Des pistes pour développer l'industrie culturelle

Polymorphe, la notion d'industrie culturelle est encore récente au Vietnam. Compte tenu des besoins actuels de création comme de consommation de produits culturels dans toute la société, le développement d'une industrie culturelle est devenu désormais une nécessité.

Au début des années 1990, un nouveau concept de culture et d’art est apparu au Vietnam. On a ainsi commencé à les considérer comme un type spécifique de bien ou de service. Certains domaines tels que le cinéma, le théâtre, l'édition... ont été obligés d'employer pleinement la comptabilité pour mieux employer leurs investissements.

Aujourd'hui, si l'industrie culturelle contribue considérablement à la richesse de l'économie mondiale, le Vietnam n'en possède pas encore réellement une. Les activités culturelles dépendant des subventions de l'État sont éparses et peu efficaces. La responsabilité de la fabrication et de la distribution de produits culturels est principalement assumée par les entreprises publiques, le secteur privé et celui des organisations non gouvernementales demeurant peu impliqués. Ce constat a été dressé lors des derniers colloques à Hanoi sur l'industrie culturelle.

Par ailleurs, le budget consacré à la culture est modeste par rapport à autres secteurs, avec seulement 0,3% environ du PIB, avec pour corollaire une maigre contribution du secteur culturel à la structure de la production nationale... Dans les secteurs réputés pour leur diversité et leur abondance comme le cinéma, les arts de la scène et la musique, leurs chiffres d'affaires néanmoins sont médiocres.

Le théâtre traditionnel perd peu à peu ses spectateurs, reconnaît Truong Nhuân, sous-directeur du Théâtre Tuôi Tre (Jeunesse) à Hanoi.

En 2008, les entreprises artistiques publiques ont réalisé plus de 14.000 spectacles et enregistré plus de dix millions d'entrées. À l'époque des subventions de l'État voici une vingtaine d'années, elles avaient dépassé les 350 millions d'entrées en moyenne annuelle.

Les recettes annuelles des entreprises centrales frisent les 30 milliards de dôngs alors que le coût de financement de leurs investissements atteint près de 100 milliards de dôngs.

Le cinéma connaît lui aussi ses lacunes. Si la population est de plus de 87 millions de personnes, il n'y a que 40 sociétés de production cinématographique qui sortent chaque année un peu plus de dix longs métrages, d'après Lê Ngoc Minh, du Département du cinéma. Et le nombre de personnes fréquentant les salles obscures n'est que de 11 millions par an.

La situation n'est pas meilleure pour la musique, avec d'abord des compositeurs répartis en deux groupes. Celui des compositeurs entre deux âges qui connaissent déjà une certaine gloire et qui font face maintenant à plusieurs défis : manque de moyens financiers et de connaissance des technologies modernes, outre celle des moyens publicitaires et de distribution afin de toucher le plus large public... Et un second de jeunes capables d'organiser des spectacles attirant beaucoup de spectateurs, mais dont la qualité des créations n'est pas satisfaisante.

À quand l’avènement d’une industrie culturelle

La notion d'industrie culturelle demeure récente au Vietnam. Ces derniers temps, les autorités comme les professionnels commencent à s'y intéresser. Les besoins actuels de création comme de consommation de produits culturels dans toute la société sont de plus en plus importants, d'où la nécessité de développer une telle industrie. D'ailleurs, son essor permettra la création de richesse comme d'emploi. Autre remarque importante de Nguyên Danh Ngà, expert du Département de la planification et des finances au ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme, "créer une industrie culturelle est la première condition d'une culture moderne et riche d'identité nationale".

En mai 2009, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a approuvé la Stratégie de développement de la culture pour 2020 qui prévoit entre autres un développement rapide de l'industrie culturelle.

Pour ce, il faut d'abord un changement de mentalité. Les décideurs et gestionnaires doivent considérer la culture comme un secteur productif, capable de créer des produits de bonne qualité source de richesse économique comme intellectuelle sinon spirituelle. À partir de là, de meilleures orientations et politiques seront élaborées pour le secteur de la culture.

Par ailleurs, le développement d'une industrie culturelle doit se fonder sur l'institution et la progression d'un marché de la culture. Ainsi, il faut améliorer les modèles de gestion administrative, compléter son statut juridique afin de s'assurer d'un marché de la culture réel et sain. L'État doit adopter, selon Nguyên Danh Thuân, spécialiste du Centre national des expositions, des politiques spécifiques à ce secteur, que ce soit sur le plan fiscal ou de l'investissement, créer des fonds d'assistance des artistes ayant notablement contribué à la société, élaborer des politiques d'incitation de la créativité dans la culture et les arts.

Selon le directeur adjoint de l'Institut national de la culture et des arts, Luong Hông Quang, il faut évaluer de manière complète les activités culturelles du pays pour faire un état du lieu, déterminer leurs faiblesses, identifier les besoins pressants... Une telle évaluation permettra d'envisager les grandes phases de développement de cette industrie culturelle. Dans un contexte où les moyens financiers demeurent encore faibles, il faudra choisir pour chaque phase de création d'une telle industrie un secteur précis dans lequel concentrer l'investissement pour en accélérer la croissance. Le pays devra également appliquer strictement la réglementation de la propriété intellectuelle, à commencer par le droit d'auteur. En bref, les efforts de divers secteurs sont nécessaires afin de créer et développer une industrie culturelle propre au Vietnam.

Hoàng Hoa/CVN

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