Le diabète de type 2 (ou non insulino-dépendant) "affecte 200 millions de personnes dans le monde et accroît leur risque de maladies cardiovasculaires de 2 à 4 fois", souligne le Dr Henry Ginsberg, professeur de médecine à l'Université Columbia à New York.
Le Dr Ginsberg est l'auteur d'une des études cliniques présentées à la 59e conférence annuelle de l'American College of Cardiology (ACC) qui réunissait ce week-end à Atlanta (Géorgie, Sud) quelque 30.000 cardiologues, chercheurs et représentants des laboratoires pharmaceutiques.
Un de ces essais cliniques, avec 5.500 diabétiques, a révélé que le fait de doper le taux de bon cholestérol (HDL) avec des fibrates -le Tricor du laboratoire américain Abbott-, en plus du traitement normal de réduction du mauvais cholestérol (LDL) avec des statines, n'a pas permis de diminuer le risque d'infarctus ou d'attaques cérébrales.
Une seconde étude réalisée avec près de 5.000 diabétiques souffrant d'hypertension a ramené la tension artérielle systolique de la moitié de ces sujets au-dessous du niveau jugé normal de 120 millimètres, tandis que les autres ont été soumis à un traitement normal pour maintenir leur tension au-dessous de 140 mm.
Dans les 2 cas, un taux plus élevé de bon cholestérol et une réduction draconienne de la tension artérielle, n'ont eu aucun effet pour abaisser le risque cardio-vasculaire de ces diabétiques.
Le diabète est la septième cause de mortalité aux États-Unis et 65% de ces décès dont d'origine cardiovasculaire. Ces 2 essais cliniques ont été effectués dans le cadre de la grande étude dite ACCORD (Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes), financée surtout par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH). ACCORD a recruté au total plus de 10.000 diabétiques, âgés de 40 à 79 ans aux États-Unis et au Canada.
Un autre essai clinique présentée le 14 mars à Atlanta, baptisée INVEST (International Verapamil SR-Trandolapril) ayant porté sur 6.400 patients diabétiques souffrant déjà d'une maladie cardiovasculaire, a même montré qu'un abaissement excessif de la tension artérielle systolique sous 115 millimètres pourrait accroître la mortalité.
Une étude rendue publique à Atlanta a révélé à la surprise des cardiologues que l'antidiabétique Starlix du groupe pharmaceutique suisse Novartis n'avait pas permis de contrôler la progression de la maladie pour les sujets les plus atteints.
Ce même essai clinique dit "Navigator" a également montré que l'anti-hypertension Diovan, aussi vendu par Novartis, et testé seul ou en combinaison avec Starlix ou avec un placebo, n'a pas minimisé l'incidence cardiovasculaire de ces diabétiques. "Navigator" a été mené avec 9.306 participants dans 40 pays avec un suivi de 5 ans."Fait intéressant, concernant le Starlix, les effets ont même été contraires de ce qu'on attendait", a dit le Dr Robert Califf de la faculté de médecine de l'Université Duke à Durham (Caroline du Nord). Mais cette dernière étude a surtout démontré qu'un mode de vie sain "reste le meilleur choix pour prévenir le diabète chez des sujets à haut-risque", a conclu le Dr Rury Homan, professeur de médecine à l'Université d'Oxford au Royaume Uni.
Tous les participants à Navigator ont été astreints à un exercice régulier, une alimentation faible en graisse et une perte de poids maintenue de 5%, ce qui, selon ces chercheurs, expliquerait pourquoi le Starlix et le Diovan n'ont pas fait de différence et prouverait une fois de plus les bienfaits d'un mode de vie sain.
AFP/VNA/CVN