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L'homme d'affaires Albert Frère, le 27 octobre 2014 à Paris aux obsèques de Christophe de Margerie, Pdg de Total. |
Le Pdg de Total Patrick Pouyanné a été un des premiers à lui rendre hommage, assurant que l'envergure mondiale du groupe pétrolier français devait "beaucoup" à la fusion en 1999 avec Petrofina, dont le Belge était actionnaire.
Avec des propos similaires célébrant le "grand visionnaire" Albert Frère, d'autres grands patrons français, Bernard Arnault (LVMH), Alexandre Ricard (Pernod Ricard), et Gérard Mestrallet, ancien Pdg d'Engie (ex-GDF Suez), ont aussi exprimé leur tristesse. "Il a été pour moi un soutien considérable, un partenaire fidèle et un conseiller intime pour la construction des groupes Suez-Lyonnaises des Eaux, GDF Suez puis Engie", a salué M. Mestrallet dans un communiqué. "Son souvenir ne s'effacera pas".
La holding Groupe Bruxelles Lambert (GBL) a annoncé lundi matin 3 décembre le décès de son ancien patron, resté président d'honneur après avoir passé le relais en 2015 au duo constitué de Ian Gallienne, son gendre, et Gérard Lamarche. GBL, société cotée depuis plus de 60 ans, revendique une capitalisation de 15 milliards d'euros à fin septembre 2018 et un portefeuille de participations évalué à 19 milliards.
Albert Frère était considéré par le magazine américain Forbes en 2018 comme la 281e plus grosse fortune mondiale, et la première en Belgique, avec un patrimoine estimé à environ 5 milliards d'euros.
Bâtisseur d'empire
Né le 4 février 1926 à Fontaine-l'Evêque, près de Charleroi (Sud), en plein bassin sidérurgique belge, l'homme avait su, grâce à son génie commercial, bâtir un empire à partir de la petite entreprise familiale d'articles de ferronnerie.
"Fils d'un marchand de clous", comme le rappelait le titre d'une biographie du journaliste français José-Alain Fralon, il était peu doué à l'école, et a dû son ascension à son flair autant qu'à son culot. "En affaires, c'est surtout le premier million qui compte", dira un jour à un de ses amis l'entrepreneur belge, réputé bon vivant, mais très discret sur ses affaires.
Il prend d'abord la tête de la maison familiale Frère-Bourgeois. Puis il construit progressivement une société de commercialisation de l'acier qui devient la première de Belgique, exportant en pleine guerre froide ses lingots d'acier jusqu'en URSS ou en Amérique latine.
À 28 ans, au milieu des années 1950, il prend une participation dans les laminoirs du Ruau à Monceau-sur-Sambre, avant de se rendre maître de deux autres forges. Vingt-cinq ans plus tard, il contrôle pratiquement toute la production sidérurgique de Charleroi en Belgique.
En 1982, après huit ans de crise de la sidérurgie, Albert Frère cède ses intérêts dans l'acier aux pouvoirs publics.
C'est à cette époque qu'on commence en Belgique à l'accuser d'avoir fait fortune en vendant les joyaux de l'économie du royaume, un reproche qui reviendra souvent par la suite. Mais l'opération lui fournit un capital important, qui lui ouvre les portes de la haute finance.
AFP/VNA/CVN