François Hollande a réaffirmé vendredi 3 mai sa volonté d'inverser la courbe du chômage malgré les prévisions pessimistes de la Commission européenne, en marge d'un déplacement dans le Doubs. Photo : AFP/VNA/CVN. |
François Hollande a affirmé vendredi 3 mai sa volonté de se "battre" pour inverser la courbe du chômage en fin d'année, lors d'une visite dans le Doubs d'entreprises innovantes et d'une école professionnelle le jour même où Bruxelles pronostiquait une nouvelle aggravation du chômage pour 2014.
"Nous allons nous battre, tout simplement nous battre" pour "gagner la bataille de l'emploi", a lancé le président Hollande, "c'est un engagement que j'ai pris, ce n'est pas une parole que j'ai prononcée en l'air".
"Je sais qu'il y a beaucoup de doutes, de scepticisme, même des prévisions qui ne vont pas dans ce sens", a-t-il poursuivi dans une allusion aux prévisions de la Commission, mais pas question pour lui de "baisser les bras". "L'heure est à la "mobilisation", a-t-il exhorté.
Le taux de chômage en France devrait se stabiliser à 10,6%
La Commission a dit vendredi s'attendre à une légère récession économique en France cette année, situation qui va peser sur le chômage, dont le taux devrait selon elle se stabiliser en 2013 à 10,6% avant de progresser une nouvelle fois l'an prochain pour atteindre 10,9%.
Dans le Doubs, François Hollande était venu chercher une raison de croire à ses propres engagements. Lors de la visite de l'entreprise Amiotte à Avoudrey d'abord, où 123 salariés produisent 20 millions de saucisses par an dont la fameuse saucisse de Morteau, très prisée des gastronome.
Puis, à quelques mètres de là, chez SIS, une entreprise en forte croissance qui emploie 450 personnes dont 200 ont été embauchées ces trois dernières années pour fabriquer des articles de maroquinerie destinés à quelques marques emblématiques du luxe français. Cette entreprise a créé aux abords de ses ateliers sa propre école de formation qui délivre un CAP avec, selon elle, quasiment 100% de réussite et d'embauches.
"C'est vrai qu'il y a des entreprises qui affrontent des mutations et une compétition féroce et qui doivent être accompagnées" par l'État, a noté le président Hollande, évoquant l'automobile et l'usine PSA Peugeot de Sochaux, en grande difficulté à 60 kilomètres de là. "Mais l'économie française, c'est aussi des entreprises qui réussissent, qui embauchent qui exportent" a-t-il souligné, évoquant ces "deux belles entreprises" créées dans une commune de moins de mille habitants et qui en sont "la démonstration".
À ses côtés, le ministre du Travail, Michel Sapin, a jugé que les prévisions de Bruxelles étaient "conformes" à l'objectif d'une inversion de la courbe du chômage fin 2013 puisque après une nouvelle progression au premier semestre, le taux de chômage devrait être stable sur l'année.
Pour 2014 en revanche, "l'enjeu", a-t-il reconnu, est de parvenir à une "inversion durable de la courbe" même si la Commission selon lui n'a pas intégré tous les éléments de la politique pour l'emploi du gouvernement français dans ses prévisions.
"Je voulais aussi envoyer un message aux Français dans un moment qui est dur", a encore insisté François Hollande, refusant "la fatalité" d'un chômage devenu "l'obsession" de ses compatriotes et une source "d'angoisse".
"Oui! Nous pouvons gagner la bataille pour l'emploi; oui! nous avons des entreprises qui réussissent; oui! Il y a les conditions", a-t-il scandé, évoquant la formation, l'innovation, l'investissement et les "produits de haute qualité".
Et même si la Commission annonce un nouveau dérapage des déficits publics de la France qui justifie un report de deux ans de l'objectif de réduction des déficits publics à 3% du PIB, lui y voit plutôt une opportunité. Cette "nouvelle importante" vient "consacrer ce que la France a demandé depuis un an, c'est-à-dire que l'on mette la croissance au premier rang de nos priorités", a-t-il assuré.
Devant l'usine de saucisses, un homme, bénéficiaire d'une maigre allocation d'adulte handicapé, maugrée : "c'est short! Quand je pense que tous les petits m..., ils ont 450 euros alors qu'ils boivent des bières et qu'ils fument". "Il ne faut pas opposer les uns et les autres, il faut être solidaires", tente de l'apaiser le président Hollande.
AFP/VNA/CVN