>>Crise franco-italienne, Paris rappelle son ambassadeur
>>Sommet franco-italien : vers un épilogue du feuilleton STX Fincantieri
La façade du palais Farnèse à Rome, qui abrite l'ambassade de France. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Après ce retour, la présidence française a annoncé qu'Emmanuel Macron avait invité son homologue italien Sergio Mattarella à effectuer une visite d'État en France "dans les prochains mois".
Cette invitation a été transmise par l'ambassadeur de France en Italie Christian Masset, qui a été reçu vendredi par M. Mattarella après son retour, une semaine après son rappel pour consultations, sans précédent de la part de la France à l'encontre d'un pays de l'UE depuis 1945.
"La France est prête à travailler sur tous les sujets", avec l'Italie mais à condition que cela se fasse "dans le respect mutuel et dans une volonté de coopération", a déclaré M. Masset à la presse, quelques heures après son retour dans la capitale italienne.
"Je suis très content que l'ambassadeur rentre en Italie. Je le rencontrerai, je veux lui demander qu'on se rencontre. En attendant, je lui souhaite bon retour", avait déclaré vendredi après-midi 15 février l'un des deux responsables italiens visés, Luigi Di Maio.
L'exécutif français était sorti de ses gonds après avoir essuyé une série d'affronts de la part des deux vice-Premiers ministres italiens, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, qui étaient allés jusqu'à appeler à la démission du président Macron.
"Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra!", avait clamé en janvier Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite) et également ministre de l'Intérieur.
Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio à Rome, le 22 janvier 2019. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La rencontre inopinée de M. Di Maio le 5 février en France avec des "gilets jaunes", un mouvement social qui secoue l'exécutif français depuis novembre 2018, a été "l'épisode de trop", avait tempêté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
M. Di Maio a pris quelque peu ses distances avec l'une des figures des "gilets jaunes" rencontrées en France, Christophe Chalençon, lors de la présentation vendredi à Rome de ses alliés en vue des élections européennes en mai prochain. "De notre part, il n'y aura pas de dialogue avec qui parle de guerre civile", a indiqué M. Di Maio à cette occasion.
Des propos évoquant des paramilitaires prêts à renverser le pouvoir dans une France au bord de la guerre civile auraient été tenus par M. Chalençon en marge d'une interview qu'il a donnée à une télévision italienne, selon des médias italiens.
Risques de rechute ?
Aux yeux de Paris, les deux dirigeants italiens, rivaux sur la scène intérieure et tous deux en campagne en vue des européennes de mai, ont adopté depuis le rappel une attitude plus modérée.
"Nous avons entendu des leaders politiques qui s'étaient laissés aller à des paroles ou des comportements franchement inamicaux et inacceptables montrer qu'ils le regrettaient", a estimé vendredi 15 février la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau.
Matteo Salvini s'est dit disposé à rechercher "de nouveau de bons rapports" avec la France. M. Di Maio a de son côté assuré avoir rencontré des représentants des "gilets jaunes" en sa qualité de chef du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et non de vice-Premier ministre.
La France n'exclut pas des "risques de rechute" dans les relations bilatérales, les deux responsables ayant fait d'Emmanuel Macron leur cible privilégiée dans l'affrontement entre "libéraux" ou "progressistes" et "antisystème" pour les européennes.
"Travailler ensemble"
La France est soucieuse de ne pas s'installer durablement dans la crise, l'Italie demeurant un partenaire essentiel au sein de l'UE tout comme au plan économique et culturel. Avec des échanges commerciaux de près de 80 milliards d'euros, la France est le deuxième client et fournisseur de l'Italie.
Les deux pays ont "une responsabilité particulière pour oeuvrer de concert à la défense et à la relance de l'Union européenne", a jugé mardi M. Macron à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue Sergio Mattarella.
Une réunion de travail s'est déjà déroulée mardi 12 février à Paris entre des magistrats des deux pays sur la demande italienne d'extradition d'anciens militants d'extrême gauche condamnés pour terrorisme pendant les "années de plomb" et réfugiés en France.
Le gouvernement français appelle également l'Italie à trancher "rapidement" dans l'épineux dossier de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, un projet de neuf milliards d'euros qui divise la coalition au pouvoir à Rome.