Après la quarantaine, l'OMS entame son enquête à Wuhan

Les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont sortis de quarantaine jeudi 28 janvier à Wuhan, prêts à entamer leur enquête sur les origines du nouveau coronavirus, plus d'un an après l'apparition de l'épidémie dans cette ville du centre de la Chine.

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Les experts de l'OMS quittent leur hôtel à Wuhan après la fin de leur quarantaine le 28 janvier 2021 pour entamer leur enquête.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après deux semaines enfermés dans un hôtel de la métropole chinoise, une dizaine de membres de l'équipe sont montés à bord d'un autocar qui les a emmenés vers une destination inconnue. L'enquête, que la Chine a mis plus d'un an à organiser, est d'une extrême sensibilité pour le régime communiste, qui cherche à évacuer toute responsabilité dans le déclenchement de l'épidémie. Alors que le pays est arrivé à enrayer la contagion sur son sol, le virus s'est répandu à la surface du globe, tuant plus de 2,1 millions de personnes.

Le bilan officiel chinois fait état très exactement de 4.636 morts, dont la grande majorité à Wuhan (près de 3.900), ville mise en quarantaine pour 76 jours à partir du 23 janvier 2020. Les experts du gouvernement chinois avaient dans un premier temps expliqué que l'épidémie était apparue dans un marché de Wuhan, où étaient vendus vivants des animaux sauvages. Le virus aurait ainsi été transmis de la chauve-souris à une autre espèce animale avant de se communiquer à l'homme.

Hypothèses contre hypothèses

Le marché est fermé depuis plus d'un an et dissimulé derrière une longue palissade bleue. Mais les médias chinois, contrôlés par le Parti communiste au pouvoir, ont progressivement évacué cette théorie pour une autre, non démontrée, selon laquelle le virus aurait pu être importé en Chine, notamment via de la viande congelée. L'OMS a écarté la thèse d'une contamination via l'alimentation mais de nombreux Chinois semblent à présent convaincus que la pandémie est d'origine américaine.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a lui-même suggéré sans preuve l'an dernier que le virus aurait pu être introduit à Wuhan fin 2019 par des soldats américains venus participer à une compétition sportive. Hors de Chine, diverses théories ont également circulé, notamment celle d'une transmission du virus, accidentellement ou non, à partir du laboratoire de virologie de Wuhan, où étaient fabriqués expérimentalement des coronavirus.

Le laboratoire comme le gouvernement chinois ont fermement démenti cette hypothèse, évoquée notamment par l'ancien président américain Donald Trump. Pour l'heure, l'OMS se garde bien de trancher. "Toutes les hypothèses sont sur la table. Il est clairement trop tôt pour parvenir à une conclusion sur l'endroit où est né ce virus, que ce soit en Chine ou hors de Chine", a déclaré la semaine dernière à Genève le directeur chargé des questions d'urgence sanitaire à l'OMS, Michael Ryan.

Washington aux aguets

Le programme des chercheurs n'est pas connu et rien ne garantit qu'ils pourront visiter le laboratoire de virologie, pas plus que le marché au centre des premières hypothèses.

Des passants portant des masques marchent devant l'hôtel The Jade à Wuhan où les experts de l'OMS étaient en quarantaine, le 28 janvier 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Nombre de spécialistes redoutent que peu de traces de l'origine du virus restent à découvrir. Alors que l'OMS a été accusée par Donald Trump d'être aux ordres de Pékin, la nouvelle administration américaine a plaidé mercredi 27 janvier pour que l'enquête internationale soit "claire et poussée".

"Il est impératif que nous allions au fond des choses dans l'apparition de la pandémie en Chine", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki. Washington évaluera "la crédibilité du rapport d'enquête une fois terminé", a-t-elle averti. Outre les aspects scientifiques, Pékin a été accusé d'avoir tardé à réagir aux premiers cas de contamination découverts à Wuhan en décembre 2019, voire encore plus tôt.

Des médecins qui avaient alors évoqué entre eux l’apparition d'un virus de type Sras avaient été accusés par la police de propager des rumeurs. Le décès du COVID de l'un d'entre eux, le docteur Li Wenliang, avait déclenché en février une rare fronde contre le régime sur les réseaux sociaux. La semaine dernière, un comité mandaté par l'OMS a estimé que "des mesures de santé publique auraient pu être appliquées plus énergiquement par les autorités chinoises locales et nationales en janvier" 2020.

Des familles de victimes du COVID ont accusé Pékin de chercher à les empêcher d'entrer en contact avec les représentants de l'OMS et appelé ces derniers à ne pas se laisser berner par Pékin. La durée de l'enquête n'est pas connue mais la Chine entrera le 11 février dans son long congé du Nouvel an lunaire, lorsque le pays se met virtuellement à l'arrêt pendant au moins une semaine.

AFP/VNA/CVN

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