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Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai 2017, avant le débat télévisé de l'entre-deux tours de la dernière élection présidentielle. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Rien n'est joué et si le président-candidat est toujours donné vainqueur dans les sondages, dans une fourchette de 53 à 55,5%, il n'est pas à l'abri d'un faux pas ou d'une importante mobilisation de l'électorat anti-Macron. Une éventuelle forte abstention ajoute encore à l'incertitude.
Après la pause du dimanche de Pâques, retour lundi 18 avril sur le terrain pour la candidate d'extrême droite, à Saint-Pierre-en-Auge (7.500 habitants) dans le Calvados. "Je viens chercher la force du peuple" et "je suis très confiante, je pense que je vais gagner", a-t-elle lancé.
"Je souhaite que le débat se déroule sereinement. Nous n'avons pas du tout les mêmes idées, la même vision du pays, de ce que doit être l'économie, vers qui elle doit être tournée", a-t-elle indiqué lors d'un long bain de foule sous un soleil printanier.
"J'espère que ça ne sera pas ce que j'entends depuis une semaine, une succession d’invectives, de fake news, d'outrances", a-t-elle encore plaidé.
Elle s'en est une nouvelle fois pris au président-candidat qui "a fait le choix d'une forme de brutalité, d'outrance, qui n'était pas utile". "Mais ça cache en fait la vacuité de son projet qui se résume" notamment à "la retraite à 65 ans" et "à faire travailler à 6 euros de l'heure les gens qui ont le RSA", une affirmation elle-même vigoureusement démentie par Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron lors du meeting à Marseille, le 16 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après un débat raté en 2017, où elle était fatiguée et maîtrisait mal ses dossiers, Marine Le Pen estime être mieux préparée. Elle va maintenant s'isoler pour peaufiner ce duel télévisé. "Je vais travailler mon débat chez moi de manière tout à fait normale comme je prépare l'ensemble des émissions", a-t-elle dit sur France Bleu Normandie.
"Elle doit prendre du temps, arriver détendue. Le programme, elle le maîtrise. Elle voit très bien où vont porter les attaques de M. Macron", a indiqué le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, sur France Inter. "L'avantage de ce 2e débat, c'est que M. Macron n'est plus dans la même position. Il a un bilan. Ça va pas être la même histoire".
Pour Emmanuel Macron, le débat constituera "un moment de clarification". Sur la forme, "l'enjeu est d'être persuasif et convaincant sans prendre un ton trop professoral", souligne son entourage.
"Clivage profond"
Lundi 18 avril, Emmanuel Macron a de nouveau pris pour cible son adversaire sur un sujet régalien par excellence, la réforme des institutions, en se posant comme le garant du droit et du respect de la Constitution, espérant ainsi décrédibiliser Marine Le Pen.
"J'ai un clivage profond avec la candidate d'extrême droite, c'est que moi je suis pour réformer la Constitution en respectant les règles de la Constitution, ce qui me paraît justement être la définition même d'appartenir au champ républicain", a déclaré le président-candidat à France Culture dans un entretien enregistré vendredi 15 avril.
La présidente-candidate Marine Le Pen lors d'une conférence de presse, le 13 avril à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Au fond, une fois élue, elle considère qu'elle est supérieure à la Constitution, puisqu'elle peut ne pas la respecter pour en changer les règles, ça c'est une rupture, et c'est grave", a pointé M. Macron.
La candidate du RN compte soumettre au référendum son projet de révision constitutionnelle sur l'immigration et l'inscription de la "priorité nationale".
Le secrétaire d’État aux affaires européennes, Clément Beaune, a également fustigé "des revirements, des incohérences et des inconséquences de Marine Le Pen (...)", citant la peine de mort et l'interdiction du voile islamique dans l'espace public.
"Affaire compliquée"
Plusieurs lieutenants de la candidate ont affirmé que cette interdiction du voile, présente dans le projet initial de Marine Le Pen, n'était plus sa priorité dans la lutte contre l'islamisme.
Lundi 18 avril, le Rassemblement national tentait toujours de clarifier sa position précise. La question du voile "est une affaire compliquée", a reconnu sur France Inter le maire RN de Perpignan. "Ce sera un débat parlementaire et, à ce moment-là, le choix sera fait".
Et pour le camp Macron, pas question de laisser Marine Le Pen poursuivre sa politique de "normalisation". Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a ainsi jugé que le conflit en Ukraine constituait "un point de détail" pour Marine Le Pen.