Le directeur d'Europol, Rob Wainwright (centre), le 4 février lors d'une conférence de presse à La Haye. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il nous semble clair qu'il s'agit de la plus grande enquête de tous les temps sur des matches truqués présumés", a déclaré le directeur d'Europol, Rob Wainwright le 4 février lors d'une conférence de presse à La Haye, où siège Europol. Ces trucages, répertoriés à partir de 2008, étaient liés à des paris sportifs. Un cartel criminel basé à Singapour est à la tête de ces opérations. Il a réalisé plus de 8 millions d'euros de bénéfices dans le cadre des matches truqués, pour une mise totale de 16 millions d'euros.
C'est un "cartel criminel sophistiqué et organisé" qui "travaille avec des relais en Europe", a ajouté M. Wainwright, assurant qu'il écrirait au président de l'UEFA, Michel Platini pour lui transmettre les résultats de l'enquête. L'UEFA a assuré que les résultats de l'enquête seraient passés en revue par les "instances disciplinaires compétentes afin que les mesures nécessaires soient prises". "La coopération entre l'exécutif judiciaire et les organisations sportives a besoin d'être renforcée", a pour sa part réagi la Fédération internationale de football (FIFA) dans un mail.
En janvier, Interpol avait averti le monde du football que la corruption en son sein aidait à financer d'autres activités criminelles comme la prostitution ou le trafic de drogues.
380 matches identifiés
Dans un premier temps, quelque 380 matches truqués ont été identifiés, principalement en Europe, dans lesquels environ 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs, notamment, sont impliqués, a précisé l'enquêteur en chef de la police de Bochum (Allemagne), Friedhelm Althans.
La plupart des matches truqués ont été joués dans les championnats turcs, allemands et suisses, a indiqué Europol sans donner de liste détaillée, mais d'autres rencontres à travers le monde sont concernées. Sur les 425 suspects, 151 vivent en Allemagne et 66 en Turquie.
En Hongrie, aussi, 50 personnes, dont trois joueurs et quatre arbitres, sont soupçonnées d'avoir manipulé les "résultats de 33 matches", contre des pots-de-vin pouvant aller de 40.000 à 600.000 euros, a déclaré Bajan Nemeth, enquêteur de la police hongroise, à l'agence MTI. Europol a notamment montré les images d'un match entre les "moins de 20 ans" argentins et boliviens en 2010 remporté par l'Argentine sur un penalty plus que litigieux accordé par un arbitre hongrois dans le temps additionnel.
300 autres rencontres?
Deux rencontres de Ligue des Champions, dont une sur le sol britannique, ont en outre été mises en cause, a indiqué M. Wainwright, sans préciser lesquelles. Quatorze rencontres de qualification pour la Ligue Europa, sont aussi concernées. Le match ayant entraîné le plus grand bénéficie, 700.000 euros, serait une rencontre du championnat d'Autriche entre le Red Bull Salzbourg et Hartberg.
L'enquête a été menée par les autorités allemandes, finlandaises, hongroises, autrichiennes et slovènes en collaboration avec Europol et avec le soutien de huit autres pays européens. Quatorze suspects ont déjà été condamnés, pour un total de 39 ans de prison, mais une centaine d'autres doivent encore comparaître.
Cette première enquête, désormais close, a révélé qu'environ 300 autres matches auraient été truqués à travers le monde. Ils font l'objet d'une enquête. "Des sommes d'argent allant jusqu'à 100.000 euros par match ont été payées en liquide", a assuré M. Althans. Ralf Mutschke, ancien directeur d'Interpol devenu le M. Sécurité de la FIFA, avait averti le 16 janvier qu'aucune région du monde n'était à l'abri des matches truqués.
AFP/VNA/CVN