Dans les steppes du Kazakhstan, le retour des chevaux sauvages de Przewalski

Dans un effort de préservation de la biodiversité, des chevaux de Przewalski sont réintroduits sur leur terre d’origine, la steppe kazakhe, après un voyage périlleux de 5.000 km mené en collaboration avec des zoos européens.

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Des employés relâchent un cheval dans la nature de Przewalski, aux abords de la ville d’Arqalyk, au Kazakhstan. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Après quelques premiers pas hésitants, les jambes engourdies par 20 heures passées dans un conteneur, trois chevaux de Przewalski détalent au galop dans la steppe kazakhe, terre d’origine de cette espèce menacée.

Ces chevaux, partis par avion de Prague, sont les premiers d’une quarantaine qui doivent être relâchés dans les cinq prochaines années dans ce pays d’Asie centrale grand comme cinq fois la France, dans le cadre d’un projet de réintroduction mené avec les zoos de Prague et Berlin.

Au total, les zoos de Prague et de Berlin prévoient d’envoyer au moins 40 chevaux de Przewalski dans la région d’Altyn Dala, dans le Centre du Kazakhstan, au cours des cinq prochaines années.

“On attendait ce moment depuis très longtemps, un immense travail a été effectué ces derniers mois pour que le cheval de Przewalski arrive au Kazakhstan”, se félicite Albert Salemgareev, membre de l’Association pour la sauvegarde de la biodiversité au Kazakhstan (ACBK).

“On sait que les chevaux de Przewalski sont adaptés à cette steppe”, explique M. Salemgareev, alors que ces dernières années, des dizaines d’individus de cette race ont été réintroduits avec succès en Mongolie voisine.

Car ce cheval trapu à la tête massive est capable de résister aux hivers particulièrement rigoureux du centre du Kazakhstan, où la température peut tomber sous les -30°C, moyennant peu de nourriture.

Les trois pionniers arrivés cette semaine - nommés Zorro, Ypsilonka et Zeta II, et rejoints le jour suivant par quatre congénères venus de Berlin - seront d’abord sous observation dans la Réserve naturelle de la “Steppe d’or”, avant de goûter à la liberté totale.

“Cette année, nous allons surveiller leur santé et voir comment ils s’acclimatent”, précise le chercheur.

Dangereux périple

Mais ce périple de quelque 5.000 km jusqu’au cœur de la steppe, à quelque 600 km de la capitale Astana, d’abord en avion militaire jusqu’à Arkalyk puis en camion sur des routes cahoteuses, n’est pas sans risque pour les animaux.

Des chevaux de Przewalski en train de brouter en Mongolie. 
Photo : ST/CVN

Malgré la surveillance constante des spécialistes, un des chevaux partis de Prague s’est ainsi assis dans son conteneur avant même le décollage, risquant un arrêt de la circulation sanguine au niveau des jambes.

“Nous ne voulions pas mettre sa vie en danger, le voyage aurait pu être dangereux, nous avons donc décidé de le laisser”, a déclaré Miroslav Bobek, directeur du zoo de Prague, à l’arrivée au Kazakhstan.

Le cheval de Przewalski, à la crinière courte et au pelage allant du blanc sur le ventre au marron foncé sur le dos, reste sur la Liste rouge de l’Union pour la conservation de la nature (UICN) des espèces menacées.

Découverte à la fin du XIXe siècle en Mongolie par l’explorateur russe Nikolaï Przewalski, la race a disparu à l’état sauvage à la fin des années 1960 et frôlé l’extinction, principalement victime de la chasse.

Perpétuée grâce aux quelques spécimens subsistants dans des zoos européens, la population mondiale de Przewalski compte désormais quelque 2.000 têtes, réintroduites en milieu naturel essentiellement en Chine et en Mongolie, mais aussi dans le Sud de la France, en Russie et... dans la zone d’exclusion de Tchernobyl.

Au Kazakhstan, le cheval de Przewalski n’est pas la seule espèce en danger à faire l’objet d’une attention particulière.

L’antilope saïga, un temps au bord de la disparition, a vu sa population augmenter avec succès après la mise en place d’une politique de protection par les autorités kazakhes et l’Association pour la sauvegarde de la biodiversité au Kazakhstan.

AFP/VNA/CVN

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