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La campagne de vaccination contre la grippe démarre mardi 18 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a tout intérêt à se faire vacciner rapidement pour les gens à risque", prévenait début octobre l'immunologiste Jean-Daniel Lelièvre, lors d'un point presse de l'ANRS, agence publique de lutte contre les maladies infectieuses.
Ce sera possible dès mardi 18 octobre. Les personnes ciblées pourront se faire vacciner gratuitement contre la grippe, chez un médecin, une pharmacie, un infirmier ou une sage-femme.
Ces personnes comprennent essentiellement les plus de 65 ans, les femmes enceintes, les obèses sévères (IMC supérieur à 40) et les patients atteints de certaines maladies chroniques comme le diabète.
Le vaccin contre la grippe leur sera réservé jusqu'au 15 novembre. Par la suite, tous les Français pourront en bénéficier mais à leurs frais s'ils ne font pas partie de la cible.
Actuellement, la grippe se résume à quelques cas sporadiques en France, et il est impossible de savoir quelle ampleur prendra l'épidémie. Mais plusieurs experts s'inquiètent déjà d'une année difficile.
"Il y a plusieurs raisons", a détaillé Jean-Daniel Lelièvre, évoquant notamment les données venues des pays de l'hémisphère Sud, dont l'Australie : l'épidémie de grippe, qui s'y déroule avant les pays du Nord, s'y est traduite par des symptômes assez sévères.
"On fait moins attention"
Mais les inquiétudes proviennent aussi, à plusieurs titres, du contexte lié à la pandémie de COVID-19.
Après bientôt trois ans, "on utilise beaucoup moins le masque, on fait moins attention", souligne l'immunologiste.
Autre élément négatif, l'an dernier, dans un contexte brouillé par le lancement d'une campagne de vaccination de rappel contre le COVID-19, les Français se sont peu fait vacciner contre la grippe: à peine plus de la moitié des personnes éligibles l'ont fait.
"Donc l'immunité a tendance à baisser en population générale", a conclu M. Lelièvre.
Cette année, à nouveau, les autorités sont mises au défi de la double vaccination contre la grippe et le COVID.
Une nouvelle campagne de rappel est à l'oeuvre contre ce dernier et, avec la grippe, les cibles se recoupent largement. Parmi les quelques divergences, les personnes entre 60 et 65 ans sont concernées par la vaccination anti-COVID et non anti-grippe.
Pas d'inquiétude, a priori, en matière d'offre. Le géant français Sanofi, qui fournit environ la moitié des vaccins dans le pays, a fait état d'une production "largement supérieure à la demande".
D'une pierre deux coups
Dans une ferme de volailles à Crannes-en-Champagne, en France. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le risque concerne plutôt un manque de lisibilité au niveau de l'articulation entre les deux vaccinations: au lieu d'un lancement commun, la campagne anti-COVID a commencé début octobre.
En cause, l'émergence à la rentrée d'une nouvelle vague de COVID, qui a poussé les autorités sanitaires à se presser.
Pourquoi, alors, ne pas avancer la campagne contre la grippe ? "Si on commence trop tôt, (...) on prend un risque que les personnes ne soient pas couvertes si on a une épidémie de grippe tardive", explique-t-on au ministère de la Santé.
Or, à la saison dernière, l'épidémie de grippe a justement été exceptionnellement tardive : elle a culminé au début du printemps et non, comme d'habitude, au tournant de la nouvelle année.
En tout état de cause, les autorités sanitaires aimeraient bien inciter les Français éligibles à faire d'une pierre deux coups : se faire vacciner contre le COVID dans un bras, et contre la grippe dans l'autre.
"Un certain nombre de nos concitoyens ont des réticences (et) on respecte ça" malgré l'absence avérée de risque, admet-on au ministère. Mais "le message c'est quand même d'avoir les deux vaccinations dans un laps de temps relativement court".
Au-delà de la seule vaccination, les autorités essaient d'ailleurs d'articuler un discours qui englobe la lutte contre les deux maladies, à un moment où la vague actuelle de COVID rencontre relativement peu d'écho médiatique malgré des hospitalisations et des décès en hausse.
"Il ne faut pas banaliser" le COVID, a déclaré jeudi 13 octobre le ministre de la Santé, François Braun, "Il faut protéger également de la grippe. Ça tombe bien, les gestes barrières, ils protègent de l'un comme de l'autre".
AFP/VNA/CVN