Construction navale : restructurer le groupe Vinashin pour retrouver la croissance

Le cabinet du gouvernement a présenté le 4 août à Hanoi un rapport général sur la situation du Groupe d'industrie navale du Vietnam (Vinashin) ainsi que les stratégies et mesures qui seront mises en œuvre pour restructurer ce grand groupe national.

Cet important document a été rendu public le 4 août à Hanoi lors de la conférence de presse ordinaire du gouvernement pour le mois de juillet, laquelle a été conjointement présidée par le vice-Premier ministre permanent Nguyên Sinh Hùng, le ministre et chef du cabinet du gouvernement Nguyên Xuân Phuc, ainsi que le chef adjoint de la Commission de propagande et d'éducation du PC vietnamien, Nguyên Bac Son.

Faire du groupe Vinashin un pilier maître du développement de l'industrie navale du Vietnam, en mesure de satisfaire aux besoins de l'économie, de la défense et de la sécurité nationales, est une stratégie judicieuse et conforme aux résolutions du PC vietnamien.

Le Premier ministre a approuvé chaque étape du développement de la Compagnie générale d'industrie navale du Vietnam, à commencer par la création de cette dernière en 1996. En 2003, elle a été restructurée sous forme de société mère-enfants avant de devenir finalement en 2006 le Groupe d'industrie navale du Vietnam.

Vinashin a enregistré des résultats considérables depuis le début de son histoire, d'abord en acquérant les considérables infrastructures matérielles et techniques qu'une telle industrie nécessite, avec 28 chantiers navals modernes qui sont capables de construire des navires mondialement reconnus. Autre aspect du succès de ce groupe national, sa contribution au Trésor public qui s'est élevée l'année dernière à 3.300 milliards de dôngs. Son capital social, initialement de 100 milliards de dôngs, est aujourd'hui de 8.000 milliards de dôngs, et son actif, de 104.000 milliards. Jusqu'en mars 2009, le groupe a reçu de nombreuses commandes totalisant 12 milliards de dollars. Il a achevé et livré 279 navires représentant un chiffre d'affaires de 1,8 milliard de dollars.

Des faiblesses ont cependant été constatées à partir de 2008, c'est-à-dire au début de la crise économique mondiale, le groupe subissant en effet cette dernière de plein fouet, que ce soit en termes de marché comme de capitaux. Pour nombre de ses commandes, Vinashin n'a pu obtenir de crédits bancaires afin de pouvoir les honorer dans les délais impartis, entraînant des annulations de commandes pour un total de plus de 8 milliards de dollars. Et en 2010, la valeur des contrats qui risquent d'être annulés s'élève à 700 millions de dollars.

Pour remédier à ces problèmes, Vinashin a dû recourir à de nouveaux crédits, y compris de court terme, afin de régler des dettes venues à échéances. Depuis 2009, Vinashin enregistre des pertes. En juin dernier, l'actif du groupe est de 104.000 milliards de dôngs pour un passif de 86.000 milliards de dôngs. En situation de déséquilibre financier et proche du redressement judiciaire, ce sont près de 17.000 de ses employés qui ont abandonné leur travail, avec pour conséquence une production stagne d'autant plus.

Cette situation résulte, après audits internes et externes, de trop faibles capacités en administration d'entreprise, de prévision des évolutions du marché, ainsi que de cadres dont la compétence ne répond plus aux exigences actuelles de cette industrie. En outre, le groupe a effectué plusieurs investissements n'ayant pas de rapport avec son secteur, et des capitaux n'ont pas été employés de manière efficiente.

La permanence du gouvernement s'est réunie à plusieurs reprises en 2008 et 2009 afin de traiter ces problèmes et sauver Vinashin. Les mesures ont consisté, entre autres, à diminuer le nombre de projets, à réviser le plan de production, à améliorer les capacités en administration d'entreprise et plus particulièrement en finance d'entreprise, à transférer des capitaux intragroupe, ainsi qu'à recentrer ses activités en procédant notamment à une dissolution de toutes ses membres et filiales dont l'activité est trop éloignée de l'activité principale du groupe.

Ces mesures ont d'ores et déjà abouti à des résultats encourageants. Les projets concernant le Groupe du pétrole et du gaz du Vietnam sont repris. En octobre prochain, un pétrolier de 104.000 tonnes sera mis à flot. Enfin, récemment, Vinashin a vendu 4 navires pour un montant total de 110 millions de dollars.

Afin d'assainir davantage la situation de ce groupe afin qu'il puisse reprendre sa croissance, le gouvernement envisage une restructuration en profondeur, tenant essentiellement à un recentrage de l'ensemble de ses membres et filiales sur l'industrie navale, de revoir complètement sa stratégie de développement conformément au Programme relatif à l'industrie navale pour la période 2011-2015 et ses orientations pour 2020. Enfin, compte tenu des causes de la situation actuelle, une formation de ressources humaines sera également privilégiée par le gouvernement. Pour assurer cette restructuration, l'État accordera à Vinashin des capitaux prélevés sur le Fonds d'assistance à l'aménagement des entreprises, d'abord pour financer l'achèvement des projets en cours de déploiement, ensuite pour retrouver une exploitation bénéficiaire d'ici 2013-2014 en vue de connaître à nouveau la croissance dès 2015. Un comité de pilotage de Vinashin sera créé avec sa tête un vice-Premier ministre.

Détention de l'ex-président du conseil d'administration de Vinashin
Sur approbation du Parquet populaire suprême, le Service de sécurité et d'enquête du ministère de la Police a traduit en justice et placé en détention provisoire Pham Thanh Binh, l'ex-Pdg du groupe Vinashin. Né en 1953 dans la province de Cà Mau (Sud) et domicilié à Hanoi, celui-ci est poursuivi du chef de l'article 165 du Code pénal de la République socialiste du Vietnam pour "violation intentionnelle de la réglementation de l'Etat sur la gestion économique ayant entraîné de graves conséquences". L'enquête judiciaire désormais se poursuit afin d'éclaircir cette affaire qui s'avère d'ores et déjà complexe compte tenu des fonctions de Pham Thanh Binh.

Hoa-Giang/CVN

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