Les étudiants étrangers de Hanoi réunis à l’Institut de la francophonie pour l’informatique ont tous la langue de Voltaire en commun |
Les étudiants étrangers des masters francophones de la capitale étaient réunis ce jeudi 27 décembre pour se rencontrer et échanger sur leur expériences et leur projet professionnel. Ils étaient 70 issus de 14 nationalités différentes dans plusieurs domaines.
À Hanoi, 15 Masters francophones accueillent des jeunes pour maintenir autant que faire se peut la langue française sur le marché du travail international. Un tiers d’entre eux sont étrangers sur les 350 qui suivent ces cursus. «Paradoxalement, le plus difficile est de recruter des Vietnamiens, car ils doivent avoir un bon niveau de langue pour suivre les cours et faire une année préalable de français intensif. Ce qui implique de faire le master en 3 ans au lieu de 2. Alors qu’ils peuvent suivre une formation similaire juste à coté», commente Olivier Camp, co-directeur de l'Institut de la Francophonie pour l'informatique (IFI). De leur côté, les étrangers sont une écrasante majorité à venir du Laos, du Cambogde et de France : «Pour les deux premiers, je pense qu’ils sont plus nombreux car plus proches. Et c’est moins onéreux pour ceux qui veulent étudier ailleurs. Quand aux français, beaucoup de formations binomes et de partenariats ont été scellés avec les universités de l’Hexagone».
Des objectifs divers
Pourtant, l’explication n’est pas toujours si simple. Et si le français n’est pas une langue que l’on choisit pour une carrière internationale, les jeunes ont souvent d’autres motivations. Hugo vient de l’Université de Toulouse, il est en Master Architecture et paysage. Pour lui, le Vietnam, ce n’est pas seulement étudier à l’étranger : «En France, la notion de paysage est peu présente, et elle l’est réellement ici, c’est très interessant. Et puis les conceptions sont différentes, notamment celles du temps et des espaces qui sont plus étendus. On travaille donc tout à fait autrement. Ma vision de l’architecture s’est transformée». Du côté de Bunthoeurn, jeune Cambogien, en Master Management de l’action publique et des entreprises : «J’ai effectué ma licence de droit à Lyon 2 et j’avais envie de me spécialiser dans la gestion d’équipe, tout en poursuivant le français. Je sais que l’anglais ouvre plus de débouchés, mais j’aime cette langue et le système français. Il est plus strict, et on est attentif aux étudiants. Ensuite, je retournerai dans mon pays pour trouver un travail».
Tall, quand à lui, est burkinabé, et suis une formation en informatique depuis un an. S’il est au Vietnam, c’est parce qu’une opportunité s’est offerte à lui. «Je voulais faire mon Master hors de mon pays. Et l’IFI m’a occroyé une bourse. J’ai donc saisi l’occasion. Ensuite, je pense rentrer au Burkina-Faso». Même chose pour Farida, la seule algérienne de la promotion 2012-2013. Elle est arrivée en septembre dernier et repart dans deux ans : «Je suis venue pour la formation et non pour le pays, mais je me suis bien habituée. Et comme nous sommes très peu ici de mon pays, j’essaie de promouvoir le Vietnam en Algérie !». Les africains en général sont peu nombreux au Vietnam, et à Hanoi en particulier. Mais ils sont une dizaine à l’Institut de la francophonie pour l’informatique. Selon le co-directeur de l’IFI : «Nous essayons de promouvoir notre Master partout dans le monde, mais, plus que mes collègues des autres formations francophones, nous nous sommes beaucoup axés sur l’Afrique».
Le nombre de Masters francophones est en croissante augmentation. Il n’y en avait qu’un seul il y a 12 ans. À eux s’ajoutent des licences et autres diplomes d’ingénieur. D’autres formations sont également dispensées à Hô Chi Minh-Ville, dans une moindre mesure.
Texte et photo : Levesque Eloise/CVN