>>La lecture n’a pas la cote, facteurs historiques et sociaux
Des foires aux livres organisées régulièrement dans les grandes villes permettent au grand public d’accéder facilement aux nouveaux ouvrages. |
Photo : Nhât Anh/VNA/CVN |
Si avant 1975 (année de la réunification nationale), le Nord et le Sud publiaient moins de 4.000 livres par an, ce chiffre a été multiplié par six en 35 ans. Depuis quelques années, le nombre d’ouvrages édités croît de 10% par an. On compte également 400 magazines, revues et journaux, certains affichant des tirages de 500.000 exemplaires.
Avant 1975, les bibliothèques publiques étaient surtout construites dans le Nord du pays. Au Sud, elles étaient uniquement implantées dans les grands bassins de population : Sài Gon, Cân Tho, Dà Nang, Huê ou Dà Lat.
Des milliers de bibliothèques
Depuis, le réseau s’est élargi à tous les échelons (province, district et commune) du Nord au Sud. Précisément, les 64 provinces disposent toutes d’une bibliothèque, 587 ont été construites au niveau des districts et environ 10.000 au niveau des communes. Par ailleurs, 10.000 bibliothèques spécialisées dans le droit ont été créées sur l’ensemble du territoire, et plus de 10.000 espaces de lecture ont été ouverts par le Groupe des postes et des télécommunications au sein même des bureaux de poste. Enfin, dans les régions rurales, 30.000 lieux du même type ont été créés à destination du grand public en divers endroits libres d’accès (maisons communales, comités populaires, etc.)
De fait, les bibliothèques se développent de plus en plus, tant en terme de quantité que de qualité (quantité d’ouvrages, financements, personnel...). Celles des provinces connaissent un changement important, passant du modèle classique au mode numérique (ressources en ligne).
S’ajoutent aux bibliothèques publiques celles des écoles, des universités, des casernes... présentes partout dans le pays. Ces dernières années, de nombreuses bibliothèques privées mais ouvertes au public se sont développées dans les grandes villes et régions rurales avec des collections de valeur.
Les librairies, quant à elles, ont connu un développement considérable dans l’ensemble du pays ; elles seraient au nombre de 12.000 actuellement.
Il ne faut bien sûr pas oublier la révolution numérique qui a offert à la population un accès à une mine d’informations. Le nombre d’abonnés à Internet ne cesse de croître.
Ces dernières années, une série de revues, de magazines présentant des livres et encourageant à la lecture sont apparus. Par exemple, Xuât ban Viêt Nam (Publication du Vietnam), Nguoi doc sach (Lecteur), Sach va Doi sông (Livre et Vie)... Dans les médias (télévision, journaux, hebdomadaires, magazines), des rubriques présentent les nouvelles publications les plus en vue. Des foires aux livres, fêtes des livres... sont organisées régulièrement dans les grandes villes (Hanoi, Hô Chi Minh-Ville), permettant au grand public d’accéder facilement aux nouveaux ouvrages.
De nombreuses bibliothèques publiques, notamment provinciales, organisent en été des concours de narration à l’intention des jeunes pour les inciter à la lecture.
Cependant, certains problèmes demeurent, qui freinent le développement de la lecture. C’est notamment la différence dans l’accès au savoir et à la connaissance entre villes et campagnes. Que ce soit en terme de bibliothèques ou de librairies, les zones rurales sont beaucoup moins bien pourvues que les zones urbaines. Dans les communes et villages, les bibliothèques publiques, lorsqu’elles existent, sont souvent mal équipées et dotées d’un fonds de faible qualité.
Le pays publie plus de 25.000 titres par an, mais 80% sont des manuels scolaires...
Solutions conjoncturelles pour un problème structurel
Comment développer une culture de la lecture ? Les experts de la Bibliothèque nationale de Hanoi ont réfléchi à cette question et avancé une série de propositions.
La première, c’est la création d’un Comité national de développement de la culture de la lecture, qui relèvera du gouvernement et sera présidé par un vice-Premier ministre. Ce comité comprendra des représentants des institutions administratives concernant la lecture, d’experts et de représentants des associations civiles de la jeunesse, des femmes, des vétérans de guerre, des sciences et technologies, des paysans... Il aura pour tâche de plancher sur la stratégie nationale pour le développement de la culture de la lecture. Il établira des programmes à long terme, supervisera les activités des organismes d’État concernant la lecture en liaison avec les stratégies et programmes entérinés par l’État... Ce comité jouera le rôle de conseiller auprès des organismes d’État pour la rédaction de textes de loi.
La bibliothèque de l’école primaire de Kim Dông (ville de Lào Cai, province de même nom, Nord). Photo : Ngoc Miêng/VNA/CVN |
La seconde proposition est l’organisation de divers événements autour du livre et de la lecture. Par exemple, un Mois de la lecture en août (vacances d’été) dont l’objectif est de susciter le goût pour la lecture, notamment parmi les jeunes, de présenter et mettre à l’honneur des auteurs. Également des foires aux livres, non seulement à Hanoi, à Hô Chi Minh-Ville mais dans toutes les 64 villes et provinces, favorisant l’accès du grand public aux nouveaux livres. Autres mesures: présenter des livres, consacrer plus de rubriques sur la lecture dans les médias (télévision, radio, journaux...), organiser des concours nationaux de lecture, reliés aux activités des associations civiles (jeunesse, femme, vétérans de guerre, paysans...), généraliser l’usage de l’Internet.
La troisième est de concevoir un programme d’éducation aux techniques de lecture sur papier et support numérique. Ce programme sera enseigné dans les cycles d’études, du primaire au supérieur.
D’autres mesures importantes sont la formation d’un contingent d’auteurs qualifiés pour deux types d’ouvrages: livres de recherche et livres de généralisation des connaissances (économie, société, culture...). Traduire en vietnamien des ouvrages renommés mondialement dans divers domaines (sciences, technologies, économie, médecine...). Former un contingent d’auteurs pour la littérature d’enfance et de jeunesse. Aider les maisons d’édition dans la publication de livres pour enfants pour qu’ils soient attractifs et à prix modérés. Enfin, il faudra procéder à un état des lieux tous les cinq ans qui serviront de fondements pour concevoir des programmes à long terme de développement de la culture de la lecture.
Xuân Lôc/CVN