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Un avion de la compagnie Lufthansa décolle de l'aéroport Franz-Josef-Strauss de Munich (Allemagne) le 25 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le premier groupe aérien européen Lufthansa, qui prévoit de supprimer 22.000 emplois, a subi une perte nette de 3,6 milliards d'euros pour les six premiers mois, dont 1,5 milliard au deuxième trimestre, quand le pic de la pandémie a entrainé l'arrêt quasi total de l'aviation mondiale.
"Nous vivons une césure", a commenté le patron Carsten Spohr, qui ne s'attend pas "avant 2024" à un retour du trafic au niveau précédant la pandémie.
Avec un effondrement du nombre de passagers de 96% sur un an pour la période d'avril à juin, le chiffre d'affaires de Lufthansa a plongé de 80%, à 1,9 milliard d'euros.
Avec 1,5 milliard d'euros, la branche cargo et celle de maintenance, Lufthansa Technik, ont réalisé à eux seuls presque l'intégralité de ce résultat.
Pour cette division, le groupe "cherche des idées" et "étudie" la possibilité d'une introduction partielle en Bourse ou des partenariats pour générer des liquidités et rembourser plus rapidement les aides de 9 milliards d'euros accordées par le gouvernement allemand.
Les filiales Brussels Airlines et Austrian ont respectivement affiché des pertes d'exploitation semestrielles de 182 et 235 millions d'euros, et Swiss de 266 millions de Francs.
Licenciements
Pour atteindre 15% de productivité en plus, la compagnie, dont Berlin est devenu avec le sauvetage le premier actionnaire, est engagée dans un vaste programme d'économies et prévoit de supprimer 22.000 emplois équivalent temps plein.
"Comme l'ensemble des compagnies, nous faisons face à d'énormes défis et sommes forcés de faire des coupes dures et douloureuses", a expliqué M. Spohr.
La flotte, de 760 avions actuellement, sera réduite d'une centaine d'appareils, le directoire devra être réduit et 20% des postes de cadres seront supprimés. Mais, après avoir promis des solutions "innovantes" pour préserver l'emploi, le patron a jugé jeudi 6 août qu'il était devenu "irréaliste" que ces coupes se fassent sans licenciements. En cause : "l'évolution du marché" et des négociations pour le moment "décevantes" avec les syndicats sur des réductions de salaire ou plus de temps partiel. Un accord évitant des licenciements pour le personnel de cabine est actuellement soumis au vote des salariés.
Pour le personnel au sol, les discussions se poursuivront vendredi a annoncé le syndicat Verdi, appellant Lufthansa à éviter des coupes salariales "qui menacent l'existence des employés". 8.000 salariés ont déjà quitté le groupe, principalement dans d'autres pays et 75.000 employés étaient au chômage partiel en juin, a précisé M. Spohr.
Croissance de l'offre
Pour le reste de l'année, Lufthansa prévoit un résultat d'exploitation "clairement" négatif au deuxième semestre, malgré l'augmentation progressive de son offre. Comparé au niveau d'avant la crise, le groupe veut proposer au quatrième trimestre 55% de son offre de court et moyen courrier et 50% des long courriers, contre 20% en moyenne en juillet, avec la perspective d'atteindre deux tiers en 2021.
Depuis fin juin, la moitié de ses avions, quasiment tous cloués au sol au plus fort de la pandémie, sont de retour dans les airs et les vols touristiques reprennent mieux que les voyages d'affaires, plus rentables. En trois mois, Lufthansa a vu s'évaporer 1,4 milliard d'euros en liquidités, principalement à cause de remboursements aux clients, qui ont atteint le niveau inédit de 2 milliards d'euros au total depuis le début de l'année.
Avant la précieuse injection d'argent public par Berlin, négociée des semaines durant entre la direction, le gouvernement allemand, et la Commission européenne, avant d'être finalement approuvée fin juin par les actionnaires, 2,8 milliards d'euros restaient dans les comptes le 30 juin. Depuis début juillet, le groupe a obtenu 2,3 milliards d'euros : 300 millions par la montée de l'État au capital à hauteur de 20%, un milliard de prêt garanti et un milliard de fonds publics sans droit de vote. L'entreprise dispose désormais de fonds suffisants pour "au moins douze mois", a assuré M. Spohr, se montrant optimiste : "l'aviation s'est relevée par le passé ; elle peut le faire et le fera à nouveau".