>>Migrants à Calais, "priorité absolue" selon Paris et Londres
Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May à Paris, le 12 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les deux dirigeants doivent ainsi s'accorder sur un possible prêt de la célèbre Tapisserie de Bayeux et évoqueront un renforcement de la coopération militaire.
Selon l'Elysée, un nouveau traité sera signé pour compléter les accords du Touquet de 2004. Ceux-ci avaient instauré des contrôles d'immigration communs dans les ports des deux pays sans réussir à juguler l'afflux de migrants à Calais, port du nord de la France face aux côtes anglaises, où de nombreux clandestins échouent dans l'espoir de franchir la Manche.
Jusqu'à 8.000 migrants ont campé dans cette ville jusqu'au démantèlement fin 2016 de leur bidonville surnommé la "jungle".
Depuis, selon les autorités, entre 350 et 500 migrants sont encore dans le port à tenter la traversée par tous les moyens, vivant dans des conditions souvent qualifiées d'inhumaines.
Le nouveau texte "aura la même force juridique que les accords du Touquet", qu'il "complète sans les remplacer", notamment afin d'accélérer les procédures d'asile vers le Royaume-Uni pour les mineurs isolés ou les regroupements familiaux, indique-t-on à l'Élysée.
"Il comprend aussi le renforcement de l'appui financier du Royaume-Uni à la gestion conjointe de la frontière", ajoute-t-on de même source.
Un porte-parole de la Première ministre britannique Theresa May a souligné que les accords du Touquet étaient "très bénéfiques" pour le Royaume-Uni, alors que de nombreuses voix en France accusent Londres de s'être défaussé de la gestion des migrants sur la France, avec la fixation de sa frontière de facto à Calais.
Mineurs isolés
Selon l'Élysée, Londres s'engagera jeudi à examiner "en quelques jours" les demandes de migrants pouvant entrer sur son sol, c'est-à-dire les mineurs isolés, vulnérables ou pouvant bénéficier du regroupement familial, ainsi que les demandeurs d'asile (moins de 30.000 l'an dernier).
"Le point sur lequel nous mettons une grosse pression, ce sont les mineurs non accompagnés, parce qu'il y en a de plus en plus", a expliqué mardi 16 janvier le chef de l'État. Une centaine d'entre eux se trouveraient encore dans la région de Calais.
Sur les quelque 2.000 mineurs de la "jungle", Londres s'était en effet engagé à accueillir tous les enfants isolés ayant de la famille au Royaume-Uni et à étudier les dossiers des mineurs "vulnérables". Mais au bout du compte, seuls 893 avaient été acceptés, selon l'association France Terre d'asile. Londres parle de son côté de 769 enfants accueillis entre octobre 2016 et novembre 2017.
"Nous avons déjà accepté un nombre important de mineurs non accompagnés de Calais et alentours", a réagi un porte-parole de l'exécutif britannique.
Le sommet, qui marquera la première visite du président Macron outre-Manche, se déroulera à l'Académie militaire de Sandhurst, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Londres.
Trois hélicoptères
Il comportera aussi un large volet défense. Les deux pays annonceront des projets communs en matière de missiles, de détection sous-marine et réaffirmeront leur attachement le projet de drone de combat franco-britannique FCAS (Système de combat aérien du futur), selon l'Élysée.
Mais c'est surtout pour le Sahel que Paris compte sur l'appui de Londres, qui a indiqué son intention d'y engager trois hélicoptères pour offrir "un support logistique" aux troupes françaises.
"Les Britanniques comme nous avons la même volonté de dire : le Brexit c'est une chose mais la volonté des deux côtés est de maintenir, nourrir et cultiver ce partenariat" en matière de défense, précise-t-on de source gouvernementale française.
Dans un communiqué, Theresa May a affirmé qu'une relation franco-britannique "forte" était "dans l'intérêt du Royaume-Uni, de la France et de l'Europe", tout en rappelant qu'elle allait "bien au-delà de la défense de la sécurité".
Pour souligner la persistance d'une "Entente cordiale", les deux leaders annonceront un programme d'échanges d'oeuvres, dont le "possible prêt" de la Tapisserie de Bayeux, mais "pas avant 2020", selon l'Élysée.