Coup de filet mondial grâce au noyautage de communications du crime organisé

Des centaines de personnes ont été arrêtées à travers le monde dans un gigantesque coup de filet contre le crime organisé, grâce au noyautage par la police d'une application utilisée pour échanger des messages codés entre malfaiteurs, ont annoncé mardi 8 juin les autorités de plusieurs pays.

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(De droite à gauche) : le Premier ministre australien Scott Morrisson, l'agent de liaison du FBI en Australie Anthony Russo et le chef de la police australienne Reece Kershaw à Sydney, le 8 juin.
(De droite à gauche) : le Premier ministre australien Scott Morrisson, l'agent de liaison du FBI en Australie Anthony Russo et le chef de la police australienne Reece Kershaw à Sydney, le 8 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Présentant l'opération comme "la plus sophistiquée au monde" contre le crime organisé, les polices de plusieurs pays d'Europe, des États-Unis, d'Australie et de Nouvelle-Zélande ont révélé qu'elles contrôlaient en fait l'application baptisée "AN0M", dont se servaient des malfaiteurs du monde entier pour communiquer de façon cryptée.

L'opération baptisée "Bouclier de Troie" a permis aux enquêteurs de 16 pays d'observer des membres de la mafia, de syndicats criminels asiatiques ou encore de gangs de motards hors-la-loi qui échangeaient sur des ventes de stupéfiants, des activités de blanchiment d'argent ou même des projets d'assassinats.

Rien qu'en Australie, 224 personnes ont été inculpées dans ce coup de filet qui, selon le Premier ministre australien Scott Morrison, "a infligé un coup dur au crime organisé, non seulement dans ce pays, mais qui aura un écho dans le monde entier".

"La police dans la poche"

En plus d'obtenir la capacité de décrypter des messages en temps réel, le FBI et d'autres services de police sont parvenus à encourager des malfaiteurs à recourir au téléphone crypté AN0M.

Les appareils ne permettaient pas de passer des appels, ni de consulter ses emails et n'avaient pas de données GPS. Ils permettaient juste d'envoyer des messages à d'autres téléphones AN0M. Ils ne pouvaient s'acheter que sur le marché noir et impliquaient d'avoir un code transmis par un autre utilisateur.

Des médias australiens rapportent que les policiers ont participé à la distribution de ces téléphones à des suspects connus, y compris à un Australien recherché pour trafic de drogue et en cavale en Turquie.

Le chef adjoint de la police australienne Nigel Ryan explique l'opération lors d'une conférence de presse, le 8 juin à Sydney.
Le chef adjoint de la police australienne Nigel Ryan explique l'opération lors d'une conférence de presse, le 8 juin à Sydney.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Un criminel devait connaître un autre criminel pour obtenir ce matériel", a expliqué la police australienne dans un communiqué.

"Les appareils ont circulé et leur popularité a grandi parmi les criminels, qui avaient confiance dans la légitimité de l'application car de grandes figures du crime organisé se portaient garants de son intégrité", a-t-elle poursuivi.

"Ces influenceurs criminels ont mis la police fédérale australienne dans la poche revolver de centaines de délinquants présumés", s'est félicité le chef de la police australienne Reece Kershaw dans le communiqué.

"Au final, ils se sont passé les menottes les uns aux autres en adoptant et en faisant confiance à AN0M et en communiquant ouvertement avec, sans savoir que nous les écoutions tout le temps", a-t-il ajouté.

Rumeurs

Cette opération avait découlé de l'infiltration, par le FBI, de systèmes similaires de communications cryptées, "Phantom Secure" et "Sky Global", qui avait permis aux policiers américains d'accéder aux communications de dizaines de milliers d'utilisateurs, y compris de grandes figures du crime organisé.

"La fermeture de ces deux plateformes de communications cryptées a créé un vide sur le marché", a expliqué la police néo-zélandaise. Pour combler ce vide, "le FBI a opéré son propre système d'appareils cryptés, baptisée +AN0M+".

Dans le même temps, ont été lancées des rumeurs sur la prétendue vulnérabilité d'un système concurrent baptisé "Ciphr".

On ignore dans l'immédiat si AN0M est totalement une création de la police, ou un système déjà existant qui a été infiltré.

Résultat de cette opération qui a duré trois ans en Australie : 224 personnes en Australie sont désormais inculpés d'un total de plus de 500 chefs d'accusation, six laboratoires de fabrication de drogue ont été fermés, quantités d'armes et 45 millions de dollars australiens (29 millions d'euros) en liquide ont été saisis.

"Des centaines de personnes ont été arrêtées" hors d'Australie, a ajouté la police australienne.

La police néo-zélandaise a pour sa part annoncé l'interpellation de 35 personnes notamment pour trafic de drogue et blanchiment d'argent.

Europol et le FBI prévoyaient de donner une conférence de presse à La Haye à 08h00 GMT.


AFP/VNA/CVN

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