France
Présidentielle : le ton monte entre Macron et Le Pen

Les deux finalistes à la présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés mardi 12 avril à distance, se répondant du tac au tac sur la réforme des retraites, les institutions et l'Europe.

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Graphique montrant pour qui avaient voté au premier tour de l'élection présidentielle en 2017 les communes qui ont placé le 10 avril Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête.

Engagés dans une rude bataille pour un second tour à suspense le 24 avril, avec un léger avantage dans les sondages pour le président-candidat, ils tentent d'élargir leur base électorale, notamment à gauche du côté des électeurs très courtisés du leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 21,95% des voix au premier tour. Lors d'un meeting en soirée à Strasbourg, M. Macron, qui a été chahuté par des personnes criant "Mélenchon" ou "rends l'ISF", a attaqué son adversaire d'extrême droite sur l'Europe, dénonçant sa volonté de "sortir de l'Union européenne", sans le dire.

"Cette élection est aussi un référendum sur l'Europe", a-t-il lancé en défendant sa vision européenne y compris au niveau social et dans la lutte contre les inégalités ou l'évasion fiscale. "L'Europe qui est la nôtre n'est pas une alliance de nations qui veulent se faire la guerre, c'est un projet de respect", alors que les "rêves d'empire reviennent", a-t-il ajouté, citant la Russie.

Auparavant, à Mulhouse, il avait dénoncé "les carabistouilles de madame Le Pen" sur l'Europe. Interrogée au JT de 20H de TF1, la candidate RN a répliqué qu'elle n'avait pas l'intention de sortir de l'Europe : "c'est totalement faux". Elle a dit vouloir baisser la contribution financière nette de la France à l'UE, de neuf à quatre milliards d'euros, et retrouver la maîtrise des frontières et de l'immigration, ce qui passera par un référendum.

"Révolution"

Marine Le Pen a longuement évoqué les questions institutionnelles lundi 11 avril, parlant d'une "nécessaire revitalisation de la démocratie". Lors d'une conférence de presse à Vernon, dans l'Eure, elle a proposé une "révolution référendaire" car "seul le peuple devrait avoir la possibilité de réviser la Constitution", selon elle sans l'accord préalable du parlement. La candidate RN, qui a fait des scores élevés chez les jeunes et classes populaires, défend notamment les référendums d'initiative citoyenne, au cœur des demandes des manifestants lors de la crise sociale des "gilets jaunes" en 2018 et 2019.

Elle souhaite réviser la Constitution pour notamment y faire entrer le principe de "priorité nationale" et la primauté du droit national sur le droit international. Et plaide pour un septennat non renouvelable. Depuis Mulhouse où il était en déplacement toute la journée, le chef de l'État lui a répondu en estimant que "c'est pas vrai qu'on peut réviser la Constitution de manière directe". Sur le septennat, "un bon rythme pour la présidentielle" et "une bonne respiration par rapport au rythme des législatives", il a par contre défendu "le caractère renouvelable" de ce mandat, puisque "ça dépend du peuple".

Cartes de France métropolitaine montrant les communes où Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle en 2017 et en 2022, résultats officiels au 11 avril à 04h30.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les deux rivaux se sont également livrés à un échange musclé sur la réforme des retraites. Assailli toute la journée de lundi 11 avril sur son projet d'âge de la retraite à 65 ans, Emmanuel Macron a fini par lancer un signal fort vers l'électorat populaire en se disant prêt à "bouger" sur ce totem de son programme, entrouvrant la porte à un âge de départ à 64 ans. Mais pour sa rivale RN, qui défend le maintien de la retraite à 62 ans, le président sortant "ira au bout de son obsession" sur la retraite à 65 ans s'il est réélu, voyant dans l'amendement de son projet une simple "manœuvre" vis-à-vis des électeurs de gauche.

"Je n'ai aucune confiance dans Emmanuel Macron, mais aucune, et encore moins à dix jours du second tour", a-t-elle dit sur France Inter. M. Macron a répété qu'il maintiendrait le principe d'un recul de l'âge de départ de quatre mois par an dès 2023. Mais il faut "ouvrir le jeu", avec une "clause de revoyure" en 2027. Critiqué avant le premier tour pour une campagne en pointillé avec peu de déplacements et un seul meeting, il a voulu donner une image radicalement différente de l'entre-deux-tours : "Je fais du terrain", a-t-il assumé. "Faire campagne, ce n'est pas qu'aller devant des soutiens. Je vais dans des territoires qui n'ont pas voté pour moi", a-t-il lancé. Les villes de Mulhouse et Strasbourg ont donné plus d'un tiers de leurs suffrages à Jean-Luc Mélenchon, un électorat clef pour le second tour.

Sarkozy soutient Macron

Mardi matin 12 avril, sur France Inter, Marine Le Pen a dénoncé la "trahison" du leader Insoumis vis-à-vis de ses électeurs, appelés à ne pas donner une voix à l'extrême droite, alors que, selon elle, Emmanuel Macron a mené "une politique violemment antisociale". "Un certain nombre d'électeurs de Jean-Luc Mélenchon peuvent être intéressés par cette protection que je leur offre", a-t-elle fait valoir sur TF1 en vantant son programme de protection sociale.

Enfin, le président-candidat a engrangé deux soutiens de marque mardi: celui de l'ex-président Nicolas Sarkozy - qui n'avait jamais apporté son soutien au premier tour à la candidate LR Valérie Pécresse -, ainsi que l'appui de l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, éjecté du premier tour de la présidentielle de 2002 par un certain... Jean-Marie Le Pen. Les centristes de l'UDI ont eux aussi signalé leur soutien à M. Macron pour le second tour.


AFP/VNA/CVN

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