>> Indonésie : une île inhabitée pourrait accueillir les personnes infectées au COVID-19
Photo prise le 29 août d'Asep Muizudin Muhamad Darmini de profil, portant un masque. |
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À 35 ans, il est désormais relié à un respirateur alors que l'air vicié de la gigantesque capitale indonésienne représente une vraie menace pour ses quelque 30 millions d'habitants.
"Avant d'être hospitalisé, je me sentais épuisé", confie-t-il. "J'étais rapidement à bout de souffle en montant les escaliers. Mais je ne voulais pas me rendre à l'évidence, je pensais que c'était mon imagination". "Je me sens impuissant car même si j'essaie de positiver et de vivre normalement, mon corps ne peut pas lutter contre la pollution", ajoute-t-il.
Jakarta a été la ville la plus polluée au monde pendant quatre jours début août, selon la société de surveillance de la qualité de l'air IQAir basée en Suisse.
Fin août, une semaine avant l'ouverture d'un sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) à Jakarta, la production d'une méga-centrale électrique située à Suralaya, à une centaine de kilomètres de la capitale, a été réduite de moitié.
Mais l'opérateur n'a pas précisé si cette réduction de production était temporaire ou définitive, alors que malgré les protestations des mouvements de protection de l'environnement, la centrale doit encore être agrandie pour compter au total dix tranches, contre huit actuellement.
Infections en hausse de 20 à 30%
Selon Feni Fitriani Taufik, directeur de l'hôpital Persahabatan de Jakarta, spécialisé dans les maladies respiratoires, le nombre de cas d'infections et de pneumonie a augmenté "de 20 à 30%" entre mars et juillet 2023, par rapport à 2022, même s'il ne peut affirmer que la pollution en soit entièrement à l'origine.
Feni Fitriani Taufik (à droite), spécialiste des poumons, examine un patient pour des problèmes respiratoires à l'hôpital de Jakarta, le 21 août. |
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Si la pollution atmosphérique est liée à de nombreux facteurs comme la hausse des températures, les vents ou la topographie, les experts s'accordent à dire que les sources d'énergie polluantes comme les centrales électriques au charbon jouent un rôle clef.
Selon des chiffres du Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre (CREA), basé en Finlande, les émissions des centrales indonésiennes électriques au charbon ont été responsables de 10.500 décès en 2022, pour un coût de 7,4 milliards d’USD (6,9 mds EUR) en frais de santé.
L'Indonésie, dont la production électrique repose en grande partie sur des centrales à charbon, dont le pays est un gros producteur, s'est engagée à ne plus construire de nouvelles centrales à charbon à partir de 2023 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Fin août, treize entreprises industrielles des environs de Jakarta ont été sanctionnées pour non-respect des normes. Par ailleurs, des milliers de fonctionnaires de la capitale indonésienne ont été invités à télétravailler à compter de la fin août.
Selon le président Joko Widodo, un nouveau métro aérien inauguré le mois dernier à Jakarta et le transfert prévu d'une partie de l'activité vers la future capitale Nusantara en construction sur l'île de Bornéo, devraient également permettre de réduire le niveau de pollution.
Le président vient par ailleurs de créer un groupe de travail sur la pollution, mais qui soulève la critique car présidé par l'un de ses ministres, qui selon les médias, est lui-même actionnaire d'une entreprise possédant des intérêts dans des mines de charbon.
Avant cela, des recours ont été engagés contre l'État pour inaction. En 2021, un tribunal a estimé que le président Widodo et plusieurs responsables ont été négligents à protéger les habitants de Jakarta. Le gouvernement a perdu en appel mais a saisi la Cour suprême.
Problèmes à vie
"Le gouvernement ne semble pas parfaitement comprendre nos droits et ses obligations", juge Cempaka Asriani, maman d'un garçon de 6 ans qui a contracté une toux persistante.
Cempaka Asriani et son fils de six ans, qui a contracté une toux persistante en raison de la pollution de l'air à Jakarta, le 29 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ma réaction va au-delà de la colère", ajoute-t-elle. "Je suis si déçue que je me sens désespérée".
Pour le directeur de l'hôpital Persahabatan, "si les enfants développent des infections respiratoires fréquentes, le développement de leurs poumons pourrait être affecté. Cela pourrait entraîner des problèmes de santé à vie".
Comme Asep Muizudin Muhamad Darmini, la jeune femme assure qu'elle pourrait voter pour un candidat qui se soucie de la pollution, lors de l'élection présidentielle de février prochain, même si aucun candidat n'a encore présenté une vraie stratégie. "Je ne veux pas atteindre le point où nous devrons acheter de l'air pur", conclut Darmini.
AFP/VNA/CVN