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Une petite fille se couche sur le cercueil de l'une des trois victimes de la fusillade de la mosquée de Québec, le 3 février 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans le Centre des congrès de Québec, aménagé pour l'occasion en mosquée, plus de 5.000 personnes ont rendu un dernier hommage aux Canadiens d'origine guinéenne Mamadou Tanou Barry et Ibrahima Barry (aussi nationalisé Français) et à celui d'origine marocaine, Azzeddine Soufiane.
Respectivement comptable, fonctionnaire et épicier, ces hommes âgés de 39 à 57 ans, ont succombé dimanche soir 29 janvier aux balles tirées par un étudiant québécois de 27 ans, proche de l'extrême droite.
Surmontés de trois grandes couronnes de fleurs blanches, les cercueils étaient posés sur un catafalque.
Les funérailles nationales de trois autres victimes, d'origine algérienne et tunisienne, ont été célébrées jeudi à Montréal.
"Notre ennemi n'est pas Alexandre Bissonnette, notre ennemi est l'ignorance", a dit l'imam Hussein Guillet en référence à l'étudiant inculpé de meurtre et de tentative de meurtre.
"On vit côte à côte mais on ne se connait pas", a regretté l'imam arrivé au Québec du Liban il y a plus de 40 ans en lançant un vibrant appel à l'unité dans un français mâtiné de l'accent québécois.
Mots empoisonnés
Des milliers de personnes assistent aux funérailles des trois victimes de la fusillade de la mosquée de Québec à Québec, le 3 février 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Alexandre Bissonnette, avant d'être un tueur, était une victime", atteinte "de la balle des mots empoisonnés. Il doit être la dernière de ces victimes", a lancé l'imam, chaudement applaudi par une foule où QuébécoiQuébécoi8s côtoyaient Canadiens d'adoption.
L'imam a déploré que des gens vivant depuis plus de 30 ans dans la capitale du Québec doivent être portés en terre à Montréal, faute de cimetière musulman à Québec, ville où vivent pourtant plus de 6.000 personnes de cette confession.
Le message a été entendu. "Je veux vous dire : vous aurez ce cimetière musulman", a lancé à la foule le maire de Québec, Régis Labeaume, lui aussi vivement applaudi.
Justin Trudeau a invité la population "à réfléchir aux paroles qui visent certains de nos concitoyens en les excluant, en les rabaissant sur la base de leurs origines ou de leur religion".
"Il est plus que temps que les auteurs de tels discours, qu'ils soient politiciens, animateurs, ou autres personnalités publiques, se rendent compte du tort que leurs mots peuvent causer", a-t-il tancé dans une allusion implicite à des médias populistes de Québec accusés d'attiser les tensions envers les musulmans.
"Extirpons de notre société la haine, les préjugés et le racisme", a renchéri Philippe Couillard, Premier ministre du Québec.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (droite) et le Premier ministre du Québec Philippe Couillard lors des funérailles des trois victimes de la fusillade de la mosquée de Québec, le 3 février 2017. |
"Ça fait chaud au cœur", s'est exclamé Abdelmalek Elganah, 42 ans, un Marocain installé au Québec depuis 12 ans. "Il faut mieux se connaître. Je pense que c'est plus l'ignorance que la haine qui cause ce genre de tragédie", a-t-il dit.
Pour le Canada, cette tragédie, l'une des pires à frapper des musulmans dans un pays occidental, est comme une déflagration culturelle, marquée par l'apparition au grand jour de mouvements ouvertement racistes au Québec.
Juste à Montréal, 11 crimes et 41 incidents haineux, dont la profanation jeudi d'une mosquée, ont été rapportés depuis l'attentat de Québec, a indiqué la police dans un communiqué.