* L'IIE au Vietnam montre globalement des signes de stagnation, mais dans plusieurs secteurs, dont les services boursiers, il connaît une forte croissance. Pourquoi ?
Ce premier semestre, l'IIE ne s'est élevé qu'à environ 350 millions de dollars, soit une très nette baisse en glissement annuel avec 1,8 milliard de dollars en 2010, notamment dans la construction, l'immobilier et autres secteurs les plus touchés par l'instabilité économique. Toutefois, il existe toujours des secteurs qui reçoivent de manière privilégiée ce genre d'investissement, tels les articles de consommation, le pétrole et le gaz, les services bancaires, en raison de leurs bons résultats ce premier semestre et le maintien de belles perspectives pour l'avenir.
Exception toutefois, quelques secteurs en situation difficile comme celui des services financiers où la majorité des sociétés de bourse ont subi des pertes. Mais la participation des investisseurs étrangers dans ce secteur n'est pas simplement une activité d'investissement financier pour bénéficier des dividendes ou d'avantages comparatifs. Leur objectif majeur est de guetter de nouvelles opportunités de développement des compagnies boursières quand la bourse du Vietnam sera complètement ouverte aux investisseurs étrangers dans le secteur de services boursiers en 2012. À ce moment-là, le Vietnam autorisera la création des compagnies boursières à capital 100% étranger au Vietnam.
*Au lieu d'attendre jusqu'en 2012 pour être autorisés à créer des compagnies boursières à capital 100% étranger, les investisseurs étrangers poursuivent la stratégie qui consiste à s'emparer au fur et à mesure des compagnies boursières domestiques. D'après vous, est-ce un bon signe ?
Actuellement, les investisseurs étrangers possèdent déjà le maximum des parts qu'ils peuvent acquérir dans les compagnies boursières vietnamiennes, soit 49% du capital. C'est le cas par exemple dans les compagnies boursières de Hô Chi Minh-Ville, Golden Bridge Vietnam ou Phu My Hung. Dans l'avenir, le capital des sociétés boursières pourra être la propriété des investisseurs étrangers à 100%. S'emparer du maximum des parts autorisées à l'heure actuelle dans les compagnies vietnamiennes au lieu d'attendre de pouvoir créer une entreprise boursière à fonds entièrement étranger est dès lors un choix judicieux. Les avantages sont faciles à voir. Cette stratégie permet aux investisseurs étrangers de ne pas avoir à se soumettre aux procédures de demande d'autorisation de création d'entreprise.
* Selon vous, au regard des investisseurs, quel est l'attrait des compagnies boursières ?
Chaque investisseur étranger a son propre but quand il décide d'investir dans un secteur quelconque. En général, les investisseurs s'intéressent aux compagnies boursières qui ont exprimé leur réelle volonté de bénéficier de capitaux supplémentaires, qui mènent leurs activités en toute transparence et ont des perspectives commerciales dans l'avenir. Cependant, le point commun de la plupart des investisseurs étrangers lorsqu'ils injectent des fonds dans les compagnies boursières est de profiter du réseau de clientèle de ces compagnies. Certains investisseurs s'intéressent aux compagnies qui ont des relations en quasi-exclusivité avec de nombreuses entreprises d'un même domaine, comme par exemple le pétrole. Sans oublier les infrastructures technologiques, les compétences et expériences des chefs d'entreprise.
* La participation de l'IIE dans les compagnies boursières aura-t-elle des répercussions ?
Tout d'abord, la présence de l'IIE contribue à renforcer les ressources financières pour les sociétés boursières. La participation étrangère dans la direction des entreprises permettra d'élever progressivement le professionnalisme dans les activités de management d'entreprise, en particulier dans la gestion des risques qui est pour l'heure une faiblesse des compagnies vietnamiennes. Le revers de la médaille est que les compagnies boursières risquent d'être totalement "avalées" quand le Vietnam aura autorisé l'ouverture totale du secteur de services boursiers en 2012. Pour l'économie nationale, l'afflux de ce fonds pourrait entraîner de l'instabilité, voire une crise, au cas où l'économie nationale ou le marché financier est en proie à des soubresauts. Car dans ce cas là, ces sources de fonds seront retirées rapidement du marché vietnamien.
Linh Thao/CVN