>>Volkswagen veut aussi ses "gigafactories" de batteries pour concurrencer Tesla
>>Tesla gagne pour la première fois de l'argent sur une année entière
>>Elon Musk devient officiellement l'homme le plus riche du monde
Un modèle de voiture électrique, l'ID.4, présenté au siège de Volkswagen, à Wolfsburg en Allemagne, le 26 octobre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pareille ambition de la part du constructeur phare de l'ère des moteurs thermiques avait laissé les observateurs sceptiques. Surtout après le scandale du dieselgate qui a coûté à Volkswagen (VW) des milliards d'euros et une partie de sa réputation.
Mais cette semaine, le regard a changé avec l'annonce d'un plan offensif pour dominer le marché d'ici 5 ans, fondé sur l'ouverture de six usines géantes de batteries en Europe.
"Volkswagen est le nouveau Tesla", a décrété le Financial Times en référence à la start-up californienne devenue le modèle de l'innovation électrique. Et son patron vedette, le "Technoking" Elon Musk, doit se méfier du "Technokaiser" Diess, prévient Bloomberg.
"Notre transformation sera rapide, sans précédent et d'une ampleur jamais vue dans l'industrie automobile en un siècle", a assuré Herbert Diess lundi 22 mars.
La promesse est jugée crédible par beaucoup. L'expert Tatsuo Yoshida, de Bloomberg Intelligence au Japon, estime que VW a "le potentiel" pour prendre la première place du marché électrique "dans quelques années".
"La combinaison entre ressources financières et capacités de production font de Volkswagen le mieux placé" pour attaquer Tesla même si "ça ne sera pas facile", explique Karl Brauer, analyste du site Carexpert.
"Sauver la face"
La bataille livrée par le Pdg de 62 ans, arrivé à la tête de VW en 2018, se teinte d'admiration pour le fantasque Elon Musk, 49 ans, avec lequel Herbert Diess, entretient, selon un proche, une relation amicale et échange régulièrement par mail.
Le dirigeant de Volkswagen, Herbert Diess, le 5 mars à Martorell, en Espagne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En présentant sa stratégie dans le cadre d'un "Power day" soigneusement mis en scène, le constructeur allemand souhaitait marquer les esprits aux États-Unis.
Pari réussi : les investisseurs américains, dont des petits porteurs rassemblés sur des forums en ligne, se sont rués sur l'action.
En une semaine, celle-ci a pris plus de 15% à la bourse de Francfort, faisant de l'entreprise de Wolfsburg la plus valorisée du Dax avec plus de 130 milliards d'euros de capitalisation.
L'objectif affiché du patron, 200 milliards, apparaît à portée de main - alors que Tesla pèse 619 milliards d'USD (519 milliards d'euros).
La "transition à marche forcée" de Volkswagen est désormais "reconnue par le marché", commente auprès de l'AFP Eric Kirstetter, du cabinet Roland Berger en France.
Après le scandale des moteurs diesel truqués, Volkswagen n'avait d'autre choix que de faire un "bond en avant" pour "sauver la face", rappelle Matthias Schmidt, expert de la mobilité électrique basé en Allemagne.
Volkswagen a décidé dès 2015 de développer une base technique unique dédiée à l'électrique, utilisée pour la première fois sur le modèle ID.3 sorti à l'automne.
Cette stratégie est considérée par Patrick Hummel, analyste chez UBS, comme "le pari sur l'électrique le plus significatif d'un constructeur traditionnel", alors que d'autres fabricants privilégient des plateformes mixtes, combinables avec plusieurs technologies.
Logiciels
Le géant VW veut aussi miser sur son atout principal : les économies d'échelle.
"Tesla apprend en vue de fabriquer de gros volumes, mais des groupes comme Volkswagen les ont déjà" décrypte Subodh Mhaisalkar, directeur exécutif de l'institut de recherche en énergie à l'Université de technologie de Nanyang à Singapour.
Le Pdg de Tesla, Elon Musk, sur le site d'une future usine de véhicules électriques à Gruenheide, près de Berlin, le 3 septembre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette taille a aussi ses inconvénients : chaque décision majeure est prise en consensus, non seulement avec le puissant chef du comité d'entreprise, mais aussi avec les directions des 12 marques du groupe englobant Audi, Porsche, Seat ou encore Bugatti.
Et outre la technologie électrique, Volkswagen doit rattraper Tesla dans le domaine des logiciels, l'autre nœud de la guerre automobile.
"Tesla devrait rester en général leader de l'électrique grâce à des avantages sur les batteries et la conduite autonome", où les constructeurs traditionnels peinent à innover, note Ben Kallo, analyste du cabinet américain Baird.
"Volkswagen n'est peut-être pas Apple, mais le Samsung du monde électrique", résume le rapport UBS. Et sur Twitter, M. Diess compte encore 49 millions de followers de retard sur Elon Musk.