Ces blocs de pierre, les locaux du Tây Nguyên les ont nommés l’éléphant père et l’éléphant mère. Tous deux se trouvent dans la commune de Yang Tao (district de Lak, province de Dak Lak), où réside notamment l’ethnie M’Nông.
La pierre d’éléphant père, au pied de la montagne Chu Tang Sin, province de Dak Lak. |
Selon Y’Ruê Ê Nuôl, âgé de 73 ans : «Personne ne sait quand sont apparues ces pierres. L’éléphant mère se trouve au milieu d’un champ et l’éléphant père au pied de la montagne Chu Tang Sin. Les locaux les appellent + génie des pierres d’éléphant + et leur rendent un culte».
De récit en récit
Le septuagénaire connaît la légende de la pierre d’éléphant père. D’après lui, ce bloc était d’abord un tas de boue sur lequel les enfants avaient l’habitude de s’amuser. Puis, la terre s’est durcie pour prendre l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Ainsi, cette roche présente toujours des traces de pas. En outre, au fil des mystères du temps, cette pierre s’est rapprochée de la montagne.
Selon différents récits, la pierre d’éléphant mère se situait à l’origine au nord de la commune, donnant ainsi sur le lac Lak. Mais une nuit, le bloc s’est déplacé au milieu d’un champ, au cœur d’une immense vallée. De fait, deux longs canaux se trouvent de part et d’autre de la pierre, preuves de son déplacement. «Il y a de nombreuses années, alors que H’Hoa, fille de Y’Thui Ê Duôn, se baladait sur le dos du bloc d’éléphant père, la terre s’est soudainement durcie, pour devenir pierre. Les pieds de H’Hoa sont restés prisonniers. M. Y’Thui a mobilisé toutes les forces du village pour sauver sa fille. En vain. Sept jours plus tard, H’Hoa était totalement recouverte par la roche. La jeune femme est néanmoins apparue dans les songes de ses proches, leur affirmant vivre heureuse avec Yang Tao, génie de la pierre et protecteur des villageois», explique Y’Ruê Ê Nuôl, en se basant sur des chroniques M’Nông.
Miracles amoureux
«Outre les traces de pas humains, on trouve également des empreintes d’animaux. Le trou blanc se trouve à l’endroit où H’Hoa a été engloutie par le génie de la pierre», affirme Mme H’Thoan, qui réside près de la roche sacrée, à Yang Tao.
La pierre d’éléphant mère, au milieu d’un champ, à Yang Tao, Dak Lak. |
Photo : TP/CVN |
Selon Y Niên H’Brông, âgé de 32 ans, la pierre d’éléphant père relève du sacré, notamment pour les couples. Ces derniers se rendent au pied de ce bloc, considéré comme le génie de l’amour, pour rendre leur idylle éternelle. Le trentenaire s’est ainsi confié pendant des heures à la pierre d’éléphant père sur la femme qu’il aimait en secret. Après un temps, le génie a exaucé ses vœux, permettant aux deux jeunes gens de former un couple heureux.
Y Ruê Ê Nuôl raconte également qu’un jour, des personnes se sont rendues à la pierre d’éléphant père pour la tailler. Du sang s’est alors mis à couler de celle-ci. Affolées, elles ont pris la poudre d’escampette et ne sont jamais revenues. C’est à partir de ce moment que la pierre d’éléphant père a cessé de muter. Néanmoins, les locaux pensent que les deux roches tendent à se déplacer, pour se retrouver l’une à côté de l’autre.
Parallèlement, ces deux monticules rocheux ont donné naissance à des sources d’eau souterraines. Les habitants de Dak Lak la boivent, afin que le génie leur apporte chance et santé. «Les pierres d’éléphants père et mère sont l’âme des M’Nông. Ces derniers les considèrent comme le génie protecteur de leur existence. Ces deux roches sont non seulement des traces historiques, mais font également partie intégrante de l’identité des M’Nông. Nous espérons que des scientifiques viendront dans notre commune pour apporter des réponses au mystère qui entoure ces monticules rocheux», remarque Y Khuong H’Long, vice-président du Comité populaire de la commune de Yang Tao.
Ces deux blocs occupent ainsi une place primordiale dans la vie des locaux, qui croient dur comme fer en leur pouvoir miraculeux.
Quê Anh/CVN