"Nous allons avoir un très bon deuxième trimestre et un troisième trimestre meilleur que prévu", s'est félicité le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, lors de sa conférence de presse mensuelle à Francfort à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE.
Ce sont de "bonnes nouvelles, mais restons prudents", a-t-il dit. "Je ne crie pas victoire", a ajouté le Français, qui semblait plus détendu et plus loquace que d'ordinaire.
La BCE ne baisse pas la garde et a maintenu sa politique monétaire très accommodante. Pour ne pas tuer dans l'oeuf la reprise, elle a laissé grand ouvert le robinet du crédit, offrant aux banques des prêts au taux historiquement bas d'un pourcent, inchangé depuis mai 2009.
Sur le marché monétaire, "la situation se normalise", a constaté M. Trichet. Une certaine confiance semble de retour entre les banques de la zone euro, qui font moins appel à la BCE pour se fournir en argent frais et se prêtent davantage entre elles. Mais pour l'instant, la BCE maintient son programme exceptionnel qui permet aux banques d'obtenir des volumes de crédit illimités. M. Trichet a aussi parlé d'une "amélioration très significative" sur le front de la crise de la dette publique, qui a profondément ébranlé la confiance dans la zone euro. La BCE a réduit au minimum ses achats d'obligations publiques, décriées jusque dans ses murs car ils reviennent à financer la dette des États.
Le programme d'achats d'obligations "continue", a toutefois indiqué M. Trichet.
La BCE "se garde ainsi la porte ouverte, au cas où l'environnement venait à se troubler à nouveau", analyse Fabienne Riefer, de Postbank. Mais pour l'heure la détente se confirme. L'Union européenne, le FMI et la BCE ont ainsi fait état jeudi de "progrès considérables" en Grèce, épicentre de la crise de la dette en Europe. Toutefois le pays reste encore devant des "défis importants", selon un communiqué commun.
Sur le front macroéconomique, la BCE a également trouvé des motifs de satisfaction, les nuages semblant se dissiper sur la zone euro.
Entre autres signes positifs, la croissance dans l'industrie manufacturière dans la zone va crescendo et la confiance des entrepreneurs et des consommateurs s'est établie à son plus haut niveau depuis plus de 2 ans en juillet.
Les exégètes du discours de M. Trichet ont relevé qu'il n'avait pas parlé lors de sa conférence mensuelle d'un environnement économique baigné de "hautes incertitudes", comme il le faisait ces derniers mois, mais simplement d'"incertitudes".
M. Trichet a toutefois précisé que la deuxième moitié de l'année "serait significativement moins dynamique que le deuxième trimestre, qui était exceptionnel", et donné rendez-vous en septembre pour les prévisions de croissance actualisées en zone euro.
Pour l'instant la BCE table sur une croissance d'un pourcent cette année et de 1,2% en 2011.
Les économistes n'attendent toujours pas de changement de cap sur les taux avant 2011, l'inflation modérée et la fragilité de la reprise économique plaidant en faveur d'un long statu quo.
AFP/VNA/CVN