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L'Insee publiera mardi 30 juillet sa première estimation de la croissance française au deuxième trimestre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Dans sa dernière note de conjoncture publiée le 20 juin, l'Institut national de statistiques a dit parier sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,3% entre avril et juin, soit un niveau stable par rapport aux deux trimestres précédents.
Cette hypothèse est légèrement plus optimiste que celle de la Banque de France, qui a abaissé début juillet sa prévision à 0,2% contre 0,3% précédemment, en raison notamment de perspectives décevantes pour la production industrielle française.
Quel que soit le chiffre final, "on devrait rester sur un rythme peu élevé", prévient Emmanuel Jessua, directeur des études de l'institut Rexecode. "La dynamique intrinsèque de l'économie française demeure faible", car "marquée par de faibles gains de productivité", insiste-t-il.
Selon les derniers indicateurs publiés par l'Insee, l'économie hexagonale devrait pourtant bénéficier au cours du deuxième trimestre d'une hausse de la consommation, dopée par les baisses d'impôts et les dépenses nouvelles décidées sous la pression des "gilets jaunes".
"Il y a un surcroît de revenus liés aux mesures votées en décembre. Cela va finir par produire ses effets", souligne M. Jessua, qui rappelle que le pouvoir d'achat devrait augmenter de plus de 2% cette année, soit sa plus forte croissance depuis 2007.
"Si l'on exclut quelques gros secteurs qui sont toujours en difficulté, comme l'alimentation et l'automobile, la consommation devrait redémarrer", abonde Stéphane Colliac, économiste chez Euler Hermès, qui fait état de perspectives encourageantes "dans le textile et l'électronique".
"Mais ça reste timide: on n'est pas sur une dynamique spectaculaire", ajoute le spécialiste, qui rappelle qu'une grande partie des gains de pouvoir d'achat "continue d'alimenter l'épargne", actuellement située à un niveau record - 15,3% selon la Banque de France.
"Contexte morose"
Quel sera le niveau des autres composantes de la croissance française? Selon l'Insee, l'investissement des entreprises devrait rester dynamique (+0,8%), porté notamment par le secteur des services, dans la lignée d'un bon premier trimestre (+0,7%).
Les exportations, qui ont ralenti au début de l'année, devraient se replier (-0,7%). Le commerce extérieur pèserait ainsi une nouvelle fois négativement sur la croissance hexagone (-0,1 point).
"Le contexte global", marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis et par un net ralentissement de la croissance dans la zone euro, "n'est pas porteur", souligne Emmanuel Jessua. "Cela pèse forcément sur le climat conjoncturel français", ajoute-t-il.
En ligne de mire: l'Allemagne, moteur de la zone euro et premier partenaire commercial de la France, dont l'économie se grippe depuis plusieurs mois. "Au début, on pouvait penser que ce serait transitoire. Mais le provisoire a tendance à durer", rappelle l'économiste.
Quel sera l'impact du ralentissement allemand et européen sur l'économie tricolore? La croissance hexagonale "est l'une des plus fortes de la zone euro", a assuré début juillet le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, mettant en avant la capacité de résistance de l'activité française.
Sur l'ensemble de 2019, l'Insee prévoit une croissance de 1,3%, légèrement supérieure à la moyenne de la zone euro (1,2%). Ce chiffre est conforme à la prévision du FMI et de la Banque de France, mais plus faible que l'objectif du gouvernement, qui parie sur 1,4%.
"L'économie française a des spécificités qui lui permettent de résister", concède Stéphane Colliac, qui cite par exemple l'importance du secteur du luxe dans l'Hexagone, généralement moins sensible aux aléas conjoncturels.
"Mais on n'est pas complètement immunisés, on le voit bien avec le secteur automobile", ajoute l'économiste, qui juge le contexte actuel "relativement morose".