Dans un hôpital de Londres, les soignants font bloc contre le virus

Soumis à l'intense pression de la vague de patients atteints par le coronavirus dans le pays d'Europe le plus touché par la pandémie, l'hôpital King's College de Londres fait face, quitte à pousser les murs, et ses équipes de soignants font bloc.

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Des membres du personnel de soins intensifs s'occupent d'un patient atteint du COVID-19 à l'hôpital King's College de Londres, le 27 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

"On fait du mieux qu'on peut. Et on le fait dans des conditions très difficiles", explique Jenny Towsend, médecin qui intervient en soins intensifs, lors d'une visite de journalistes dans l'établissement.
L'hôpital du sud de la capitale britannique a connu récemment un pic, avec près de 800 patients atteints par le virus. Depuis le confinement - le troisième au Royaume-Uni - instauré au début du mois face à l'explosion des contaminations attribuée à un nouveau variant plus contagieux, le chiffre est tombé à 630.
L'hôpital a dû pousser les murs. L'unité où travaille la Dr Jenny Towsend, d'une capacité théorique de 16 patients, en accueille 30. Deux lits trouvent leur place dans un espace conçu pour un seul.
En temps normal, en soins intensifs, une infirmière veille sur un patient. Actuellement, chacune doit s'occuper de quatre malades.
Malgré ces circonstances exceptionnelles qui poussent le système de santé au bord de la rupture, "on essaie de procéder au plus près de ce qu'on fait en temps normal, mais il arrive, à cause du nombre de patients, qu'on doive faire des priorités entre ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas faire", explique Jenny Towsend.
Mais avec la campagne d'immunisation en cours, plus de sept millions de personnes ont été vaccinées au Royaume-Uni, "on aperçoit la lumière au bout du tunnel", juge-t-elle.
"L'impression de disparaître"
Malgré les effets du confinement et le recul des contaminations, "les admissions continuent tous les jours à l'hôpital", souligne-t-elle.
Le répit n'est pas pour tout de suite. "On peut être malade pendant 10 jours avant que le besoin en oxygène grimpe et qu'ont ait besoin d'être placé sous respirateur, je pense qu'on va encore avoir pas mal d'admissions avant peut-être une accalmie en soins intensifs."

Des infirmières aident le patient Justin Fleming à remarcher après avoir été malade du COVID-19, à l'hôpital King's College de Londres, le 27 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Hospitalisé depuis la mi-janvier, Justin Flemming, patient de 47 ans, souligne l'écart "énorme" qui existe "entre la perception du public de tout ça et le fait d'y être soi-même".
"On ne voit pas ce qui se passe pour les patients, les médecins, la manière dont ils doivent soigner dans une telle situation", souligne, assis sur son lit, ce père d'un enfant de trois ans.
"Le truc" avec ce virus, "c'est que vous avez l'impression de disparaître", poursuit-il, le souffle court, évoquant la terreur à l'idée de ne peut-être plus voir ses proches, "d'être un ami disparu, juste une statistique" parmi les 100.000 morts que déplore le Royaume-Uni.
Pour maintenir le lien avec les proches dans un contexte où les visites sont inenvisageables, Berenice Page, intermédiaire avec les familles, est là, tablette à la main, pour organiser des appels vidéo.
"C'est très dur de voir le désespoir dans lequel se trouvent certaines familles", explique-t-elle, "on parle souvent à des gens dont les proches vont mourir".
"Les médias regorgent d'informations sur le COVID, ça ne fait qu'augmenter leur anxiété, poursuit-elle, néanmoins, ça les apaise de voir qu'ils peuvent nous parler".
Pour Felicia Kwaku, responsable des soins infirmiers, "il faut prendre chaque moment comme il vient", "chaque garde comme elle vient" : "On peut tomber et se relever, être démoralisé et se reprendre, pleurer, avoir besoin de parler à un collègue... mais on est là pour prendre soin des patients et prendre soin les uns des autres."

AFP/VNA/CVN

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