* Comment estimez-vous l'importance de cette politique ?
Il s'agit d'une urgente nécessité dans l'actuelle conjoncture. Parce que l'ensemble du pays recense près de 400 universités et écoles supérieures, sans compter 340 instituts universitaires et écoles de formation professionnelle réunissant près de 3 millions d'étudiants, élèves et stagiaires. Le nombre actuel d'internats ne satisfait que 22% de leur besoin. Tandis que les zones industrielles (ZI) se heurtent à une grande pénurie en habitations pour les ouvriers, dont les effectifs connaissent une croissance rapide. En fin d'année dernière, ont été recensées dans le pays 194 ZI, dont 20% disposaient de logements ouvriers stables et le reste n'offrant que des conditions de vie précaires dans des maisons en location. Ainsi, le gouvernement a décidé de réserver un investissement important, prélevé sur le budget d'État, pour construire ce type de logement pour les étudiants et élèves. Les entreprises sont appelées à injecter des capitaux dans la construction de logements ouvriers, suivant l'orientation : "État et entreprises conjuguent leurs efforts".
* À votre avis, pourquoi l'État ne finance que la construction de logements pour étudiants et appelle les fonds des entreprises pour ceux en faveur des ouvriers ? Quels sont les bénéficiaires de cette politique ?
Je pense qu'il faut aider les étudiants comme les pauvres, car ils ne sont pas salariés. De plus, les capitaux étatiques ne suffisent qu'aux personnes sans revenu. En ce qui concerne les salariés, dont les revenus sont encore bas, l'État préconisera un statut prioritaire en leur faveur. Finalement, l'État versera des fonds afin de construire des logements pour les différents cas de personnes précités. Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a appelé à la participation des entreprises, surtout celles d'État, et aussi certaines localités sont disposées à prendre part activement à ce programme. À mon avis, il ne s'agit que de la première étape du déploiement de cette politique, c'est pourquoi, seules les entreprises disposant de fonds fonciers propres peuvent y participer. Ultérieurement, l'État réservera un fonds foncier à la construction de logements suivant un plan de réaménagement concret. Le gouvernement a demandé au ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement et aux autres localités de dresser leurs plans d'aménagement et de réserver les superficies à cette construction.
* À présent, les logements sociaux ne s'adressent qu'aux ouvriers des ZI, et non pas aux travailleurs des villages de métiers. Qu'en pensez-vous ?
Oui, outre les ouvriers des ZI, il existe encore un grand nombre de travailleurs dans les villages professionnels. À présent, cette politique est appliquée à titre d'essai en faveur des ouvriers célibataires des ZI. Une fois réussie, elle sera appliquée largement en faveur des différentes ressources humaines. Notre pays recense maintenant 200 ZI. C'est pourquoi jusqu'en 2015, nous devons déployer un énorme effort pour que 50% des ouvriers disposent d'habitations stables. En vertu des résolutions du gouvernement, la construction de logements sociaux doit être adaptée aux plans d'aménagement du réseau universitaire, secondaire et des ZI. Puisque les personnes à faible revenu ont du mal à se loger en centre-ville comme dans l'arrondissement de Hoàn Kiêm et celui de Ba Dinh, nous ferons tout notre possible pour qu'ils ne soient pas obligés de vivre dans les régions lointaines, reculées. Le gouvernement et le ministère de Construction tiennent compte de ce problème. Ils envisagent que chaque projet d'au moins 5 ha réserve 10% de sa superficie à la construction de logements sociaux avec les infrastructures nécessaires.
* Que pensez-vous de la qualité des logements sociaux ?
Il est certain que nous nous devons intensifier le contrôle et la surveillance de la qualité de ces logements. Car, avec 200 millions de dôngs, nous pouvons construire un appartement de qualité moyenne garantissant des conditions de vie suffisantes aux ouvriers. Nous ne pouvons pas demander la qualité des appartements en immeuble haut de gamme coûtant plusieurs milliards de dông. De nos jours, à Hanoi, sont recensés encore plus de 70 ha de terrains disponibles. Il est possible, qu'en fin de cette année ou au début de l'année prochaine, des habitats soient construits pour loger 200.000 étudiants. Dans l'immédiat, nous devons construire avec rapidité et en grande quantité ce type de logement, afin de satisfaire la demande des personnes à faible revenu, notamment étudiants et ouvriers des ZI. Ce qui permettra également d'éviter les impacts négatifs dus à l'achat et à la revente de ces logements. De plus, le gouvernement préconise d'interdire la revente de logements sociaux. Cependant, dans une même famille, les parents, frères et soeurs pourront transférer le bien en respectant la loi sur l'héritage.
* Comment rendre ces logements accessibles aux personnes à faible revenu, à votre avis ?
D'après le règlement du gouvernement, ceux qui ne sont pas en mesure d'acheter, peuvent vivre en appartements à louer. Il nous faut changer d'opinion. Dans le pays, la quasi-totalité des Vietnamiens souhaite être propriétaire, tandis qu'à l'échelle mondiale, la location des habitations est monnaie courante, même pour les personnes à haut revenu. L'État accordera des conditions favorables à ceux qui souhaitent acheter ou qui en sont capables. Ils pourront acheter à crédit ou grâce aux emprunts à taux préférentiel.
* Pham Sy Khiêm, vice-président de l'Association générale des bâtisseurs vietnamiens
À mon avis, les ouvriers dont le revenu mensuel est inférieur à 1,5 million de dôngs sont incapables d'acheter des habitations à bas prix. Hanoi devra construire environ près de 1.000 appartements à louer. Je pense qu'il est nécessaire de faire un recensement sur les conditions d'habitations, et de réserver 4 m² en moyenne par habitant aux foyers cherchant à acheter/louer des logements sociaux. Il est important que le gouvernement régularise ce marché immobilier, pour lutter contre le monopole. Pour que cette politique réussisse, l'État doit accorder des assistances aux entreprises qui participent à la construction des logements sociaux, dont le profit modeste ne peut pas les séduire.
Lê Hà/CVN
(15/04/2009)