il a toutefois assuré : "Nous allons bien et sommes bien pris en charge par le capitaine et le reste de l'équipage", dans un message accompagné d'une photo de deux coupes de champagne et de petits fours.
Pour autant les deux principaux armateurs en Europe, Costa Croisières et MSC Croisières, ne baissent pas les bras.
"Nous sommes prêts, nous avons travaillé très dur", a assuré mardi 4 août le patron de MSC Croisière, Gianni Onorato, lors d'une conférence de presse de présentation de ses nouveaux protocoles sanitaires.
"Nous sommes dans l'attente du feu vert des autorités italiennes", a-t-il ajouté, espérant pouvoir annoncer une très bonne nouvelle dans quelques jours".
De son côté, interrogé par l'AFP, Costa Croisières, marque de Carnival, dit "travailler à la planification de la reprise progressive de ses croisières, lorsque l'État du pavillon et les autorités des destinations définiront ce qu'il est possible de faire".
À problème sanitaire, réponse sanitaire
Le bateau "Danielle-Casanova" de la compagnie française Corsica Linea au port de Marseille, le 2 juin. |
"Les quelques signaux qui semblent émerger penchent davantage pour la deuxième quinzaine, voire la dernière semaine d'août", résume auprès de l'AFP Erminio Eschena, président de Clia France, l'association regroupant les principaux armateurs.
En attendant, les compagnies ont travaillé d'arrache-pied sur des protocoles sanitaires, rendus publics en début de semaine.
Les croisiéristes ont tenté d'anticiper chaque détail avec des contrôles répétés tant de l'équipage que des passagers, et des équipes médicales renforcées, notamment.
"Les mesures prises vont bien au-delà des recommandations d'instances comme l'OMS ou l'UE", estime M. Eschena.
Le bateau qui cache la filière
Face à un coronavirus friand d'espaces confinés, il s'agit de convaincre des autorités nationales toujours frileuses.
"Ce secteur présente un risque évident, comme l'ont montré certaines situations inextricables. Et cela touche plutôt un public de seniors, soit les plus fragiles", souligne auprès de l'AFP Didier Arino, directeur général du cabinet spécialisé Protourisme. "Il est difficile d'imaginer une véritable reprise tant qu'il n'y aura pas de vaccins".
La saga tragique du Diamond Pincess et de ses 4.000 personnes à bord, resté en quarantaine tout le mois de février au large du Japon, avec un nombre de contaminations qui a culminé à 700, est ainsi restée dans les mémoires.
Au-delà des compagnies, "c'est toute une filière de prestataires et des territoires privés de retombées économiques qui souffrent", complète M. Arino. De janvier à juin, le nombre de croisiéristes accueillis à Marseille a ainsi baissé de 84% comparé à l'an passé.
Donc aujourd'hui, relève M. Eschena, "il y a aussi une vraie attente locale pour cette reprise des croisières".
AFP/VNA/CVN