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Infographie sur le fonctionnement des vaccins intranasaux développés pour lutter contre le COVID-19. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un tel vaccin, qui peut passer par un spray en aérosol ou bien des gouttes comme un sérum physiologique, présente en effet un intérêt théorique : en agissant par les voies respiratoires, en particulier les muqueuses, il pourrait empêcher d'entrée de jeu l'infection par le coronavirus.
Cela constituerait un grand pas par rapport aux vaccins actuels contre le COVID. Ces derniers restent très efficaces contre les formes graves mais sont loin d'empêcher les simples contaminations. Dans certains pays, ces vaccins nasaux sont en passe de devenir réalité. Deux d'entre eux viennent d'être approuvés, respectivement en Chine et en Inde, à la fin de l'été.
Mais ces autorisations ont été données sans que des données publiques attestent d'une plus grande efficacité de ces vaccins contre le fait d'attraper le COVID.
Et, plus récemment, cette piste de recherche a connu un important revers. Au Royaume-Uni, des chercheurs de l'université d'Oxford, qui étudiaient l'intérêt d'administrer par le nez le vaccin d'AstraZeneca, ont annoncé début octobre l'échec d'un premier essai clinique.
Au terme de celui-ci, mené sur une trentaine de personnes et publié dans la revue eBioMedicine, les patients avaient développé une moindre réponse immunitaire qu'avec une vaccination classique par injection. Cependant, pour les scientifiques interrogés par l'AFP, cet échec ne rend pas caduque la piste des vaccins nasaux. Il ne faut pas "être trop découragés" par ces résultats, assure le virologue Connor Bamford, de la Queen's University de Belfast.
Même quand ils sont mauvais, souligne-t-il, de tels résultats donnent une base pour aller plus loin, en comprenant ce qui n'a pas marché. Il remarque, par exemple, que les rares vaccins nasaux en circulation - contre la grippe ou la polio - sont "vivants" : ils utilisent une version atténuée du virus pour stimuler le système immunitaire.
Ce n'est pas le cas du vaccin d'AstraZeneca - développé avec l'université d'Oxford - qui fonctionne par "vecteur viral" : un virus, inoffensif et distinct du coronavirus, transporte une part d'ARN de ce dernier.
Manque de financement
Un vaccin vivant anti-COVID aurait-il plus de succès ? Peut-être. Les chercheurs d'Oxford évoquent une autre hypothèse : leur spray ne parvient pas assez loin et le vaccin pourrait être efficace s'il atteignait les poumons.
Contre le COVID, les vaccins nasaux restent une piste à suivre pour les scientifiques, dans l'espoir d'offrir une protection plus efficace qu'une injection classique. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est possible que ce vaccin nasal soit tout simplement avalé et détruit par l'estomac - on éviterait ça s'il atteignait les poumons", a avancé dans un communiqué le chercheur Sandy Douglas, qui a mené ces essais.
Un élément, en tout cas, est de bon augure. Aucun effet secondaire grave n'a été noté, que ce soit lors de cet essai ou ceux menés pour les vaccins nasaux chinois et indien. Mais les promoteurs des vaccins nasaux ne se heurtent pas seulement à des défis scientifiques. Ils risquent fort de pâtir d'un manque de demande: dans de multiples pays, notamment développés, les doses de vaccins se sont déjà accumulées.
Un projet français a ainsi pâti de cette situation. La biotech TheraVectys s'était lancée dès 2020, de concert avec l'institut Pasteur, dans le développement d'un vaccin nasal. Mais celui-ci n'a jamais dépassé le stade des tests sur animaux, pourtant prometteurs.
"Nous n'avons pas suscité l'intérêt des organismes de subvention, ni des +big pharmas+, pour initier les phases cliniques chez l'Homme", a rapporté Pierre Charneau, qui a mené le volet scientifique de ce projet.
Pour être financées, de telles recherches doivent en effet convaincre de leur intérêt, qui n'est pas évident alors que les vaccins existants restent très efficaces contre les décès et les hospitalisations.
A quoi bon, alors ? Il s'agit de parvenir à interrompre les vagues épidémiques, suggèrent certains acteurs du secteur balbutiant des vaccins nasaux, telle la biotech américaine Meissa. "La seule manière de prendre le contrôle de ce virus, c'est de casser les chaînes de transmission. (...) Avec un vaccin nasal, on peut le faire", avance Martin Moore, son responsable scientifique.
AFP/VNA/CVN