M. le vice-ministre, les objectifs du programme d'édification de la Nouvelle campagne seront-ils atteints dans les délais prévus ?
Le "Programme national d'édification d'une Nouvelle campagne pour la période 2010-2020" a pour objectif global d'améliorer la vie matérielle comme spirituelle de l'ensemble de la population rurale. Étant un des programmes nationaux majeurs, il a été élaboré par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR).
Il s'agit en l'état de doter les régions rurales de notre pays d'infrastructures modernes, que ce soit sur le plan de l'aménagement du territoire, social ou économique. En d'autres termes, cela comprend une meilleure éducation pour la population, une société rurale stable préservant les valeurs nationales et culturelles, une restructuration de l'économie rurale, le développement d'une agriculture en relation directe avec les secteurs secondaires et tertiaires, ainsi que la protection de l'environnement rural..., tâches qui doivent être réalisées en deux périodes.
Ainsi, les objectifs fixés pour la première période (2010-2015) sont les suivants : 100% des communes devront participer à leur programme local d'édification d'une Nouvelle campagne, 20% des communes devront satisfaire à ces critères, une croissance du revenu per capita de 1,2 fois au moins par rapport à celui d'aujourd'hui corrélativement à une réduction du taux de pauvreté en deçà de 8%. Pour la seconde, donc pour 2020, ils sont, pour ces trois derniers points, de respectivement 50%, de 2,5 fois au minimum, et de moins de 3%.
Atteindre ces objectifs fondamentaux dépend directement de la situation des infrastructures des provin- ces. Ainsi, les 11 provinces du delta du fleuve Rouge totalisant 1.955 communes qui possèdent les meilleures infrastructures au niveau national devraient les atteindre d'ici dix ou 15 ans... En revanche, cela sera plus difficile pour nombre de communes de plusieurs provinces montagneuses du Nord ou des Hauts plateaux du Centre qui, en raison de leur situation géographique, auront besoin de près de 20 années pour satisfaire à ces critères, car elles doivent encore se doter des infrastructures nécessaires telles que réseaux de communications, d'électricité, d'eau potable, et d'un réseau sanitaire et d'écoles digne de ce nom.
Vous n'évoquez pas le point des ressources humaines, qu'en est-il selon vous ?
On recense actuellement plus de 15,57 millions de foyers ruraux, ce qui représente 64,9% de tous ceux du Vietnam. La main-d'œuvre de ces zones rurales représente 69% de la population nationale en âge de travailler, soit près de 38 millions d'habitants, selon le dernier recensement. Les personnes qui travaillent directement dans les secteurs agricole, sylvicole et aquacole représentent 51,9% des ressources humaines du pays. Selon les objectifs arrêtés, ce pourcentage sera ramené à 30% en 2020.
En vue de satisfaire à cette ambition, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a adopté en novembre 2009 un programme de formation professionnelle pour les populations concernées, lequel prévoit la formation chaque année d'entre 700.000 et 800.000 personnes. Pourtant, même ces ouvriers-paysans éprouvent des difficultés à trouver un emploi, parce que le taux des entreprises menant des activités dans la production agricole en milieu rural est modeste (3,7%) et offrent ainsi peu de perspectives aux travailleurs.
Quelles sont les orientations ?
Le Premier ministre a adopté six mesures principales pour concrétiser les objectifs fixés. À mon avis, il faut souligner les traits caractéristiques de la région rurale pour mener à bien le Programme d'édification de la Nouvelle campagne. En premier lieu, il faut bien sensibiliser la population rurale sur la position qu'elle occupe sur l'échiquier économique et politique. En réalité, les agriculteurs ont souvent une faible conscience du rôle qu'ils jouent. En deuxième lieu, il faut bien choisir les objectifs et les aménagements qui doivent se conformer aux caractères de chaque localité, ce afin d'éviter les bouleversements pour la vie quotidienne des populations vivant en région rurale. Troisièmement, il est impératif d'élaborer une stratégie d'assistance à long terme pour les agriculteurs dans l'application des technologies avancées. Enfin, il faut mobiliser les ressources pour développer les infrastructures et les ouvrages d'utilité publique dans la région rurale. Parmi les 19 critères définis pour une Nouvelle campagne, l'aménagement joue un rôle prépondérant. L'aménagement des régions rurales doit dépendre des conditions de chaque localité. Certaines communes ont des atouts dans le développement du tourisme écologique ou bien historique, culturel, d'autres offrent des opportunités dans la production d’articles artisanaux. Les villages de métiers traditionnels notamment, ont besoin qu'un secteur réservé à la production soit créé. Une restructuration des réseaux de communications au niveau communal est nécessaire pour favoriser les transports.
Une fois réalisé avec succès, le programme pourra créer une percée importante facilitant le développement constant de la nouvelle campagne où les agriculteurs deviendront la clé de cette réussite.
Thê Linh/CVN