>>Les États-Unis passent le cap des 4 millions de cas, l'Europe des 3 millions
>>Trump veut reprendre l'initiative, l'Europe s'accorde sur sa relance
Donald Trump participe à une conférence de presse à la Maison Blanche, le 28 juillet. |
Visiblement fatigué, le locataire de la Maison Blanche a laissé pointer de l'amertume face à la popularité de l'immunologue Anthony Fauci et des autres scientifiques membres de la cellule de crise de la Maison Blanche.
"Ils sont très respectés, mais personne ne m'aime, cela doit être ma personnalité", a-t-il lancé, à moins de 100 jours de l'élection présidentielle et au moment où il accuse un retard marqué sur le démocrate Joe Biden dans les sondages.
Dans la nuit du 27 au 28 juillet, Twitter a supprimé une vidéo sur la pandémie partagée par le président de la première puissance mondiale. "Les tweets comportant la vidéo violent notre politique concernant la désinformation sur le COVID-19", a indiqué un porte-parole du réseau social à l'oiseau bleu.
La vidéo, qui avait déjà été supprimée par Facebook et YouTube, montre un groupe de médecins expliquer, entre autres, que les masques ne sont pas nécessaires et qu'il "existe un médicament" pour traiter le coronavirus, l'hydroxychloroquine.
Cet antipaludique a été promu avec force par Donald Trump au début de la pandémie, mais plusieurs études scientifiques ont conclu à son absence d'efficacité. L'Agence américaine du médicament (FDA) a recommandé mi-juin de ne pas prescrire le médicament aux malades du COVID-19.
"J'ai beaucoup lu sur l'hydroxy"
Donald Trump visite un laboratoire à Morrisville, en Caroline du Nord, le 27 juillet. |
Appelé à expliquer ce soutien renouvelé à un traitement pour lequel plusieurs essais cliniques rigoureux n'ont observé aucun effet positif sur les patients, le président américain a mis en avant son instinct et ses lectures.
"J'ai beaucoup lu sur l'hydroxy", a-t-il lancé, avant d'assurer que le dossier était devenu "politique".
"Lorsque je recommande quelque chose, ils aiment dire +ne l'utilisez pas+", a-t-il ajouté.
Interrogé spécifiquement sur une médecin pro-hydroxychloroquine, Stella Immanuel, très présente dans la vidéo qu'il a retweetée, il a jugé qu'elle était "très impressionnante".
Les prises de position pseudo-scientifiques de cette dernière, qui a notamment estimé que les dirigeants des États-Unis étaient des "esprits reptiliens", "mi-humains, mi-extraterrestres", ont suscité de vives interrogations sur sa crédibilité.
Le milliardaire républicain avait pourtant opéré il y a une semaine un virage spectaculaire. Reconnaissant la gravité de la crise sanitaire - "cela va sûrement, malheureusement, empirer avant de s'améliorer" - il avait appelé clairement à porter le masque, et loué ses excellentes relations avec les experts de la "task force" sur le virus.
Après une amélioration vers la fin du printemps, l'épidémie a repris de plus belle aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus de 149.000 morts.
La situation est particulièrement inquiétante en Californie, en Floride et au Texas, où les autorités ont été contraintes d'imposer des restrictions à rebours du déconfinement.
Fauci ne lit pas les tweets
Cible, une nouvelle fois, des attaques de la Maison Blanche, le Dr Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, a gardé son calme habituel.
"Pouvez-vous continuer à faire votre travail quand le président des États-Unis met publiquement en doute votre crédibilité ?", lui a demandé sur ABC le journaliste George Stephanopoulos.
"Je ne tweete pas. Je ne lis même pas les tweets", a répondu le célèbre chercheur à l'accent new-yorkais prononcé, qui jouit d'une grande popularité aux États-Unis.
"Je vais juste continuer à faire mon travail quoi qu'il arrive parce que je pense que c'est très important. Nous sommes au milieu d'une crise, d'une pandémie".
Depuis plusieurs jours, Donald Trump assure que la sortie de la crise sanitaire est en vue grâce au "génie" pharmaceutique américain.
Au total, Washington a dépensé 6,3 milliards d'USD depuis mars pour financer des projets concurrents, chez des laboratoires établis comme Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca, et chez deux petites sociétés de biotechnologie, Novavax et Moderna.
Le dirigeant a baptisé l'opération "Warp Speed" (un terme de science-fiction signifiant "plus rapide que la vitesse de la lumière") et ne cache pas que son objectif est de vacciner l'Amérique d'abord, loin des discours européens sur le vaccin comme "bien public mondial".