Coronavirus : un labo lyonnais sur le pont pour trouver au plus vite un traitement

Le nouveau coronavirus a bousculé tous les plans de VirPath, un laboratoire universitaire lyonnais qui espère trouver au plus vite, parmi la pharmacopée déjà existante, un traitement efficace contre ce virus qui a déjà fait plus de 630 morts.

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Des chercheurs travaillent au laboratoire universitaire VirPath, le 5 février 2020 à Lyon.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le laboratoire VirPath propose une stratégie originale au sein du consortium "REACTing", mis en place par l'Inserm pour faire face à des crises sanitaires comme la grippe H5N1, Ebola ou Zika.

Quand la plupart s'activent sur le développement de vaccins ou testent le peu d'anti-viraux disponibles, VirPath va aller chercher des médicaments utilisés pour des maladies qui n'ont a priori rien à voir avec une infection respiratoire comme le 2019-nCoV.

Le repositionnement de médicaments pour de nouvelles indications thérapeutiques anti-infectieuses est leur spécialité. Beaucoup connaissent l'histoire du Viagra, développé initialement pour les angines de poitrine et qui, par une observation clinique fortuite, a montré d'autres propriétés.

À Lyon, ils n'attendent pas les observations accidentelles pour exploiter les effets secondaires de certains médicaments. Ainsi ils ont trouvé qu'un médicament prescrit pour lutter contre l'hypertension s'avérait très efficace contre toutes les souches de grippe.

Ils en sont à l'essai clinique de phase 2 et espèrent lever des fonds pour un essai de phase 3, en vue d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette nouvelle indication thérapeutique qui pourrait s'avérer déterminante, relève Manuel Rosa-Calatrava, directeur de de recherche à l'Inserm et directeur-adjoint du laboratoire.

Car la grippe tue toujours, selon l'OMS, avec entre 290.000 et 650.000 décès dans le monde chaque année.

VirPath a également repositionné d'autres médicaments contre plusieurs virus respiratoires, dont le MERS-CoV en 2013 et d'autres coronavirus.

xLe laboratoire s'apprête donc à tester l'efficacité de ces médicaments et celui contre l'hypertension sur le 2019-nCoV.

"On espère valider ces médicaments repositionnés très rapidement d'ici un mois, un mois et demi dans nos modèles précliniques pour être en mesure de proposer une solution thérapeutique", affirme Manuel Rosa-Calatrava.

Plus rapide et moins cher

Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis une semaine, ce laboratoire, membre du Centre international de Recherche en Infectiologie de Lyon (Ciri), est mobilisé 7 jours sur 7.

Les chercheurs sont en passe de terminer l'étape numéro un qui consiste à isoler le 2019-nCoV, le dupliquer afin de disposer d'une banque de travail suffisante. L'institut Pasteur à Paris est le premier en Europe à avoir réussi à le faire fin janvier.

"On est parti de prélèvements nasaux de patients infectés et hospitalisés à l'hôpital Bichat à Paris avec tout ce que peut contenir un nez", raconte un des techniciens du laboratoire. Un véritable travail d'enquête biologique.

Conservé à -80 degrés, le 2019-nCoV viendra enrichir la virothèque du laboratoire dont le plus vieux virus conservé est le H1N1 WSN, isolé à Londres en 1933.

Ils sont peu à être habilités à travailler sur ce nouveau coronavirus et avoir les clés du "P3", laboratoire de sécurité de niveau 3. Derrière un panneau "Danger, risque biologique", ils passent dans deux sas de protection. Dans le second, ils s'équipent d'une combinaison, masque, lunettes et deux paires de gants violets.

Mais ils ne mettent pas de scaphandre comme dans les "P4", où sont manipulés des virus hémorragiques de type Ebola dans un niveau de sécurité maximal.

Le "P3" est en pression négative, c'est-à-dire que l'air rentre mais ne peut pas sortir. Aucun risque donc que les virus s'échappent.

L'équipe de chercheurs est stimulée par le fait de se sentir ainsi utile et attendue par le grand public. "C'est rare qu'il y ait des attentes venant de l'extérieur", glisse une scientifique.

D'autant qu'ils sont persuadés que leur stratégie peut apporter de nouvelles solutions. Repositionner un médicament est beaucoup plus rapide et moins couteux qu'en développer un nouveau et peut "nous permettre d'être une force de réaction rapide face à des crises sanitaires de virus émergents" avec des AMM accélérées, ces médicaments étant bien connus car déjà commercialisés, assure Manuel Rosa-Calatrava.

Ils ont d'ailleurs fondé en 2017 une startup, Signia Therapeutics, pour accélérer le développement clinique et l'accès au marché des médicaments repositionnés.

Reste à trouver les bons aussi rapidement que l'épidémie actuelle le nécessite.


AFP/VNA/CVN

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